Quatuor Akilone – Léa Hennino – Théo Fouchenneret – 16 janvier 2025

Avant-propos

Un programme pour célébrer l’amitié !

Tout d’abord l’amitié d’Antonín Dvořák pour Josefina, son premier amour, muse de son cycle Les Cyprès, qu’il a composé pour elle et retranscrit ensuite pour quatuor à cordes. Cet amour sublimé lui a permis de tisser des liens étroits avec son beau-frère qui lui a ouvert les portes de son domaine Vysoká, entouré de forêt, qui sera d’une importance cruciale dans la création et l’inspiration de la plupart de ses chefs-d’œuvre dont Rusalka. Dans ce lieu emblématique, se côtoyaient des compositeurs comme Leoš Janáček, mais aussi des poètes, sculpteurs, comédiens et musiciens dont le fameux violoniste et quartettiste Josef Suk, aussi compositeur et gendre de Dvořák. On imagine les soirées chaleureuses en musique, les échanges inspirants, dans le salon de cette villa aux hôtes généreux.

À l’image de ces moments d’exception, nous avons la joie de partager avec vous cette musique injustement délaissée où le spirituel navigue sans frontière avec les danses et les chants de la terre, dans ce fabuleux écrin que nous offre l’hôtel de la Fondation Singer-Polignac, en compagnie de nos amis Léa Hennino et Théo Fouchenneret.

Quatuor Akilone

Programme

Antonín Dvořák (1841-1904)

Quintette à deux altos n°3 en mi bémol majeur opus 97 B. 180

  • Allegro non tanto
  • Allegro vivo
  • Larghetto
  • Finale. Allegro giusto

Les Cyprès pour quatuor à cordes B. 152

  • IX. O duse draha jedinka
  • VIII. Zde v lese u potoka
  • X. Tam stoji stara skala

Quintette avec piano n°2 en la majeur opus 81 , B. 155

  • Allegro ma non tanto
  • Dumka. Andante con moto
  • Scherzo (Furiant). Molto vivace
  • Finale. Allegro

Quatuor Akilone

Magdalena Geka, Elise De-Bendelac violon

Perrine Guillemot alto

Lucie Mercat violoncelle

Théo Fouchenneret piano

Léa Hennino alto

Biographies

photo : Iseult Photography
© Iseult Photography

Léa Hennino alto

Musicienne polyvalente, Léa se produit en soliste et en musique de chambre dans le monde entier au côté d’artistes de renom tels que le Quatuor Modigliani, Christophe Coin, Jean-Guihen Queyras, Eric Le Sage, Emmanuel Pahud, Paul Meyer, Nicolas Dautricourt, Adam Laloum, François Salque, David Kadouch, Pierre Fouchenneret, Marie et Guillaume Chilemme, Victor Julien-Laferrière, David Grimal, Edgar Moreau, Alina Pogotskina, Alena Baeva, Boris Brovtsyn, Daishin Kashimoto, Guy Braunstein, Nicholas Angelich, Gautier Capuçon, Sarah Nemtanu, Yan Levionnois, Nelson Goerner, Marc Coppey, Anne Queffelec, Itamar Golan, Denis Pascal, Augustin Dumay… Elle prend également part à une tournée européenne des quintettes à cordes de Mozart sur l’invitation de Renaud Capuçon aux côtés de Gérard Caussé et Clemens Hagen.

En soliste, elle se produit lors de récitals et interprète le Concerto-Rhapsody de Martinü en République Tchèque et la symphonie concertante de Mozart avec l’Orchestre de chambre de Toulouse. Elle est aussi l’alto solo du Don Quichotte de Strauss avec l’Orchestre de Picardie et est régulièrement invitée comme alto solo dans les orchestres, notamment au sein de l’ensemble Les Dissonances sous la direction de David Grimal.

Léa collabore également avec la violoncelliste Héloïse Luzzati au sein de son projet La Boîte à pépites et de son festival Un temps pour elles dont l’ambition est de promouvoir et diffuser le répertoire des compositrices pour une plus grande égalité dans les programmations musicales et artistiques.

Artiste associée de l’Ensemble I Giardini, ils enregistrent ensemble le disque Nuits aux côtés de Véronique Gens (diapason d’or, choc Classica, clé de Resmusica, choix de France Musique) et un album consacré à la musique de Caroline Shaw (2022). Léa participe aussi au disque de Camille Pépin Chamber Music (Choc Classica 2019, Choix de France Musique, FFF Télérama) et à divers enregistrements.

En 2022, elle réalise avec le violoncelliste Yan Levionnois un projet autour du poème symphonique Don Quixote de Richard Strauss, arrangé pour douze musiciens par Arthur Lavandier, sous forme de conte musical et illustré par des dessins de Cécile Pruvot. Le spectacle a été joué au Festival de Saint-Céré, au Théâtre des Champs-Élysées, au Festival de Saint-Denis et sera redonné en avril 2025 au Festival de Pâques d’Aix-en-Provence (La Friche Belle de Mai à Marseille).

Depuis 2023, Léa fait aussi partie du Quatuor à cordes Fidelio avec les violonistes Camille Fonteneau, Marie-Astrid Hulot et la violoncelliste Maria Andréa Mendoza. Leur collaboration célébre les œuvres du répertoire mais aussi de compositeurs et compositrices encore à découvrir. Désireux d’enrichir leur jeu, l’ensemble forme aussi régulièrement des quintettes avec piano ou avec chant.

Lauréate du CNSM de Paris, Léa s’est ensuite perfectionnée auprès de Nobuko Imai et Lawrence Power en Suisse. Elle remporte des prix lors de Concours nationaux et internationaux, devient lauréate de plusieurs fondations et est sélectionnée pour participer à de prestigieuses Festival Academies comme Krzyzowa Music for Europe (Pologne), Kronberg « Cello Plus » (Allemagne), Ravinia Steans Music Institut (USA), Verbier Festival Academy (Suisse), IMS Prussia Cove (Angleterre), Aurora Chamber Music (Suède), Encuentro de Santander (Espagne).

Léa joue un alto de Patrick Robin de 2013, généreusement prêté par Renaud Capuçon et un archet de Thierry Doison fait à Lille.

Léa Hennino est en résidence à la Fondation Singer-Polignac depuis 2022.


© Lyodoh Kaneko
© Lyodoh Kaneko

Théo Fouchenneret piano

Théo Fouchenneret remporte le premier prix du Concours international de Genève en novembre 2018 avant d’être nommé « révélation soliste instrumental » aux Victoires de la Musique classique. La même année il remporte le 1er prix ainsi que cinq prix spéciaux au Concours international de musique de chambre de Lyon avec le Trio Messiaen.

Applaudi par de grandes salles et festivals internationaux, il se produit également avec des musiciens internationalement reconnus : Victor Julien-Laferrière, Renaud Capuçon, François Salque, Lise Berthaud, Svetlin Roussev… 

En mars 2020 est paru son premier disque solo chez la Dolce Volta, enregistrement consacré aux grandes sonates Waldstein et Hammerklavier de Beethoven. Théo est également un chambriste recherché, comme en témoigne sa grande discographie aux côtés de musiciens comme Eric Le Sage, Tatsuki Narita, le Trio Messiaen et Raphaël Sévère, le Trio Xenakis et Philippe Hattat.

Théo est à l’initiative du projet d’enregistrement de l’intégrale de la musique de chambre de Robert Schumann, qui a débuté en 2023, aux côtés de son frère Pierre Fouchenneret. 

Son nouveau disque consacré aux Nocturnes de Gabriel Fauré est paru le 6 septembre 2024 chez le label La Dolce Volta. Il est déjà salué par la critique (Revue Pianiste, 5 étoiles Diapason), et est couronné d’un Choc Classica.

Théo Fouchenneret est en résidence à la Fondation Singer-Polignac depuis 2020.


© Capucine de Chocqueuse

Quatuor Akilone

Le Quatuor Akilone est le fruit d’une aventure musicale et humaine née en 2011, à Paris. Principalement guidées par Hatto Beyerle, Vladimir Mendelssohn et aujourd’hui Patrick Jüdt, les quatre musiciennes sont lauréates du Premier Grand Prix et du prix ProQuartet du 8e Concours International de Quatuor à cordes de Bordeaux en 2016. De renommée internationale, le Quatuor Akilone s’est produit dans les plus grandes salles, en France et à l’étranger : Munetsugu Hall à Nagoya, Wigmore Hall à Londres, Philharmonie de Paris, Muziekgebouw d’Amsterdam, Liszt Academy à Budapest…

Ancré dans son temps, le Quatuor Akilone se tourne aussi vers la création. Il est dédicataire de l’œuvre de la compositrice Xu Yi Aquilone Lontano, inspirée du nom du Quatuor — « le cerf-volant » en italien — créée à la Philharmonie de Paris en 2018. En 2023 il crée en Lettonie le 4e quatuor d’Andris Dzenītis et dans sa quête d’expérimentation, il entreprend une créolisation nommée Parastiches avec Jérôme Désigaud autour de la microtonalité et des polytempi, accompagné par le GMEA d’Albi et la Maison de la Musique contemporaine. Toujours dans une démarche de recherche, le Quatuor part en République Tchèque sur les traces de Dvořák en 2023, pour accompagner son CD « Deep in the Forest » autour de l’œuvre du compositeur par un podcast réalisé par Tristan Labouret et Samuel Débias.

Musicalement engagé, le Quatuor Akilone a toujours eu le besoin de partager la musique auprès de tous les publics et notamment ceux éloignés des salles de concert (détenu-es, réfugié-es, enfants, personnes en situation de handicap ou de précarité, …). Cette démarche fondamentale se nourrit de collaborations fidèles avec Les Concerts de Poche et Musethica. Également sensible aux questions environnementales qui touchent notre époque, le Quatuor est membre du réseau ARVIVA et ambassadeur de la gamme Planet des Chevalets Despiau.

Dans le prolongement de ses engagements, le Quatuor Akilone construit également depuis quelques années un ancrage local en Occitanie notamment via le festival Gresinhòl, basé en forêt de Grésigne dans le Tarn.

Magdalena Geka, Premier violon, joue un Alessandro Gagliano 1734 généreusement mis à sa disposition par l’Anima Music Foundation.

Le Quatuor Akilone est en résidence à la Fondation Singer-Polignac depuis 2022.

Bohemia – Trio Hélios – 16 février 2023

Vítězslav Novák (1870-1949)

Trio avec piano n° 2 en ré mineur opus 27, Quasi una ballata (1902) 

Andante tragico

Allegro 

Allegro burlesco quasi scherzo

Andante tragico -Allegro

Antonín Dvořák (1841-1904)

Bagatelles pour deux violons, violoncelle et piano opus 47 

Allegretto scherzando

Tempo di minuetto. Grazioso

Allegretto scherzando

Canon. Andante con moto

Poco Allegro

Bedřich Smetana (1824-1884)

Trio avec piano en sol mineur opus 15 (1855) 

Moderato assai – Più animato

Allegro, ma non agitato

Finale. Presto


Trio Hélios

Alexis Gournel piano

Eva Zavaro violon

Raphaël Jouan violoncelle

Camille Fonteneau violon

Biographie

Le Trio Hélios voit le jour en 2014 d’une passion commune de trois amis pour l’univers varié du répertoire pour trio avec piano. Camille Fonteneau (violon), Raphaël Jouan (violoncelle) et Alexis Gournel (piano) créent un ensemble qui s’est imposé au cours des années sur les scènes françaises et internationales.

Basé à Paris, le trio se produit dans des salles prestigieuses telles que le Wigmore Hall, la Philharmonie de Paris, la salle Cortot, le Phoenix Hall d’Osaka et est régulièrement invité dans des festivals tels que le Festival d’Auvers-sur-Oise, les Rencontres Musicales d’Evian, le Festival International de Violoncelle de Beauvais, le Festival des Arcs, le Festival Pablo Casals de Prades, les Pianissimes, le Festival de la Roque d’Anthéron ou encore la Folle Journée de Nantes, Varsovie, et Tokyo. Il a l’occasion d’interpréter le Triple Concerto de Beethoven à plusieurs reprises à Paris, Rennes, Lyon et Metz.

Le Trio Hélios s’est illustré dans de nombreux concours internationaux. Il a notamment remporté le deuxième prix du Concours International de Musique de Chambre de Trondheim (2019), le deuxième prix du Concours International de Musique de Chambre de Lyon (2018), le Kammermusikpreis du Festival ISA à Reichenau en Autriche (2019), ainsi que le Prix spécial Franz Liszt au Concours Joseph Joachim de Weimar (2019).

« D’un matin de printemps », son premier album salué par la critique regroupant des œuvres de Saint-Saëns, Ravel et Lili Boulanger est paru en avril 2021 chez le label Mirare.

Diplômé du CNSMD de Paris dans les classes de Claire Désert, Itamar Golan et François Salque, le Trio Hélios a bénéficié régulièrement de conseils de personnalités telles que le Trio Wanderer, les quatuors Ebène, Talich et Modigliani, Emmanuel Strosser ou encore Gary Hoffmann. Depuis 2018, il est également Ensemble ECMA – European Chamber Music Academy – lui permettant de se perfectionner à travers l’Europe avec des professeurs tels que Hatto Beyerle, Johannes Meissl, Patrick Jüdt ou Avedis Kouyoumdijan.

Le trio est soutenu par la Fondation Safran et la Fondation l’Or du Rhin et est représenté par l’Agence Claire Laballery. Camille joue un violon de Jacques-Pierre Thibout de 1831, et Raphaël un violoncelle de Frank Ravatin de 2020.

Le Trio Hélios est en résidence à la Fondation Singer-Polignac depuis 2021.

Trio Zadig

Présentation du concert

Nous entendrons, ce soir, deux œuvres phares du répertoire de musique de chambre et deux compositeurs qui ont en commun la spontanéité, la fraîcheur d’inspiration, un romantisme nourri par la musique populaire. En ce sens, Franz Schubert et Anton Dvorak sont presque cousins – même ce sont aussi deux œuvres très différentes que nous invite à redécouvrir le trio Zadig.

Franz Schubert se situe encore à la limite du classicisme et du romantisme. Il reprend les schémas des sonates, quatuors et symphonies de Haydn, Mozart et Beethoven, mais il y fait passer une expression nouvelle : un ton de confidence personnelle, une inspiration poétique, voire même élan tragique qui fascineront la plupart des compositeurs du XIXe siècle. Et ce caractère préromantique de Schubert apparaît spécialement dans les grands chefs d’œuvres de musique de chambre qui voient le jour durant les derniers mois de sa vie, en 1827-1828.

Schubert est alors âgé d’à peine trente ans. Il a déjà produit nombre de quatuors à cordes, dont certains très personnels comme La jeune fille et la mort en 1824. Mais ces œuvres sont restées cantonnées dans des concerts ente amis, tout comme le quintette La Truite, et Schubert doit plutôt sa relative notoriété à ses recueils de lieder. C’est alors qu’il va composer plusieurs œuvres immenses : deux trios avec piano et le quintette à deux violoncelles. Trois partitions assez proches par leurs amples dimensions, leur expressivité bouleversante mêlée à une forme de simplicité.

Le Quintette qu’on a déjà joué ici sera la dernière de ces œuvres, composée durant l’été 1828, juste avant la mort de Schubert. Les deux trios avec piano voient le jour quelques mois plus tôt, à la fin de l’année 1827 : d’abord le trio en si bémol, op.99, puis le trio en mi bémol op.100 que nous allons entendre. Il est créé en décembre 1827 au Musikverein, la salle de la « Société des amis de la musique de Vienne » (qui n’est pas encore située dans le célèbre bâtiment actuel). Selon Schubert lui-même, le concert semble avoir séduit le public, sans toutefois que les journaux mentionnent cette création. L partition sera éditée peu après.

Le trio opus.100 est une des œuvres qui vont alors établir la gloire de Schubert après sa mort, notamment en France, premier pays étranger à s’intéresser vraiment au compositeur. Il est édité à Paris quelques mois à peine après Vienne, et sera joué régulièrement en concert à partir de 1832. Les réactions sont toutefois contrastées, comme en témoigne cette critique parue en 1833 dans la revue Le Pianiste qui ne manque pas de nous surprendre : « Le Trio de Schubert est un ouvrage bien froid dans son ensemble, et long outre mesure. C’est une pâle copie de l’école allemande. Nous excepterons cependant l’adagio, où quelques passages largement écrits ont plusieurs fois excité une vive sensation. Peut-être sous les doigts de Liszt eut-il un peu plus entraîné l’auditoire ».

Il est vrai que ce second trio, tout comme le premier et le quintette, est une composition en quatre mouvements très développés. Chacun présente cependant une unité et même une simplicité formelle saisissante, fondée sur quelques motifs qu’on n’oublie jamais et sur ces beautés très schubertiennes qui sont l’ambiguïté du majeur et du mineur, le côté populaire de certains thèmes, l’aspect envoûtant et répétitif des accompagnements.

C’est le cas notamment du premier mouvement où, après une interdiction énergique et presque beethovenienne, s’élève un second thème d’une grâce irrésistible – comme le second thème du quintette à cordes – qui va se combiner au premier dans un vaste développement. Le second mouvement, Andante, est un des plus célèbres mouvements lents de Schubert avec son thème emprunté à un violoniste suédois entendu à Vienne, mais dont Schubert tire un parti extraordinairement personnel, aux allures de marche funèbre. Suivront le scherzo, mouvement purement rythmique plus resserré ; puis le vaste allegro final qui semble moins tendu que les deux premiers mouvements – mais qui fait soudain réapparaître le thème de l’andante, comme un rappel mélancolique avant la conclusion, soulignant l’unité de l’œuvre désignée par Schumann comme « un phénomène du ciel par dessus les agitations de la musique d’alors ».

J’ajoute que j’aurai ce soir, en écoutant cette musique bouleversante, une pensée pour notre ami Nicholas Angelich, ce merveilleux pianiste que nous avons pu entendre ici à plusieurs reprises, et qui vient de nous quitter à l’age de 51 ans. Nicholas était un poète de la musique, une personnalité profonde et fantasque, à la fois très grand pianiste et très grand chambriste que nous ne sommes pas près d’oublier.

*

Après ce monument, c’est dans un monde poétique un moins sombre que va nous conduire la seconde œuvre du programme : le merveilleux trio pour piano et cordes n°4, dit trio « dumky » d’Anton Dvorak, composé soixante-quatre ans après celui de Schubert et qui reste une des œuvres les plus jouées du compositeur.

Je rappelle que Dvorak est né en Bohème, 1841, dans un milieu modeste ; qu’il a travaillé d’abord comme altiste dans les petits orchestres praguois, avant de se consacrer pleinement à la composition, d’être remarqué et encouragé par Brahms ; puis enfin de devenir une des gloires musicales de la toute fin du XIXe siècle, avec la Symphonie du nouveau monde ou le Concerto pour violoncelle et orchestre.

Son œuvre, pourtant ne se résume pas là, car Dvorak a laissé un immense catalogue encore largement méconnu du grand public. Il comporte neuf symphonies, dix opéras, quatre concertos, des poèmes symphoniques, de la musique vocale sacrée et profane, de la musique pour piano. Rien que dans le domaine de la musique de chambre, on lui doit quatorze quatuors à cordes, quatre trios avec piano, deux quatuors et deux quintettes avec piano, mais aussi des trios, quintettes et sextuor à cordes.

Depuis quelques décennies, les chambristes se penchant davantage sur son oeuvre et, parmi les compositions les plus admirées, figure ce quatrième et dernier trio pour violon, violoncelle et piano, dit trio « Dumky », qui fut créé en 1891 à Prague avec le compositeur au piano, puis joué quarante fois dans toute la Bohème… juste avant le départ de Dvorak pour les États-Unis où il allait prendre la direction du conservatoire de New York.

Ce trio Dumky est une œuvre singulière dans le répertoire pour trio avec piano : genre qui suit généralement – on vient de le voir avec Schubert – l’architecture générale des formes classiques en trois ou quatre mouvements. Ici, au contraire le compositeur a opté pour une forme en six mouvements relativement brefs : chacun d’entre eux étant une sorte d’improvisation aux humeurs et aux élans contrastés, hors des schémas habituels de la forme sonate.

Le terme « dumky », plus précisément, renvoie dans la langue tchèque à un sentiment de méditation, de pensée intérieure dans l’ombre du soir. Il peut être tour à tour sombre, rêveur, fantasque, dansant, mélancolique, ce qui fait le côté très libre et très varié de cette partition.

Vous y retrouverez la poésie slave si particulière de ce musicien aimé de Brahms. Ce dernier a d’ailleurs lui-même corrigé les épreuves du trio, alors que Dvorak se trouvait déjà aux États-Unis. Une preuve supplémentaire de l’admiration que le maître allemand portait à son cadet tchèque, tout comme il avait été fasciné par sa découverte de Schubert. Car, chez l’un comme chez l’autre, il retrouvait ce naturel et cette poésie d’inspiration populaire qui sont un des traits fondamentaux du romantisme.

Benoît Duteurtre

Programme

Franz Schubert (1797-1828)

Trio pour piano et cordes nᵒ 2 en mi bémol majeur D.929 opus 100

Allegro

Andante con moto

Scherzando. Allegro moderato

Allegro moderato

Antonín Dvořák (1841-1904)

Trio pour piano et cordes n° 4 en mi mineur « Dumky » opus 90 B. 166

Lento maestoso-allegro quasi doppio movimento 

Poco adagio-Vivace non troppo

Andante-Vivace non troppo 

Andante moderato (quasi tempo di marcia) – Allegretto scherzando

Allegro 

Lento maestoso-Vivace 

Trio Zadig

Ian Barber piano

Boris Borgolotto violon

Marc Girard Garcia violoncelle

Biographie

Trio Zadig

Récompensé par onze prix internationaux, le Trio Zadig captive le public par sa virtuosité, son élégance, et son enthousiasme irrésistible.

C’est dans l’amitié que le Trio Zadig puise toute sa force et son authenticité. Boris Borgolotto et Marc Girard Garcia, véritables amis d’enfance, ont étudié ensemble au Conservatoire National Supérieur de Paris, puis à l’Université de musique de Vienne. De retour en France, leur route croise celle d’Ian Barber, pianiste américain issu de la classe d’André Watts à l’Université d’Indiana. Entre eux, le courant passe immédiatement, et ils décident d’unir leurs talents pour fonder le Trio Zadig.

Le nom du trio a été choisi d’après le personnage éponyme de Voltaire : Zadig (de l’Hébreu « le juste » et de l’Arabe « le vrai »). L’énergie et la jeunesse que met le trio à interpréter la musique de chambre ressemblent à ces aventures de Zadig, tour à tour amusantes et sérieuses, toujours captivantes.

Le succès du Trio Zadig ne se fait pas attendre. En quelques années, il remporte de nombreuses distinctions, dont le Premier Prix du Concours de la Fnapec – dans les pas d’ensembles renommés comme le Quatuor Ysaÿe, le Quatuor Ebène et le Trio Wanderer – et le Deuxième Prix du Concours Fischoff aux Etats-Unis. Aujourd’hui résident « artiste associé » de la Chapelle Reine Elisabeth, il est aussi résident de ProQuartet, de la Fondation Singer-Polignac à Paris et de « Le Dimore del Quartetto » en Italie.

Le Trio Zadig se produit aujourd’hui dans le monde entier, des Etats-Unis à Taïwan, dans des salles prestigieuses comme le Wigmore Hall, le Shanghai City Theater, l’Eslite Hall de Taipei, la Salle Cortot et la Philharmonie de Paris, le Bozar de Bruxelles, le Bridgewater Hall de Manchester… En parallèle, le Trio rencontre de grands artistes qui contribuent à l’épanouissement de son expression musicale : Ivry Gitlis et Menahem Pressler.

Suite à ses débuts remarqués, le Trio est diffusé sur Mezzo TV et Culturebox/France TV, et il devient l’invité de nombreuses émissions radiophoniques : France Musique, France Inter, Musiq’ 3 RTBF, RTS2.

Le Trio Zadig sort en mars 2019 son premier album « Something in Between » (ffff Télérama) en hommage à ses racines franco-américaines, en collaboration avec Benjamin Attahir et Bruno Fontaine. Il profitera de la fin du premier confinement dû à la pandémie de 2020 pour enregistrer son deuxième album en version digitale consacré aux Saisons de Tchaikovsky et enregistré dans le Salon de musique de la Fondation Singer-Polignac. Puis, en septembre 2021 paraît son dernier album Orpheus en hommage au compositeur Camille Saint-Saëns avec des pièces arrangées pour trio – les Concerts de pièces 1 et 5 de Rameau et Orphée de Liszt – qui encadrent l’Opus 92.

Plein de fraîcheur et d’audace, le Trio Zadig redonne de la vitalité au répertoire du trio, de Haydn aux compositeurs de notre temps. La profondeur et la sincérité de son interprétation, son jeu tantôt poétique ou éclatant, en font l’auteur de prestations remarquées. Tout comme le héro de Voltaire, la vie du Trio Zadig s’annonce longue et pleine d’aventures.

Boris Borgolotto joue un violon de 1750 du célèbre luthier italien Carlo Antonio Testore. Marc Girard Garcia joue un violoncelle de Frank Ravatin qui lui est généreusement prêté par l’association El Pasito.

Le Trio Zadig est en résidence à la Fondation Singer-Polignac depuis 2019.

Photo : Antonin Menichetti

La Fresque

Charles Gounod (1818-1893)

Petite symphonie pour instruments à vent (1885)

  • Adagio et Allegretto
  • Andante cantabile
  • Scherzo. Allegro moderato
  • Finale. Allegretto

Igor Stravinski (1882-1971)

Octuor pour instruments à vent (1922-1923)

  • Sinfonia: Lento, Allegro moderato
  • Tema con variazioni
  • Finale: tempo giusto

Antonín Dvořák (1841-1904)

Sérénade pour instruments à vent et violoncelle opus 44

  • Moderato quasi marcia
  • Tempo di minuet
  • Andante con moto
  • Finale: Allegro molto

La Fresque

Sabine Raynaud flûte

Yechang Jung, Paul-Edouard Hindley hautbois

Michel Raison, Hugo Cledat clarinette

Joël Lasry, Armand Dubois, Hippolyte de Villèle cor

Amiel Prouvost, Amrei Liebold, Marceau Lefèvre basson et contrebasson

Jules Boittin, Alexis Lahens trombone

Johann Nardeau, Florent Cardon trompette

Simon Dechambre violoncelle

L’ensemble La Fresque est une formation à géométrie variable constituée de jeunes artistes qui se réunissent autour d’une ambition, celle de promouvoir le répertoire de musique de chambre pour instruments à vents. Hautboïstes, clarinettistes, flûtistes, bassonistes, cornistes, trompettistes ou encore trombonistes, ces jeunes musiciens occupent des postes de solistes dans des orchestres de premier plan (orchestre de Paris, orchestre national d’île-de-France, orchestre philharmonique de Marseille, orchestre philharmonique de Bruxelles…). Ils se réunissent en dehors de leurs activités orchestrales pour défendre les chefs d’oeuvre écrits pour ensemble à vents (Strauss, Dvorak, Mozart, Stravinsky…) et faire redécouvrir par le biais de la transcription de très belles pages de l’histoire de la musique.


Simon Dechambre violoncelle

Né en 1991, Simon Dechambre se forme auprès d’Hélène Dautry au conservatoire à rayonnement régional de Paris avant d’intégrer en 2010 le conservatoire national supérieur dans la classe de Roland Pidoux puis de Marc Coppey. Il y perfectionnera sa connaissance de l’instrument et recevra les conseils de violoncellistes de renom tels Gary Hoffman, Jerome Pernoo et Xavier Phillips.

En 2013, il fonde le quatuor Hanson et recevra le précieux enseignement du quatuor Ebène, Hatto Beyerle ou encore Miguel Da Silva. C’est grâce à la musique de chambre et aux conseils reçus à l’ECMA ou encore à l’Université de Vienne qu’il approfondira sa connaissance du style musical. Le quatuor, lauréat de la Fondation Banque Populaire, obtient des prix aux concours de Lyon en 2013, de Genève en 2016 et au concours Haydn de Vienne en 2017. En 2019, l’ensemble sort son premier disque, salué par la critique (Diapason d’Or, Choc Classica), autour d’un projet inédit sur les quatuors de Joseph Haydn.

En dehors de son engagement de chambriste, Simon met un point d’honneur à explorer d’autres genres musicaux. Pour cela, il joue régulièrement avec le jazzman Sylvain Rifflet (Refocus) ou encore explore ponctuellement l’univers de la musique baroque avec le Concert de la Loge et le Consort en 2017. Il joue aussi régulièrement avec l’ensemble Appassionato et approfondit son expérience du répertoire orchestral.

Simon Dechambre est en résidence à la Fondation Singer-Polignac avec le quatuor Hanson depuis 2015.

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