Journées européennes du patrimoine 2025

La Fondation Singer-Polignac ouvre exceptionnellement les portes de son hôtel particulier au public le samedi 20 septembre 2025 dans le cadre des Journées européennes du patrimoine. Cet hôtel était l’ancienne demeure de Winnaretta Singer, princesse de Polignac (1865-1943), grande mécène des arts et des sciences. La fondation qu’elle a elle-même créée y siège depuis sa mort.

Vous pourrez y découvrir son salon de musique et ses salons d’apparat au 1er étage ainsi que l’ancien atelier de la princesse où elle peignait et jouait de l’orgue le jour et y organisait ses salons musicaux le soir. Gabriel Fauré, Vincent d’Indy, Nadia Boulanger, Igor Stravinsky, mais aussi Marcel Proust, Jean Cocteau et Colette ont régulièrement arpenté les couloirs de cet hôtel. Le circuit de la visite commentée vous permettra également de découvrir quelques rares archives de la princesse encore conservées.

Aujourd’hui, l’hôtel de la fondation accueille quotidiennement des artistes issus des plus grands conservatoires et leur permet de répéter dans différentes salles aménagées en conséquence depuis la création d’une résidence musicale en 2006. Vous croiserez peut-être au détour d’un couloir certains de ces musiciens.
Une fois par mois, la fondation produit des concerts réservés aux professionnels et mécènes du monde musical et culturel afin de permettre aux artistes de sa résidence de se faire connaître. Tout au long de l’année, des journées culturelles et scientifiques y sont également organisées en collaboration avec de grandes universités ou centres de recherche. Elles sont toutes retransmises en ligne et accessibles sur invitation.

Conditions d’accueil

  • Entrée libre sur inscription (à partir du 01/09)
  • 7 créneaux de visite seront ouverts. 25 personnes maximum par créneau. Une liste d’attente sera créée lorsqu’un créneau sera rempli.
  • Attention, certaines salles ne sont pas accessibles aux personnes à mobilité réduite

Informations pratiques

  • 43 avenue Georges Mandel 75116 Paris
  • Métro 6 Trocadéro, Métro 9 Trocadéro ou Rue de la Pompe
  • Bus 63 Sablons – Cortambert

Taine essayiste

Colloque organisé par l’équipe Taine du Centre de recherche sur les poétiques du XIXe siècle

de la Sorbonne Nouvelle, dirigée par Paolo Tortonese

Avant-propos

Empêché de faire une carrière dans l’Université, Hippolyte Taine a frayé son chemin à travers la presse parisienne. De 1855 à 1890, il a publié une centaine d’articles dans la Revue de l’Instruction publique, le Journal des débats, la Revue des deux mondes et d’autres périodiques. Ces essais lui ont donné la célébrité, ainsi qu’une autorité intellectuelle qui a duré jusqu’aux premières années du xxe siècle. Au cœur de tous les conflits idéologiques de son époque, la pensée de Taine se livre dans ses essais à travers l’analyse de l’œuvre de romanciers, de philosophes, d’historiens, de fondateurs de religions. À partir de 1870, elle aborde également des sujets politiques.

Réunis par leur auteur en deux volumes, puis par ses héritiers dans un troisième, les Essais de critique et d’histoire ont fait l’objet en 2020 de leur première édition critique aux Classiques Garnier. Ils seront étudiés et discutés dans ce colloque par des philosophes, des historiens et des littéraires, qui s’interrogeront sur l’œuvre multiple d’un grand protagoniste de la vie intellectuelle du xixe siècle.

Programme

Lundi 24 juin 2024

13h30 – Accueil et inscription des participants

14h – Ouverture du colloque par Paolo Tortonese

Présidence : Paolo Tortonese

15h15 – Pause café

  • 15h30 – Dominique Ottavi : Taine et l’évolution
  • 16h – Rémy Campos Dans les coulisses de la critique : Taine réducteur de Saint-Simon en 1856 

16h30 – Discussions

17h15 – Clôture de la première journée

Mardi 25 juin 2024

10h – Accueil café et inscription des participants

Présidence : Nathalie Richard

  • 10h30 – Stéphane Zékian : Le XVIIe siècle à l’essai. Taine devant l’actualité éditoriale des classiques français
  • 11h – Marie Guthmüller : Taine pour et contre le génie littéraire : des « Essais » à « De l’Intelligence » 
  • 11h30 – Annamaria Contini : Valeur philosophique de la littérature. Taine lecteur de Balzac et Stendhal 

12h – Discussions

13h-14h – Pause méridienne

Présidence : Paule Petitier

  • 14h – Vincent Guillin : La métaphysique comme ‘‘bataille rangée’’ : Taine et « La philosophie de Hamilton » de J. S. Mill
  • 14h30 – Yannis Constantinidès : La théorie du milieu de Taine, produit d’un moment particulier de l’Histoire ?

15h – Pause café

16h15 – Discussions et conclusion

17h30 – Fin du colloque

Biographies

Pierre-François Moreau

Pierre-François Moreau, professeur d’histoire de la philosophie à l’ENS de Lyon. Directeur de la revue La Lettre clandestine. Responsable de l’édition des Œuvres complètes de Spinoza (PUF). Ancien directeur de l’Institut d’histoire de la pensée classique (UMR CNRS 5037 ) et du Labex COMOD (Constitution de la modernité). Publications : Spinoza. L’expérience et l’éternité (PUF, 1994); Lucrèce. L’âme (PUF, 2002).


Annamaria Contini

Annamaria Contini est professeure des universités (esthétique) à l’Université de Modène-Reggio Emilia et chercheuse associé au Laboratoire Logiques contemporaines de la philosophie à l’Université Paris 8. Spécialiste de la philosophie française du xixe siècle, elle a publié à ce sujet de nombreuses études. Parmi ses travaux : Esthétique et science du vivant, L’Harmattan, 2015; Jean-Marie Guyau notre contemporain (dir., en coll. avec Jordi Riba), ENS Editions, 2023.


Nicolas Bourguinat

Nicolas Bourguinat, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Strasbourg, directeur de l’UMR 3400 ARCHE (Arts, Civilisation et Histoire de l’Europe), est spécialiste d’histoire culturelle et sociale de l’Europe du xixe siècle. Il a publié en 2020 avec Gilles Vogt La guerre franco-allemande de 1870. Une histoire globale (Flammarion) et il est l’auteur d’une étude consacrée à Flaubert : L’Avenir est gros ! Temps, espace et destinée dans L’Éducation sentimentale (La Baconnière, 2023). 


Pascal Engel 

Après avoir quitté les universités de Paris XII, Grenoble, Caen, Paris IV, Genève et l’EHESS, Pascal Engel est secrétaire général de l’Institut international de philosophie. Après avoir écrit des ouvrages sur la philosophie de la logique et du langage, la philosophie de l’esprit et de la connaissance, il conserve un intérêt pour l’histoire de la philosophie française. Son livre le plus récent est Manuel rationaliste de survie, Agone, Marseille, 2020.


Rémy Campos

Rémy Campos est professeur d’histoire de la musique au Conservatoire de Paris et coordinateur de la recherche à la Haute école de musique de Genève. Ses travaux, d’abord consacrés à l’histoire des conservatoires aux xixe et xxe siècles et à l’historiographie de la musique, portent actuellement sur l’histoire des pratiques musicales. Dernier ouvrage paru : Debussy à la plage, Gallimard, 2018.


Marie Guthmüller 

Marie Guthmüller est professeure de littératures romanes avec spécialisation en littératures françaises et francophones à l’université Humboldt de Berlin depuis 2019. Elle travaille principalement sur les interactions entre la littérature et les sciences de l’âme et de la psyché du xviie au xxie siècles, avec un accent sur la France et l’Italie. Ses axes de recherche sont la critique littéraire française du xixe siècle, le rêve dans la modernité italienne, les différentes formes d’écriture autobiographique, la poétique du savoir de l’hagiographie post-tridentine, la littérature francophone du Congo et la littérature coloniale belge.


Stéphane Zékian 

Stéphane Zékian est chargé de recherches HDR au CNRS (UMR 5317-IHRIM). Ses travaux portent sur la politique mémorielle des institutions littéraires, notamment des mondes académiques (xixe-xxe siècles). Il étudie l’histoire de la spécialité littéraire en analysant conjointement l’élaboration des normes disciplinaires et l’évolution du canon. Parmi ses publications : L’Invention des classiques (CNRS éd., 2012) ; une édition annotée des essais inédits d’Albert Thibaudet (Thibaudet à l’Académie, Équateurs, 2018) ; l’ouvrage collectif Les Âges classiques du xixe siècle (codir. D. Antoine-Mahut, Éditions des Archives contemporaines, 2018).


Vincent Guillin

Vincent Guillin est professeur titulaire au département de philosophie de l’université du Québec à Montréal et membre régulier du Centre Interuniversitaire de Recherche sur la Science et la Technologie (Montréal). Ses travaux portent sur l’histoire et la philosophie des sciences humaines et sociales et sur la philosophie du xixe siècle, notamment Auguste Comte et John Stuart Mill.


Dominique Ottavi

Dominique Ottavi est professeur émérite en Sciences de l’éducation à l’université de Paris Nanterre. Ses recherches portent notamment sur l’histoire de la psychologie de l’enfant et du concept de développement. Elle est membre du comité de rédaction de la revue Les Etudes sociales et a publié De Darwin à Piaget (CNRS, 2009), ainsi que, en collaboration avec Daniel Becquemont , Penser Spencer (Presses universitaires de Vincennes, 2011).


Yannis Constantinidès

Ancien élève de l’ENS, agrégé et docteur en philosophie, Yannis Constantinidès est professeur d’Humanités à l’École Boulle. Il est l’auteur de Le nouveau culte du corps : dans les pas de Nietzsche (François Bourin, 2013).

La mélodie française de Lalo à Poulenc, un siècle d’or ?

Avant-propos

Les deux cents ans de la naissance d’Édouard Lalo et les soixante ans de la mort de Francis Poulenc seront l’occasion de réunir, les 25 et 26 septembre 2023, à la Fondation Singer-Polignac, musicologues et littéraires autour de la question de la mélodie francophone, sujet jamais traité dans un grand colloque interdisciplinaire à Paris et pourtant essentiel à l’étude des interactions musico-poétiques dans leur contexte social et historique. 

La mélodie, cette forme courte qui magnifie les sonorités propres de la langue et en restitue une perception autre, celle de la musique qui s’y superpose, connaît son apogée à partir de la seconde moitié du XIXe siècle et culmine au moment où la musique se cherche une esthétique « éminemment française » pour reprendre le mot d’Alfred Bruneau. Forme majeure de la musique en société, unissant amateurs et professionnels dans les salons comme dans les réunions familiales, la mélodie s’impose comme un phénomène aux enjeux multiples, esthétiques, sociaux, poétiques et musicologiques. 

Le colloque portera d’une part sur la question du choix des poèmes et des conditions dans lesquelles ils sont considérés comme aptes à être mis en musique, et d’autre part sur les critères esthétiques appelant la mise en musique ainsi que sur le rôle majeur des interprètes dans la réception des mélodies. Certaines écoles poétiques ont-elles été privilégiées ? Comment s’effectue le choix des musiciens ? Y-t-il des poèmes « prédisposés » à la mise en musique ? Comment réagissent les poètes ? 

Comité d’organisation

  • Sylvie Douche (Sorbonne Université, IReMus)
  • Cécile Leblanc (Sorbonne-Nouvelle, CRP 19)
  • Lucia Pasini (CRP19, Université de Turin)

Comité scientifique

  • François Le Roux
  • Sylvie Douche (Sorbonne Université, IReMus)
  • Myriam Chimènes (CNRS, IReMus)
  • Andrea Malvano (Université de Turin)
  • Lucia Pasini (Sorbonne-Nouvelle)
  • Henri Scepi (Sorbonne-Nouvelle)
  • Cécile Leblanc (Sorbonne-Nouvelle)

Programme

Lundi 25 septembre

9h30 Accueil et inscription des participants

9h45 Introduction du colloque

Session 1 : À la recherche de formes

Présidence : Henri Scepi

10h Lucia Pasini (Université Sorbonne-Nouvelle), Quels poèmes pour quelle musique ? Un panorama de la mélodie française à la Belle Époque.

10h30 Hugo Rodriguez (Université libre de Bruxelles), Ce qu’un poème fait à ses mises en musique. Le cas de « L’Invitation au voyage » de Baudelaire entre mélodie, romance et chanson.

11h – 11h15 Pause

Présidence : Andrea Malvano

11h15 Philippe Blay (BnF, Paris), Création d’un parcours poétique et musical : Reynaldo Hahn et l’art du cycle.

11h45 Maria Irene Fantini (Université de Fribourg), La mise en musique du rondel entre 1890 et 1930. Formes et imaginaire médiéval. 

12h15 Irène Mejia-Buttin (CNSMDP), « Car j’ai de grands départs inassouvis en moi » : étude stylistique des derniers cycles de mélodies de Fauré.

12h45 Discussion

13h – 14h déjeuner

Session 2 : Propositions du premier XXe siècle

Présidence : Pascal Lécroart

14h Clotilde Verwaerde (Université Paris 8), « Rimes neuves et vieilles » : le Poème pastoral de Massenet.

14h30 Jean-Nicolas Illouz (Université Paris 8), Mallarmé, Ravel, « Sainte » : musicienne(s) du silence.

15h Deborah Livet (Université de Caen), Les « Chants du silence » de Paul Arma, mélodies de la liberté.

15h30 – 15h45 Pause

Présidence : Sylvie Douche

15h45 Andrea Malvano (Université de Turin), Exotisme et érotisme dans la mélodie française : le cas des Chansons Madécasses de Ravel.

16h15 Étienne Kippelen (Université d’Aix-Marseille), Les « années Six » et la mélodie française chez Milhaud.

16h45 Discussion

17h15 Fin de la première journée


Mardi 26 septembre

9h45 Accueil et inscription des participants

Session 3 : Des interprètes pour la mélodie

Présidence : Myriam Chimènes

10h Emily Kilpatrick (RMA, Londres), Maurice Bagès and the reinvention of the Mélodie.

10h30 Pascal Lécroart (Université de Franche-Comté), Claire Croiza face au défi de verbaliser l’art de l’interprète : autour d’un projet d’ouvrage inédit.

11h Christopher Moore (Université d’Ottawa), Hommage à Poulenc : Alice Esty et la mélodie française aux États-Unis.

11h30 – 11h45 Pause

Session 4 : Réception et réactions

Présidence : Lucia Pasini

11h45 Yannick Simon (Université de Toulouse-Jean Jaurès), Mélodie et concert symphonique.

12h15 Annarita Colturato (Université de Turin), Réception et diffusion de la mélodie en Italie : le cas de la bibliothèque de Ugo et Olga Levi à Venise.

12h45 Discussion

13h – 14h déjeuner

Présidence : Cécile Leblanc

14h Vincent Vivès (Université de Valenciennes), « Entoure ce citron de blanc d’œuf informe » : la relation critique. Notes autour d’Apollinaire, Éluard, Poulenc.

14h30 Jean-Pierre Bobillot (Université de Grenoble), Effets de vers, effets rythmiques.

15h Discussion

15h15-15h30 Pause

15h30 Entretien avec François Le Roux (baryton) : la mélodie française, transmission et création

16h30 Conclusions

17h Clôture du colloque

Biographies

Philippe Blay

Musicologue, conservateur en chef à la Bibliothèque nationale de France, Philippe Blay consacre ses recherches au théâtre lyrique en France sous la Troisième République et au compositeur Reynaldo Hahn, auquel il a consacré une monographie (Fayard, 2021) et dont il a édité le Journal (Gallimard, 1922).


Jean-Pierre Bobillot 

« Poète bruyant » : Prose des Rats, Atelier de l’agneau, 2019, Dernières répliques avant la sieste, Tinbad, 2021, etc. ; ex-professeur émérite à l’Université ex-Stendhal (UGA), médiopoéticien : Trois essais sur la poésie littérale, Al Dante / Leo Scheer, 2003, Quand éCRIre, c’est CRIer, At. de l’agneau, 2019, etc.


Myriam Chimènes

Musicologue, directrice de recherche émérite au CNRS (IReMus, Paris), Myriam Chimènes s’est spécialisée en histoire sociale de la musique après avoir consacré un mémoire de maîtrise à Pierre Bernac et une thèse de doctorat à Claude Debussy. Centrées sur l’histoire de la musique en France entre 1870 et 1970, ses recherches gravitent essentiellement autour de deux thèmes majeurs : le fonctionnement de la vie musicale (politiques publiques, mécénat, musique et société, musique et politique) et l’œuvre de Claude Debussy. 

Principales publications :

– (ed.) Claude Debussy, Jeux, Édition critique des œuvres complètes de Claude Debussy, Paris, Costallat-Durand, 1988 (en collaboration avec Pierre Boulez).

– (ed.) Francis Poulenc, Correspondance 1910-1963, Paris, Fayard, 1994.

– (dir.) Francis Poulenc, Music, Art and Literature, Aldershot, Ashgate, 1999 (en collaboration avec Sidney Buckland)

– (dir.) La Vie musicale sous Vichy, Bruxelles-Paris, Complexe/IHTP-CNRS, 2001.

Mécènes et musiciens : du salon au concert à Paris sous la Troisième République, Paris, Fayard, 2004.

– (ed. et dir.) Marguerite de Saint-Marceaux, Journal 1894-1927, Paris, Fayard, 2007.

– (dir.) La Grande Guerre des musiciens (1914-1918), Lyon, Symétrie, 2009 (en collaboration avec Stéphane Audoin-Rouzeau, Esteban Buch et Georgie Durosoir) .

– (ed. et dir.) Henry Barraud, Un compositeur aux commandes de la Radio : essai autobiographique, Paris, Fayard/BnF, 2010 (en collaboration avec Karine Le Bail). 

– (dir) La Musique à Paris sous l’Occupation, Paris, Fayard/Cité de la musique, 2013 (en collaboration avec Yannick Simon).

– (dir.) Regards sur Debussy, Paris, Fayard, 2013 (en collaboration avec Alexandra Laederich)


Annarita Colturato

Annarita Colturato enseigne la Bibliographie musicale à l’Université de Turin. Auteur de monographies et d’essais consacrés notamment à la musique italienne des XVIIIe et XIXe siècles, elle a collaboré à d’importants encyclopédies et dictionnaires (MGG, DEUMM, DBI) et a édité les catalogues de collections musicales d’importance internationale. Membre de comités scientifiques de centres de recherche, de revues spécialisées, de conférences et d’expositions, elle dirige la nouvelle collection éditoriale Libraria musicale de la Fondazione Ugo e Olga Levi à Venise, fondation au sein de laquelle elle coordonne, avec Maria Guercio, un projet de recherche sur les fonds d’archives et les collections musicales.


Sylvie Douche

Sylvie Douche, pianiste, agrégée, docteur et maître de conférences habilitée en musicologie à l’Université de Paris-Sorbonne, s’intéresse aux liens unissant musique et texte littéraire et publie essentiellement sur la musique française des XIXe -XXe siècles, notamment sur la mélodie française. Elle co-coordonne actuellement un projet sur la romance française (au sein de l’UMR 8223). Outre de nombreux articles, elle a publié le dossier de presse des Barbares de Saint-Saëns (Galland, 2005) et de la correspondance autour de Bruneau, Charpentier ou Massenet et Humperdinck (OMF, 2003- 2004, en collaboration avec J.-C. Branger). En co-direction sont parus des ouvrages sur Koechlin (Vrin, 2010) et « Pelléas et Mélisande » de Debussy (Symétrie, 2012, prix des Muses). Vice-présidente de l’association Maurice Emmanuel, elle a dirigé un ouvrage qui lui est consacré (Bärenreiter, 2007), édité (PUPS, 2012) son Amphitryon (musique de scène d’après Plaute) qu’elle a fait jouer dans divers théâtres et co-dirigé celui sur son rôle pédagogique (Delatour, 2019). Parmi ses publications récentes, Le Mélodrame français Belle Époque (Le Puits de Roule, 2016), Roland Barthes et la musique (PUR, 2018, avec C. Coste) et Musiques de scène sous la IIème République (Microsillon, 2018). Ses recherches concernent également le répertoire pianistique des XIXe -XXe siècles et les études interprétatives.


Maria Irene Fantini

Maria Irene Fantini a suivi une formation en chant lyrique à la Haute Ecole de Musique de Lausanne et obtient son master of Arts dans la classe de Frédéric Gindraux. Elle poursuit son parcours académique avec une thèse de doctorat au sein du département de Musicologie de l’Université de Fribourg sous la co-direction de Federico Lazzaro et Alain Corbellari. Son sujet de recherche traite de la réception de la littérature française ancienne (du Moyen Âge au XVI e siècle) dans le genre de la mélodie entre 1850 et 1950.


Jean-Nicolas Illouz

Jean-Nicolas Illouz est professeur de littérature du XIXe siècle à l’université Paris VIII. Ses travaux portent sur Nerval, qu’il édite et commente, sur la crise du lyrisme romantique dans la modernité poétique, sur la prose des poètes, sur le Symbolisme, sur Mallarmé, ainsi que sur les rapports entre la poésie et les arts. Aux Presses universitaires de Rennes, il va faire paraître un livre intitulé Mallarmé entre les arts (2023). Aux éditions Classiques Garnier, il dirige les Œuvres complètes de Nerval, ainsi que la Revue Nerval avec Henri Scepi.


Etienne Kippelen

Maître de conférences à l’Université d’Aix-Marseille, Etienne Kippelen enseigne également la culture musicale et la composition au Conservatoire d’Aix-en-Provence. Il est titulaire de trois prix (analyse, esthétique et harmonie) au CNSMD de Paris et d’un master de composition au CNSMD de Lyon. Son doctorat, soutenu sous la direction de François Decarsin, a été couronné du Prix de thèse 2013 de l’Université d’Aix-Marseille. Auteur d’ouvrages sur la mélodie, l’humour musical et les interférences entre chanson et musique contemporaine, il dirige depuis 2016 la revue Euterpe, consacrée à l’étude de la musique française de 1870 à nos jours. Ses recherches croisent des approches esthétiques et analytiques des créations savantes et de la chanson de nos cent dernières années.


Emily Kilpatrick 

Emily Kilpatrick est Associate Professor à la Royal Academy of Music (Londres). Avec Roy Howat elle a assuré chez Peters Edition Gabriel Fauré : Complete Songs, une première édition critique complète. Son livre French Art Song : History of a New Music (1870–1914) est paru en 2022.


François Le Roux

François Le Roux est aujourd’hui l’un des artistes lyriques français les plus reconnus. Après l’Opéra-Studio de Paris, il entre dans la troupe de l’Opéra de Lyon, en 1980, et se produit parallèlement sur d’autres scènes, françaises ou étrangères. Du XVIIe au XXe siècle, sa carrière l’a conduit à aborder des compositeurs et des styles radicalement différents.
Dès 1985 (à l’Opéra de Lyon), François Le Roux s’impose dans le rôle de Pelléas, qu’il chantera plus de cent fois aux quatre coins du monde, et enregistrera sous la baguette de Claudio Abbado, avant de le quitter, en 1998, pour aborder Golaud à l’Opéra-Comique, où il fête le centenaire de la création de l’ouvrage, en 2002.
Surnommé « Mister mélodie » aux USA, François Le Roux est également un éminent récitaliste, interprète du lied et de la mélodie française, qu’il sert avec assiduité (tant au concert qu’au disque) et qu’il enseigne dans le monde entier.
Professeur, depuis octobre 2015, à l’École Normale de Musique Alfred Cortot de Paris, il est le fondateur (en 1997) et Directeur Artistique de l’Académie Francis Poulenc de Tours d’interprétation de la mélodie française, et créateur du fichier disponible sur internet de plus de 30.000 titres du genre (https://www.melodiefrancaise.com/repertoire-de-partitions-du-centre/). Son premier livre (écrit avec Romain Raynaldy) Le Chant intime, De l’interprétation de la mélodie française, publié chez Fayard, a obtenu le prix René Dumesnil 2004 de l’Académie des Beaux-Arts. La version corrigée et augmentée en langue anglaise est parue sous le même titre en juin 2021 chez Oxford University Press. Son deuxième livre, L’opéra français-une question de style (avec Romain Raynaldy également), est paru en avril 2019 chez Hermann.
Il a été nommé chevalier dans l’ordre des Arts et Lettres.


Cécile Leblanc

Maîtresse de conférences HDR à la Sorbonne-Nouvelle. Spécialiste du wagnérisme littéraire et musical (Wagnérisme et création, Champion, 2005), de l’esthétique et de la réception musicales dans l’œuvre de Proust mais aussi dans les romans de l’artiste au XX e siècle. Auteur de Proust écrivain de la musique, l’allégresse du compositeur, (Brepols, 2017) et de Musiques de Proust avec Nathalie Mauriac Dyer et Françoise Leriche (Hermann, 2020).


Pascal Lécroart

Pascal Lécroart est professeur de Littérature française à l’Université de Franche-Comté et directeur du laboratoire ELLIADD. Spécialiste de Paul Claudel et de son rapport à la musique, il a étendu sa réflexion aux relations entre littérature, théâtre et musique au XX e siècle, consacrant différents articles et ouvrages à ce sujet.


Déborah Livet

Déborah Livet est docteure en histoire de la musique et musicologie de l’Université

Paris Sorbonne. Elle est chargée d’enseignement à l’université de Rouen Normandie. Ses travaux de recherche portent principalement sur la musique européenne depuis 1870, le personnage de Salomé en musique, les compositrices au XXe siècle, les musiciens résistants pendant la Seconde Guerre mondiale et le compositeur Paul Arma. En 2020, elle rejoint le projet SpectaTum du RIN CorNum, pour reconstituer dans Dezède l’activité musicale de l’Orchestre Régional de Normandie depuis sa création en 1982 à aujourd’hui, soit quarante ans d’activité. Elle est chercheuse associée au laboratoire HisTeMé (EA 7455) de l’université de Caen Normandie.


Andrea Malvano

Andrea Malvano est professeur au Département d’Études Humanistiques de l’Université de Turin, où il enseigne Histoire de la musique, Dramaturgie musicale et Didactique de l’histoire de la musique. Il est président du Cours en Cinéma, Arts scéniques, Musique et Media. Il a publié livres et articles pour revues et éditeurs internationaux sur la musique française du début du XX siècle, sur la technique de la citation musicale et sur la didactique de l’écoute («Cahiers Debussy», «Revue Musicale OICRM», «De Musica Disserenda», Routledge, Brepols, «Studi Verdiani», «Music Education Research»). Il a coordonné des projets de recherche avec le financement du Ministère de l’Instruction italien sur l’archive historique de l’Orchestre de la Radio Italienne (RAI). Récemment sa monographie sur l’écoute de Debussy a été traduite et publiée en France (Debussy, un nouvel art de l’écoute: la réception comme instrument d’analyse, Paris, Van Dieren, 2022). Il est directeur artistique de l’association musicale De Sono.


Irène Mejia

Reçue au concours de l’agrégation de musicologie, Irène est diplômée d’un master mention très bien à l’École des Hautes Études de Sciences sociales, co-porté avec École Normale Supérieure, ainsi que du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris dans les classes d’Esthétique et d’Analyse. Après une formation complète au sein de la maîtrise de Radio France et du Conservatoire à rayonnement régional de Boulogne – Billancourt en piano, Irène remporte le troisième prix du Concours Général en éducation musicale et entame une licence de musicologie à la Sorbonne Paris IV. Elle travaille aujourd’hui avec différents ensembles comme le Concert Spirituel, l’ensemble 2e2m et l’orchestre Consuelo, et collabore avec de grandes institutions comme la Philharmonie de Paris et du Luxembourg, le Théâtre Impérial de Compiègne, l’Opéra Royal de Versailles, l’Opéra de Nancy, l’Opéra-Comique, les labels Aparte, Alpha classics et B.Records…). Ses recherches actuelles portent sur les derniers cycles de mélodies de Gabriel Fauré.


Christopher Moore

Christopher Moore est professeur agrégé de musicologie et directeur de l’École de Musique de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent principalement sur la musique française du XXe siècle, un répertoire qu’il examine en rapport avec les thèmes de la critique musicale, du style musical, des études de genre et de la politique. Il a codirigé deux collectifs parus récemment : Music Criticism in France 1918-1939: Authority, Advocacy, Legacy (codirigé avec Barbara Kelly, Boydell Press, 2018) et Music Camp (codirigé avec Philip Purvis, Wesleyan University Press, 2018).


Lucia Pasini

Lucia Pasini est doctorante en Littérature Française à l’Université Sorbonne Nouvelle et en Musicologie à l’Université de Turin. Elle soutiendra le 29 juin prochain une thèse intitulée « À l’écoute de la poésie. La réception musicale des formes métriques contemporaines, 1871-1914 », préparée sous la direction de Cécile Leblanc et d’Andrea Malvano. Ses domaines de recherche incluent l’histoire de la musique et de la littérature françaises, les relations entre musique et texte et les humanités numériques.


Hugo Rodriguez

Hugo Rodriguez est actuellement collaborateur scientifique au Musée des Instruments de Musique (MIM) à Bruxelles. Il est docteur en musicologie de l’Université libre de Bruxelles, auteur d’une thèse sur la question du sens en musique envisagée au croisement de la philosophie, de l’histoire des idées et des sciences cognitives. Il mène d’autres recherches sur le comique en musique, les rapports texte-musique et sur la vie musicale belge. Il a ainsi été co-responsable de plusieurs projets scientifiques et culturels (expositions, colloque, conférences, concerts, publications) dans le cadre du centenaire de la naissance du jazzman belge Toots Thielemans.


Henri Scepi

Professeur à l’Université Sorbonne nouvelle, Henri Scepi est spécialiste de Laforgue et de la poésie de la seconde moitié du 19e siècle. Il s’intéresse également aux formes romanesques et a publié plusieurs essais sur Flaubert, Zola ou Hugo romancier. En 2018, il a édité Les Misérables dans la Bibliothèque de la Pléiade. Il a participé à l’édition des Voyages extraordinaires de Verne dans la même collection (dir. Jean-Luc Steinmetz, 4 volumes, 2012-2017). Il a récemment publié Charles Baudelaire. La Passion des images (Quarto, Gallimard, 2021).


Yannick Simon

Professeur à l’Université Toulouse-Jean Jaurès, Yannick Simon travaille sur la vie musicale en France sous la III e République et sous l’Occupation. Il est l’auteur de La Sacem et les droits des auteurs et compositeurs juifs sous l’Occupation (La Documentation française, 2000) et de Composer sous Vichy (Symétrie, 2009). Il a dirigé, avec Myriam Chimènes, la publication de La musique à Paris sous l’Occupation (Fayard, 2013). Il a aussi codirigé avec Joann Élart Nouvelles perspectives sur les spectacles en province XVIIIe -XXe siècle (Presses universitaires de Rouen et Le Havre, 2018). Il est l’un des trois fondateurs et administrateurs du site Dezède.


Clotilde Verwaerde

Clotilde Verwaerde est Maître de conférences au Département de musique de l’Université Paris 8 et membre du laboratoire Musidanse. Ses recherches se concentrent sur la théorie harmonique et la pratique de l’accompagnement (au clavier) dans les répertoires de musique de chambre vocale et instrumentale entre 1700 et 1850 ainsi que sur la romance française autour de 1800. Elle étudie particulièrement l’interprétation historiquement informée des romances et la place de ces dernières dans la littérature entre 1780 et 1830.


Vincent Vivès

Vincent Vivès enseigne à l’Université Polytechnique Hauts-de-France. Ses travaux portent sur les relations que poésie et musique entretiennent. Parmi ses travaux : Histoire et poétique de la mélodie française (2000), La Beauté et sa part maudite. Essai sur la poétique postromantique (2005), Vox Humana (2006), La règle du jeu, essai sur Paul Verlaine, précédé de Verlaine et son mètre, étude de J.-Ch. Cavallin (2007), Poèmes antiques de Leconte de Lisle (2011), La musique, anthologie littéraire et philosophique (2011). Il va faire paraître en 2023 Les Consolations des misères de ma vie dans les Oeuvres complètes de J.J. Rousseau, ainsi qu’un essai, Rimbaud, éthique du temps de l’immaturité.

Non

Thomas Eakins (1844-1916)The Concert singer (1890-92), huile sur toile, 190,95cm x 137,89cm, Philadelphia Museum of Art

Flaubert en images

Colloque du bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert

Comité d’organisation

Comité scientifique


Programme 

lundi 12 décembre 

Ouverture du colloque par Gisèle Seginger, Juliette Azoulai et Philippe Dufour

Poétique de l’image (présidence de séance : Gilles Philippe) 

  • Jacques Dürrenmatt (université de Paris IV) : « Le mot /image/ sous la plume de Flaubert »
  • Christophe Ippolito (Georgia Institute of Technology, Atlanta), « Images en série dans la fiction flaubertienne » 
  •  Éric Le Calvez (Georgia State University, Atlanta), « Génétique d’une image : le chaudron fêlé »
  • Florence Pellegrini (université Bordeaux-Montaigne), « Itinéraire d’un saint Pierre en plâtre ou l’allégorie “flanquée par la fenêtre” »

Discussion

 


mardi 13 décembre 

 

Image et subjectivité (présidence de séance : Philippe Dufour) 

  •  Jeanne Bem (Université de la Sarre), « Le trouble dans la perception : un parcours sensoriel à travers Madame Bovary et L’Éducation sentimentale »
  •  Kazuhiro Matsuzawa (Université de Nagoya),« La présence et l’image d’un mort aimé dans Madame Bovary et Un cœur simple»
  • Stéphanie Dord-Crouslé (CNRS, IRHIM), «Un cœur simple : mansarde avec vues»
  • Didier Philippot (Sorbonne Université), « Rien que du sentiment et des images. Croyance, images, imagination chez Flaubert. Autour d’Un cœur simple »
  • Jacques-David Ebguy (Université de Paris), « Par-delà l’humain : images saillantes chez Flaubert »

 Discussion

Voir et savoir (présidence de séance : Didier Philippot)

  • Sarga Moussa (CNRS, Thalim), « “Ô coloristes, où êtes-vous donc ?”. L’épisode de la léproserie de Damas dans les notes et la correspondance d’Orient de Flaubert » 
  • Takashi Kinouchi (Université des études étrangères de Nagoya), «La fantasmagorie textuelle : les keepsakes dans Madame Bovary»
  • Florence Vatan (Université du Wisconsin, Madison), « Images du ciel »
  •  Anne Herschberg Pierrot (Université Paris 8-Vincennes), « La consistance des images (Bouvard et Pécuchet, La Tentation)

 Discussion


mercredi 14 décembre

Flaubert et les arts graphiques (présidence de séance : Bernard Vouilloux)

  • Norioki Sugaya (Université Rikkyo, Tokyo), « Flaubert, Hegel et la peinture hollandaise »
  • Kayoko Kashiwagi (Kyoto City University of Arts) : « Japon : tout y est en porcelaine. Flaubert, le Japon et le japonisme »
  • Ségolène Le Men (Paris Nanterre), « Flaubert et les métamorphoses de l’image : Langlois, Rochegrosse, Burgsthal » 
  • Michael F. Zimmermann (Université catholique d’Eichstätt-Ingolstadt), « Flaubert et Odilon Redon » 
  • Bruna Donatelli (Université Roma Tre), « Une autobiographie fictionnelle : Flaubert. La dernière ligne de Philippe Jacques et Daniel Casanave » 

Discussion

Spectaculaire Flaubert (présidence de séance Jeanne Bem)

  • Jacques Neefs (Université de Paris VIII et Johns Hopkins University), « La prose pour voir » 
  • Atsushi Yamazaki (Université Chukyo, Nagoya), « Le pittoresque dans Bouvard et Pécuchet »

15h-15h15 Pause

  • 15h15-15h45Olivier Bara (Université Lumière-Lyon 2) – « Images, montage : de la (dé)liaison dans l’oeuvre dramatique de Flaubert, de la première Tentation de saint Antoine au Château des cœurs »
  • 15h45-16h15Roxane Martin (université de Lorraine) : « Flaubert à l’épreuve de l’image scénique : les décors du Château des cœurs »
  • 16h15-16h45Marc Cerisuelo (Université Gustave Eiffel) : « L’écrivain en personne ? Flaubert et Minnelli (Madame Bovary, 1949) »

16h45 Discussion

17h15 Clôture du colloque

Biographies

Juliette Azoulai

Ancienne élève de l’ENS Ulm, agrégée de lettres modernes, docteure en littérature française et membre junior de l’Institut Universitaire de France (2020-2025), Juliette Azoulai est maîtresse de conférences en littérature française à l’université Gustave Eiffel (laboratoire LISAA). Ses recherches portent sur les rapports entre littérature, sciences et philosophie au XIXe siècle. Elle a publié en 2014 aux Classiques Garnier L’Âme et le Corps chez Flaubert : une ontologie simple. Elle coordonne (avec Florence Pellegrini) un séminaire consacré à Flaubert (à l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes).


Philippe Dufour

Ancien élève de l’École Normale Supérieure, Philippe Dufour est professeur à l’université de Tours depuis l’an 2000. Il a auparavant enseigné dans des universités à l’étranger (en Afrique du Sud, au Brésil, aux États-Unis et au Maroc). Il est membre du comité de rédaction de la revue Poétique, rédacteur en chef de la revue en ligne Flaubert. Revue critique et génétique.

Il est l’auteur de différents essais : Flaubert et pignouf (1993), Flaubert ou la prose du silence (1997), Le Réalisme. De Balzac à Proust (1998), La pensée romanesque du langage (2004), Le Roman est un songe (2010), La Littérature des images (2016). Son dernier livre, Le Réalisme pense la démocratie, a obtenu le Grand Prix de la critique littéraire en 2021. 

À l’occasion du bicentenaire de Flaubert, il a édité chez Gallimard dans la collection « Bibliothèque de la Pléiade » deux pièces de théâtre : Le Candidat et Le Sexe faible, et chez Honoré Champion Madame Bovary.

Il vient d’organiser en juin dernier avec Gisèle Séginger un colloque international Flaubert dans son siècle aux Archives Nationales.


Gisèle Séginger

Ancienne élève de l’École Normale Supérieure (Fontenay-aux-Roses), Gisèle Séginger est professeur à l’université Gustave Eiffel, directrice de programmes scientifiques à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme de Paris, et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France. Elle est responsable de la série Gustave Flaubert (Lettres Modernes/Classiques Garnier) et de la revue Arts et Savoirs (OpenEdition). Elle a publié en 1995 Les Métamorphoses d’un écrivain. Flaubert et les Tentations de saint Antoine en 1995 et Une Éthique de l’art pur en 2000, ainsi qu’une édition des scénarios de La Tentation de saint Antoine (PURH, 2014). Elle a coordonné des volumes collectifs, en particulier Flaubert et la peinture, Salammbô dans les arts (2010 et 2016), Flaubert. Histoire et étude de mœurs (avec Juliette Azoulai, 2019). Entre 2001 et 2021, elle a réalisé des éditions critiques pour la collection « GF » des Éditions Flammarion (Salammbô, Madame Bovary, La Tentation de saint Antoine). Elle a coordonné le Dictionnaire Flaubert, paru en 2017 aux Éditions Honoré Champion et elle dirige chez cet éditeur la publication des Œuvres complètes (12 volumes). Elle a participé à l’édition des œuvres de Flaubert dans la Bibliothèque de la Pléiade (2013-2021). Pour le bicentenaire, elle a publié L’Orient de Flaubert en images (Citadelles et Mazenod, 2021) et, en 2022, en collaboration avec Cécile Reynaud, Berlioz, Flaubert et l’Orient (ouvrage collectif, primé par l’Académie des Beaux-Arts). Elle coordonne les blogs Flaubert. 2021-2031 et Salammbô. Nouvelles recherches. Elle est aussi l’auteur d’ouvrages et d’éditions sur Balzac, Musset, Nerval et Zola, ainsi que de travaux sur les rapports entre la littérature et les sciences.


José-Luis Diaz

José-Luis Diaz est professeur émérite de l’université Paris Cité. Il a présidé la Société des Études romantiques et dix-neuviémistes jusqu’en 2020 et coordonné à ce titre de nombreux colloques et manifestations sur le xixe siècle. Il dirige la publication du Magasin du xixe siècle. Il a édité de nombreux ouvrages collectifs et il a publié en 2017 L’écrivain imaginaire : scénographies auctoriales à l’époque romantique.


Jean-Claude Yon

Jean-Claude Yon est professeur d’histoire du xixe siècle à l’École Pratiques des Hautes Études et président de la Société des Études romantiques et dix-neuviémistes. Il est l’auteur (avec Laurent Fraison) du catalogue Offenbach (Réunion des Musées Nationaux, 1996) et avec Stéphane Guégan du catalogue Théophile Gautier, la critique en liberté (Réunion des Musées Nationaux, 1997). Il a publié Eugène Scribe, la fortune et la liberté (Nizet, 2000), Jacques Offenbach, Gallimard, 2000), Le Second Empire, politique, société, culture, Armand Colin, 2004), Histoire culturelle de la France au XIXe siècle (Armand Colin, 2010), Une histoire du théâtre à Paris de la Révolution à la Grande Guerre, Aubier, 2012), Théâtres parisiens : un patrimoine du XIXe siècle (Citadelles et Mazenod, 2013). Il a été lauréat de plusieurs prix dont le prix Ernest Thorel en 2012 de l’Académie des sciences morales et politiques.


Gilles Philippe

Gilles Philippe est professeur de linguistique française à l’université de Lausanne. Il a consacré plusieurs ouvrages à l’histoire des imaginaires langagiers et des pratiques stylistiques aux 19e et 20e siècles : Sujet, verbe, complément : le moment grammatical de la littérature française (2002), Flaubert savait-il écrire ? Une querelle grammaticale : 1919-1921 (2004), Le Français, dernière des langues. Histoire d’un procès littéraire (2010), Le Rêve du style parfait (2013), French Style. L’accent français de la prose anglaise (2016), Pourquoi le style change-t-il ? (2021). Gilles Philippe collabore par ailleurs régulièrement à la Bibliothèque de la Pléiade, pour laquelle il a édité des textes de Georges Bataille, Albert Camus, Marguerite Duras, Jean Genet et Jean-Paul Sartre.


Jacques Dürrenmatt

Jacques Dürrenmatt est professeur de poétique et stylistique à Sorbonne Université. Il a consacré la plus grande partie de ses travaux à l’organisation de la phrase et du texte dans la littérature française du XIXe siècle (ponctuation, division, typographie, relations entre écriture et dessin).


Christophe Ippolito

Professeur de littérature française au Georgia Institute of Technology (Atlanta, États-Unis), Christophe Ippolito travaille sur le récit et la description (de Flaubert à Ndiaye). Il a collaboré au Dictionnaire Gustave Flaubert paru aux Éditions Classiques Garnier en 2017. Il a publié en 2018 deux ouvrages collectifs, l’un sur la littérature et la notion de vie, aux Éditions Classiques Garnier, l’autre sur le récit de soi, aux Éditions Passage(s), ainsi qu’une monographie sur les identités culturelles post-francophones aux Éditions Passage(s) en 2019. Il travaille actuellement sur une édition critique du récit de voyage de Gustave Flaubert et Maxime Du Camp, Par les champs et par les grèves, à paraître dans les Œuvres complètes de Flaubert aux éditions Honoré Champion. 


Eric Le Calvez

Éric Le Calvez est professeur à Georgia State University (Atlanta, USA) et membre associé de l’équipe Écritures du XIXe siècle (Groupe Flaubert) à l’Institut des Textes et Manuscrits modernes (CNRS, Paris). Spécialiste du dix-neuvième siècle, il concentre surtout ses recherches sur Flaubert, dans la perspective d’une poétique génétique traitant des transformations de l’écriture dans les brouillons. Il a publié neuf ouvrages et de nombreux articles sur la question. Il a dirigé un volumineux Dictionnaire Gustave Flaubert (Classiques Garnier, 2017), ainsi qu’un recueil d’articles sur Flaubert voyageur (Classiques Garnier, 2019). Il a codirigé en 2019 (avec Stéphanie Dord-Crouslé) le numéro spécial de la Revue Flaubert sur « Bouvard et Pécuchet et l’agriculture » et vient de publier La Méthode est trouvée. Madame Bovary aux éditions Passage(s). 


Florence Pellegrini

Florence Pellegrini est maître de conférences en langue et littérature française du XIXe siècle à l’Université Bordeaux Montaigne. Ses travaux d’orientation stylistique sont essentiellement consacrés à Flaubert et aux écritures du réel de la seconde moitié du XIXe siècle ; elle s’intéresse plus particulièrement aux questions d’argumentation dans le récit et prépare un ouvrage consacré aux notions d’engagement et d’empathie dans le roman français de la seconde moitié du XIXe siècle. Elle est actuellement responsable du groupe « Flaubert » de l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes (ITEM-CNRS/ENS). Elle est corédactrice en chef (avec Philippe Dufour et Anne Herschberg Pierrot) de la revue Flaubert. Revue critique et génétique : https://journals.openedition.org/flaubert/


Pierre-Louis Rey

Pierre-Louis Rey, professeur émérite à la Sorbonne nouvelle, a notamment publié sur Flaubert des études sur Madame Bovary et L’Education sentimentale (Gallimard, « Foliothèque »), co-dirigé avec Gisèle Séginger le recueil Madame Bovary et les savoirs (Presses de la Sorbonne nouvelle, 2009) et collaboré au tome V (2021) de l’édition de ses Œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade.


Jeanne Bem

Jeanne Bem est professeur honoraire de l’Université de la Sarre où elle a occupé la chaire de Littérature française dans le contexte européen. Spécialiste de Flaubert, elle a édité Madame Bovary dans la Bibliothèque de la Pléiade (nouvelles Œuvres complètes, III, 2013). Ses publications récentes : deux essais parus aux Éditions Universitaires de Dijon, Flaubert, un regard contemporain (2016) et Flaubert aux prises avec le « genre » (2021). Ces deux essais ont été traduits en japonais par Kayoko Kashiwagi (Tokyo, Éditions Rose des vents-Suiseisha, 2017 et 2022).


Kazuhiro Matsuzawa

Kazuhiro Matsuzawa est professeur émérite à l’université de Nagoya. Il est responsable de la Société japonaise des études flaubertiennes et correspondant du Cercle Ferdinand de Saussure (Genève). Il travaille sur la littérature moderne, la linguistique et la philosophie politique et religieuse. Il a publié deux ouvrages sur Flaubert : Introduction à l’étude critique et génétique des manuscrits de L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert – l’amour, l’argent, la parole (Tokyo et Paris, Tosho/Nizet, 1992. Grand prix Shiibusawa-Claudel), Lire Madame Bovary. L’amour, l’argent, la démocratie- (Tokyo, Iwanamishoten, 2004), des ouvrages collectifs: Balzac, Flaubert La genèse de l’œuvre et la question de l’interprétation (Nagoya, 2009), La Mise en texte des savoirs (co-édité avec G.Séginger, Presses Universitaires de Strasbourg, 2010), Flaubert Littérature et l’aléa de la modernité (Tokyo, Suiseisha, co-édité avec K.Ogura, 2021), et des travaux sur divers auteurs La recherche de la critique génétique (Nagoya, 2003. Prix Kenji Miayazawa). Il a été l’un des contributeurs du Dictionnaire Gustave Flaubert (sous la direction d’ Éric Le Calvez, Classiques Garnier, 2017). 


Stéphanie Dord-Crouslé

Ancienne élève de l’ENS Ulm, agrégée de Lettres modernes, Stéphanie Dord-Crouslé est chercheuse au CNRS, à Lyon (Institut d’histoire des représentations et des idées dans les modernités). Spécialiste de Flaubert et de génétique littéraire, elle a publié des éditions de L’Éducation sentimentale et Bouvard et Pécuchet dans la collection « GF » aux Éditions Flammarion. Elle a participé à la nouvelle édition des Œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade et elle dirige le site « Les dossiers documentaires de Bouvard et Pécuchet ».


Didier Philippot

Professeur de littérature française à Sorbonne Université, Didier Philippot est l’auteur de Vérité des choses, mensonge de l’homme dans « Madame Bovary » de Flaubert (Champion, 1997), d’un Flaubert dans la collection « Mémoire de la critique » (PUPS, 2006) et d’une édition commentée de la première version du Bovarysme de Jules de Gaultier (Jules de Gaultier, Le Bovarysme. La psychologie dans l’œuvre de Flaubert, suivi d’une série d’études réunies et coordonnées par Per Buvik, Éditions du Sandre, 2007). Il est responsable de la série Flaubert aux éditions Classique Garnier. Spécialiste du roman (Stendhal, Flaubert, Hugo) et de la nouvelle au XIXe siècle, il consacre notamment ses travaux à l’esthétique et à l’ontologie romantiques des marges du réel (l’invisible, le possible, l’imaginaire). Il a publié dernièrement un livre sur l’ontologie de l’imaginaire et du possible chez Hugo (Victor Hugo et la vaste ouverture du possible. Essai sur l’ontologie romantique, Classiques Garnier, 2017) et un essai sur l’œuvre fantastique de Maupassant (Guy de Maupassant et l’affolant mystère de la vie. Essai sur l’œuvre fantastique, Classiques Garnier, 2019).


Jacques-David Ebguy

Jacques-David Ebguy, agrégé de Lettres Modernes, est maître de conférences en Littérature française à l’Université Paris Cité (Paris Diderot). Il est membre du comité de rédaction des revues Romantisme, L’Année balzacienne et de la Revue Balzac / The Balzac Review. Ses travaux portent sur la poétique du roman (Balzac, Flaubert, Hugo, Stendhal, Zola) et sur les rapports entre pensée (philosophique, sociologique…) et littérature romanesque. Il dirige, depuis 2014, le Groupe International de Recherches balzaciennes (GIRB). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Le Héros balzacien. Balzac et la question de l’héroïsme (Christian Pirot, 2010), Écrire disent-ils. Regards croisés sur la littérature du XXIe siècle (co-dirigé avec Anne Cousseau, 2012), et Les Valeurs dans le roman. Conditions d’une « poéthique » romanesque » (co-dirigé avec Rémi Astruc, 2018). Il a publié plusieurs articles sur Flaubert dans des ouvrages collectifs (Relire L’Éducation sentimentale en 2017 ; Flaubert. Histoire et étude de mœurs en 2019) ou des revues (Revue Flaubert, Flaubert…). Ses travaux actuels portent le roman de formation au XIXe siècle.


Sarga Moussa

Sarga Moussa est directeur de recherche au CNRS et directeur-adjoint de l’UMR THALIM (CNRS-Université Sorbonne Nouvelle-ENS), où il co-anime l’axe « Dynamiques interculturelles ». Il est spécialiste de l’orientalisme littéraire et du récit de voyage en Orient, en particulier aux xixe et xxe siècles, et il travaille plus largement sur la représentation des altérités culturelles dans la littérature française ; il s’intéresse notamment aux figures du nomadisme, aux représentations de l’esclavage, aux discours raciologiques et aux études postcoloniales. Il travaille actuellement à une anthologie sur le canal de Suez au miroir de la littérature et de l’histoire dans une perspective de mémoires croisées, à paraître dans la collection « Vers l’Orient » qu’il dirige avec Daniel Lançon à UGA Éditions. Il est par ailleurs responsable éditorial de la revue en ligne Viatica. Il a publié récemment, en codirection avec Hans-Jürgen Lüsebrink, Dialogues interculturels à l’époque coloniale et postcoloniale, Paris, Kimé, 2019 ; en codirection avec Philippe Antoine, Chloé Chaudet et Gilles Louÿs, « La Littérature de voyage aujourd’hui. Héritages et reconfigurations », La Revue des lettres modernes, série « Voyages contemporains », 2021-2022. 


Takashi Kinouchi

Takashi Kinouchi, docteur de l’Université Paris VIII, est maître de conférences à l’Université des études étrangères de Nagoya. Il s’intéresse aux rapports de Flaubert avec les écrivains romantiques ainsi qu’au rôle de l’iconographie dans la genèse des romans flaubertiens. Il a notamment publié : « La mémoire des images dans L’Éducation sentimentale », Flaubert. Revue critique et génétique, no 11, 2014.


 Florence Vatan

Florence Vatan est professeure à l’Université du Wisconsin à Madison. Elle a publié de nombreux essais sur Flaubert, Baudelaire et Robert Musil auquel elle a également consacré deux ouvrages. Elle a dirigé un numéro de la Revue Flaubert de l’université de Rouen sur « Flaubert et les sciences » (2004). En collaboration avec Anne Vila, elle a codirigé un numéro de L’Esprit créateur sur « L’Esprit (dé)réglé : Literature, Science, and the Life of the Mind in France, 1700-1900 » (2016) ainsi qu’un numéro de la revue Arts et Savoirs intitulé « Entre savoir et fantasme : le corps et ses énigmes » (2019). Elle a également collaboré au Dictionnaire Gustave Flaubert dirigé par Éric Le Calvez (Garnier, 2017).


Anne Herschberg Pierrot

Anne Herschberg Pierrot est professeur émérite à l’Université Paris 8. Parmi ses publications récentes sur Flaubert, elle a édité avec Jacques Neefs La Tentation de saint Antoine (1874) et Bouvard et Pécuchet au tome V des Œuvres complètes de Gustave Flaubert dans la « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 2021, et codirigé avec Pierre-Marc de Biasi, Flaubert et le moment théorique (1960-1980), CNRS Éditions, 2021.


Bernard Vouilloux

Bernard Vouilloux, professeur de littérature française du xxe siècle (littérature et arts visuels) à Sorbonne Université (anciennement Paris IV-Sorbonne), a centré ses recherches sur les rapports entre le verbal et le visuel, littérature et peinture, poétique et esthétique en travaillant sur la période allant du xviiie au xxie siècle. Au sein de l’UMR 8599 CNRS/Sorbonne Université CELLF, il est responsable de l’axe transversal « Littérature, arts, médium ». Outre plus de deux cents articles, il a publié une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels La Peinture dans le texte. xviiie-xxe siècles (CNRS Éditions, 1994), Langages de l’art et relations transesthétiques (Éd. de l’Éclat, 1997), Le Tableau vivant. Phryné, l’orateur et le peintre (Flammarion, 2002, rééd. « Champs », 2015), L’œuvre en souffrance. Entre poétique et esthétique (Belin, 2004), Le Tournant « artiste » de la littérature française. Écrire avec la peinture au xixe siècle (Hermann, 2011), Ce que nos pratiques nous disent des œuvres. À travers poétique et esthétique (Hermann, 2014), Figures de la pensée. De l’art à la littérature – et retour (Hermann, 2015), Image et médium. Sur une hypothèse de Pascal Quignard (Les Belles Lettres, 2018). Il a en outre publié, en co-direction avec Alexandre Gefen, Empathie et Esthétique (Hermann, 2013), et a dirigé le catalogue (Flammarion, 2015) de l’exposition Henri Michaux et Zao Wou-Ki dans l’empire des signes (Fondation Martin Bodmer, 5 décembre 2015-10 avril 2016) ainsi que le numéro de la revue Incidence. Philosophie, littérature, sciences humaines et sociales (n° 15, 2020) sur le sujet « Vérité, fiction : faire vrai ou dire juste ? ».


Ségolène Le Men

Professeur émérite de l’université Paris-Nanterre, Ségolène Le Men est historienne de l’art, membre honoraire de l’Institut universitaire de France et de l’Académie Europeana depuis 2009. Elle a été co-commissaire de l’exposition Cathédrales 1789-1914. Un mythe moderne, au Musée des Beaux-Arts de Rouen et au Musée Wallraf Richartz & Fondation Corboud de Cologne, en 2014. Elle a publié de nombreux ouvrages : Les Abécédaires français illustrés du xixe siècle (1984), Seurat et Chéret : le peintre, le cirque et l’affiche (CNRS éditions, 1994), La Cathédrale illustrée (Hazan, 2014), La Cathédrale illustrée de Hugo à Monet (CNRS éditions, 1998) et aux Éditions Citadelles & Mazenod, Courbet en 2007, Daumier et la Caricature, en 2008, Monet, en 2010. Elle a co-dirigé, en 2019, Le Panorama, un art trompeur (Septentrion, 2019).


Norioki Sugaya

Ancien élève de l’Université de Tokyo et docteur de l’Université Paris VIII, Norioki Sugaya est actuellement professeur à Rikkyo University (Tokyo). Spécialiste de Flaubert, il s’intéresse notamment aux rapports entre la littérature et les sciences de la vie au XIXe siècle, mais aussi aux contextes politiques et sociaux qui sous-tendent la modernité littéraire. Il a publié Flaubert épistémologue. Autour du dossier médical de Bouvard et Pécuchet (Rodopi, 2010) et a fait partie du comité scientifique du Dictionnaire Flaubert (Honoré Champion, 2017, dir. Gisèle Séginger). Il a également fait paraitre la traduction japonaise de Bouvard et Pécuchet (Tokyo, Sakuhin-sha, 2019 ; prix Konishi de traduction littéraire).


Kayoko Kashiwagi

Kayoko Kashiwagi est professeure émérite de l’Université municipale des Arts de Kyoto. Ses recherches portent principalement sur la théâtralité dans les œuvres de Flaubert et sur l’influence du théâtre japonais en France. Elle a collaboré au Catalogue de l’exposition Japonismes Japon, organisée au Musée des Arts Décoratifs de Paris en 2018-2019. Elle a traduit en japonais deux essais récents de Jeanne Bem sur Flaubert (parus au Japon en 2016 et en 2022). 


Michael F. Zimmermann

Michael Zimmermann est professeur à l’université catholique d’Eichstätt-Ingolstadt. Il est spécialiste d’histoire de l’art des xixe et xxe siècles. Il est membre de l’Académie des Sciences de Bavière depuis 2008. Il a publié Berlins Museen. Geschichte und Zukunft (1994), Zeitgeschichte in Darstellungen des 19. Jahrhunderts (avec Stefan Germer, 1997), Barbizon. Malerei der Natur – Natur der Malerei (avec Andreas Burmester et Christoph Heilmann), Französische und deutsche Kunst vom Ancien Régime bis zur Gegenwart. Festschrift Thomas W. Gaehtgens (avec Uwe Fleckner and Martin Schieder, 2000), The art historian. National traditions and institutional practices (2003), Monet (avec Rodolphe Rapetti and MaryAnne Stevens, 2003), Die Kunst des 19. Jahrhunderts. Naturalismus – Impressionismus – Symbolismus (2020). 


Bruna Donatelli

Bruna Donatelli est professeure émérite de Littérature française à l’Université Roma Tre, co-directrice de la collection « Prismes » de l’Aténée Roma Tre (Roma TrE-Press), chercheur associé du groupe Flaubert (ITEM) et membre du comité scientifique de la revue Flaubert Revue critique et génétique. Elle a dirigé pour cette revue deux numéros (Flaubert et l’Italie, 2015 ; Flaubert en musique, 2019). Elle a édité la première édition italienne de la Correspondance Flaubert/Sand, en 1990. Elle a publié Flaubert e Taine. Luoghi e tempi di un dialogo, en 1998 et une monographie sur l’imaginaire flaubertien (Le perle, il filo, la collana. Figure e luoghi nell’opera di Flaubert) en 2008, ainsi que de nombreux articles sur l’esthétique flaubertienne et les arts graphiques. Spécialiste de Taine, par ailleurs, elle a édité en italien le Voyage en Italie (Rome) d’Hippolyte Taine (Roma, Artemide, 2021).


Jacques Neefs

Jacques Neefs est professeur émérite de Littérature française à l’Université Paris 8 et à Johns Hopkins University, et membre de l’American Academy of Arts and Sciences. Il a été responsable de 1990 à 2004 du Programme Flaubert de l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes du C.N.R.S., Paris. Il a publié des études sur Stendhal, Balzac, Hugo, Flaubert, Claude Simon, Raymond Queneau, Georges Perec, Pierre Michon, et sur les manuscrits d’écrivains et la génétique littéraire. Il a donné deux éditions de Madame Bovary (Livre de poche Classiques, 1999 et 2019) et une édition de Salammbô (Livre de poche Classiques, 2011), co-dirigé avec Anne-Herschberg Pierrot les volumes Savoirs en récits I et II (PUV 2010). Il a édité plusieurs numéros des Modern Language Notes, Johns Hopkins University Press, sur Madame Bovary (2007), sur Flaubert (2010), sur Salammbô (2013), et le numéro « Gustave Flaubert » de la revue Europe, en sept.-oct. 2018. Il a publié « Colères de Flaubert » dans Colères d’écrivains, dir. Jean-Pierre Martin, Éditions Cecile Defaut, 2009 ; « Flaubert et la bêtise” et “Stupeur et bêtise”, dans Flaubert et l’empire de la bêtise, Éditions Cécile Defaut, 2012 ; co-édité Bouvard et Pécuchet Archives et interprétations, Éditions Cécile Defaut 2014 ; et édité Balzac Éternelle genèse, PUV, 2015. Il vient d’éditer, en collaboration avec Anne Herschberg Pierrot, La Tentation de saint Antoine et Bouvard et Pécuchet dans le tome V des Œuvres complètes de Flaubert, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, mai 2021.


Atsushi Yamazaki

Atsushi Yamazaki est docteur en langues et littératures françaises de l’Université Paris 8, et professeur à l’Université Chukyo (Nagoya, Japon). Il a participé à la publication numérique des manuscrits de Bouvard et Pécuchet et a récemment publié Bouvard et Pécuchet. Roman philosophique. Une archéologie comique des idées au XIXe siècle, Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, « Manuscrits modernes », 2022.


Olivier Bara

Olivier Bara est professeur de Littérature française du xixe siècle à l’université Lumière Lyon 2, directeur adjoint de l’Institut d’histoire des représentations et des idées dans les modernités (IHRIM). Ses travaux concernent le théâtre et l’opéra au xixe siècle, l’œuvre de George Sand ainsi que les liens entre littérature romantique, spectacle, idées et vie sociales. Dernière publication : édition d’Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugo (Gallimard, « Folio théâtre »).


Roxane Martin

Roxane Martin est professeur d’Histoire et d’Esthétique du théâtre à l’Université de Lorraine. Spécialiste des scènes françaises du XIXe siècle, elle a publié des ouvrages sur la féerie (La Féerie romantique sur les scènes parisiennes 1791-1864, Honoré Champion, 2007), la mise en scène (L’émergence de la notion de mise en scène dans le paysage théâtral français 1789-1914, Classiques Garnier, 2014), le mélodrame (Une soirée sur le boulevard du crime. Le mélo à la loupe, Classiques Garnier, 2022). Elle a édité plusieurs ouvrages collectifs, publié une vingtaine d’éditions critiques dont Le Château des cœurs de Gustave Flaubert dans la Pléiade (G. Séginger dir., Gallimard, 2021) et dirige la série éditoriale consacrée aux Mélodrames de René-Charles Guilbert de Pixerécourt (Classiques Garnier, 2013-21).


Marc Cerisuelo

Professeur à l’université Gustave Eiffel, Marc Cerisuelo est spécialiste de littérature, philosophie et études cinématographiques. Il collabore régulièrement aux revues Critique et Positif, et il a publié plusieurs ouvrages sur la poétique historique des films et l’étude des transferts culturels au cinéma, parmi lesquels Hollywood à l’écran : essai de poétique historique des films : l’exemple des métafilms américains (Presses de la Sorbonne nouvelle, 2000), Quand des écrivains font du cinéma (Archives Karéline, 2012), Fondus enchaînés : essais de poétique du cinéma (Éditions du Seuil, 2012), Comédie(s) américaine(s) d’Ernst Lubitsch à Blake Edwards : histoire d’une forme, avatars d’un genre (Capricci, 2021).

Le Cercle de Marcel Proust, 5ème édition

Conçu par Jean-Yves Tadié, co-organisé par la Société des Amis de Marcel Proust

Rediffusion sur singer-polignac.tv

Programme

Lundi 14 novembre 2022

Mot d’accueil par Jérôme Bastianelli, Président de la Société des Amis de Marcel Proust

Première session

Présidence : Jean-Yves Tadié

Jeanne Pouquet, par Evelyne Bloch-Dano

André Germain, par Guillaume Perrier 

Albert Flament, par Caroline Szylowicz

René Blum, par Nicolas Ragonneau

Deuxième session

Présidence : Nicolas Ragonneau

Robert Dreyfus, par Antoine Compagnon (visioconférence)

Paul-César Helleu, par Sophie Basch

Gabriel Astruc, par Luzius Keller

La Princesse Bibesco, par Mathilde Brézet

Mardi 15 novembre

Troisième session

Présidence : Elyane Dezon-Jones

Louis de Robert, par Pyra Wise

Elisabeth de Clermont Tonnerre par Matthieu Vernet

Gustave Tronche, par Donatien Grau (visioconférence)

Oswald Dauphiné, par Françoise Leriche

Moment musical, duo chant-harpe, Les Frivolités Parisiennes

Quatrième session

Présidence Sophie Basch

Maxime Dethomas, par Emily Eells

La famille Swann, par Jean-Paul Henriet

René Peter, par Cécile Leblanc

Louis d’Albufera, par François Proulx

 

  • Jacques-Emile Blanche (1861-1942)
  • Portrait de Marcel Proust
  • 1892, huile sur toile H. 73,5 ; L. 60,5 cm
  • © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / DR

L’œuvre des frères Goncourt, un système de valeurs ?

singer-polignac.tv

Sous le haut patronage de l’Académie Goncourt

événement organisé par l’équipe Goncourt et le Centre de recherches

sur les Poétiques du XIXe siècle de l’Université de la Sorbonne nouvelle

Colloque du Bicentenaire organisé par Jean-Louis Cabanès, Pierre-Jean Dufief,

Béatrice Laville, Vérane Partensky et Éléonore Reverzy

Les frères Goncourt furent des témoins majeurs de la seconde moitié du XIXe siècle dont ils ont commenté jour après jour, dans leur Journal, l’actualité et ses soubresauts, proposant un panorama exceptionnel et détaillé de la vie artistique, littéraire, politique et mondaine de leur temps. Romanciers de talent qui participèrent activement au triomphe du réalisme littéraire, auteurs de théâtre contestés, historiens, critiques d’art, collectionneurs, fondateurs d’un prix aujourd’hui encore prestigieux, qui a contribué à donner au genre romanesque ses lettres de noblesse, les Goncourt apparaissent, 200 ans après la naissance d’Edmond, comme des écrivains dont le rôle et l’influence appellent une réflexion approfondie dont la récente biographie de J.-L. Cabanès et P.-J. Dufief a montré la nécessité. « Ils ont été considérables », assurait déjà Thibaudet en 1936, « par leur influence, dont toute la littérature française, depuis soixante ans, a été retournée et labourée » (Réflexions sur la littérature, Paris, Gallimard, 1938, p. 116).
À la croisée des genres et des courants artistiques (roman, théâtre, fantaisie, réalisme, histoire de l’art, histoire, critique, écriture diariste), ils occupent une position à la fois centrale et excentrique dans le champ littéraire, dont ils ont été des acteurs importants, mais aussi des juges et des critiques particulièrement attentifs à la question fondamentale de la valeur, dont ils auscultent avec minutie et inquiétude les transformations. Parce qu’ils relatent et jaugent leur temps, tour à tour en moralistes intempestifs et en écrivains modernes, mais aussi parce qu’ils déplacent sans cesse les perspectives, interrogeant les évolutions immédiates (la modernité, l’émergence de la bourgeoisie, l’industrialisation de la littérature, la dictature de la presse, le pouvoir de la mode, etc), comme les déplacements culturels (réévaluation du XVIIIe siècle, art japonais, normes classiques, systèmes politiques), les deux frères ont posé, à l’échelle d’un demi-siècle, la question de la définition et des critères de la valeur (esthétique, morale et sociale) au moment même où les liens qui unissaient traditionnellement l’esthétique et l’éthique sont bouleversés par l’émergence de la modernité, de l’art pour l’art, du capitalisme et de la démocratie. Leur Journal apparaît parfois comme un livre de comptes où ils créditent ou débitent leurs contemporains, soupesant les honnêtetés, la qualité de coeur, les vanités, les compromissions. Le goût du Beau seul, avec son corollaire l’admiration, leur semble étalonner les oeuvres et les hommes. Observateurs pénétrants, ils sont certains d’être des hommes de goût, jugeant les oeuvres d’art sans a priori. Leur nervosité, leur sensibilité, en conjonction avec leur connoisseurship, garantirait la pertinence de leurs jugements esthétiques. Les nerfs, comme vecteurs de la sensibilité, comme traits d’union entre l’âme et le corps, comme principes d’une réflexivité du sentir, induisent une sorte d’ambivalence des valeurs éthiques et esthétiques dont ils sont les vecteurs. La pitié, la compassion sont affaire de sensibilité, mais les Goncourt se réclament aussi d’une lucidité cruelle.
Leurs écrits définissent des axiologies qui réfèrent aux catégories esthétiques mais aussi aux valeurs morales que les fictions tout particulièrement déploient. Leurs romans retracent volontiers des parcours exemplaires qui laïcisent parfois des valeurs chrétiennes (le pardon, la charité) ou prennent la forme de calvaires dont le sens échappe mais qui permettent d’engager la critique des institutions religieuses et judiciaires notamment. La Fille Élisa met ainsi en cause des dispositifs de surveillance et de silence qui associent la religion et l’État. L’oeuvre romanesque et théâtrale renoue parfois avec le manichéisme du mélodrame et du feuilleton. Dans un univers sans transcendance, comment sortir de la satire dès lors qu’on aborde la question morale ?
Les frères Goncourt n’ont cessé de proclamer la valeur de leurs oeuvres, leur qualité d’hommes de lettres, leur avant-gardisme qui ferait d’eux des précurseurs. Ils entendent partout affirmer leur qualité, ou si l’on préfère, en termes sociologiques, leur « distinction ». Ce mot définit leur positionnement social, politique, esthétique, stylistique quelle que soit la « vertu » démocratique de romans centrés aussi bien sur une servante hystérique qui, par ses nerfs, est en partie leur répondant que sur une jeune fille de la haute société impériale, qui, par son culte du chiffon, leur ressemble un peu. L’écriture artiste signe en ces temps de journalisme et d’oeuvres anonymes (une page de Maupassant selon Edmond pourrait être signée par n’importe qui : elle ne porte aucune marque), leur aristocratisme, comme un code de l’honneur dans les lettres, leur différence. Il existe pour eux une éthique de la création qui fait sens par opposition aux facilités des bohèmes, aux ficelles de la littérature industrielle, aux procédés de la tradition académique ; cette morale, parfois baptisée « idéal », tend à faire accroire qu’ils sont étrangers aux circuits économiques. La valeur (qualitative) de l’art ne se mesurerait pas à l’aune de l’argent gagné par un écrivain. L’échec, en revanche, peut avoir une valeur distinctive et devenir la signature d’une qualité méconnue du grand public.
Dans ce contexte, comment les valeurs éthiques et esthétiques sont-elles atteintes par des formes nouvelles de distinction ? Comment la littérature est-elle à la fois un miroir et un agent de la constitution, de la transmission et des révolutions de valeurs ? En quoi écrire suppose-t-il, par-delà la diversité des convictions et des postures morales, une éthique de la littérature ? L’oeuvre des Goncourt, par son ampleur, par la diversité de ses points de vue, par sa pluridisciplinarité, par les valeurs morales qu’elle persiste à représenter, par le témoignage exceptionnel que constitue le Journal, offre un point de vue privilégié sur une question longtemps refoulée par les études critiques poétiques ou formalistes, mais qui se pose, dans le contexte actuel, avec acuité et invite à une réflexion globale et nourrie sur les Goncourt, sur leur oeuvre, leur place dans le champ littéraire et leur héritage.


Partenaires

 


Programme

27 juin 2022

9h30 – Accueil des participants

9h45-10h : 

  • Introduction d’Eléonore Reverzy, directrice du CRP19 et responsable de l’équipe Goncourt (ITEM/CNRS)

10h-13h

Séance 1 : Évaluations

Présidence de séance : Robert Kopp

10h50 – Discussion

11h10 – 11h25 – Pause

12h40-13h – Discussion

13h-14h – Déjeuner

14h-16h35

Séance 2 : Éthique et mode de vie

Présidence de séance : Paolo Tortonese

14h50 – Discussion

15h10-15h25 – Pause

16h15 – Discussion

16h35 – Fin de la première journée


28 juin 2022 

10h15 – Accueil et inscriptions des participants

10h25-13h

Séance 3 : Valeurs du temps

Présidence de séance : Stéphane Guégan 

11h15 – Discussion

11h35-11h50 – Pause

12h40 – Discussion

13h-14h – Pause déjeuner

14h-16h

Séance 4 : Valeurs de la communauté

Présidence de séance : Béatrice Laville

14h50 – Discussion

16h – Discussion

16h20-16h35 – Pause

16h35-18h

Séance 5 : Écritures de la valeur

Présidence de séance : Eléonore Réverzy

17h25 – Discussion

17h45 – Conclusions

18h – Clôture du colloque


Biographies

Pauline Schnapper


Eléonore Réverzy


Bernard Vouilloux

Bernard Vouilloux, professeur de littérature française du xxe siècle (littérature et arts visuels) à Sorbonne Université, a centré ses recherches sur les rapports entre le verbal et le visuel, littérature et peinture, poétique et esthétique. Au sein du Centre d’étude de la langue et de la littérature françaises-CELLF (UMR 8599 CNRS/Sorbonne Université), il est responsable de l’axe transversal « Littérature, arts, médium ». Outre de très nombreux articles, il a publié une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels, dernièrement, Figures de la pensée. De l’art à la littérature – et retour (Hermann, 2015) et Gisèle Vienne. Plateaux fantasmatiques (Shelter Press, 2020).


Alexandre Péraud

Docteur en littérature française et diplômé de l’Institut de Sciences politiques de Bordeaux, Alexandre Péraud est maître de conférences habilité en littérature française et membre de l’équipe d’accueil TELEM. Spécialiste du roman réaliste, il réfléchit aux relations qu’entretiennent la littérature et les sciences, notamment l’économie, au XIXe et XXe siècles. Il a notamment publié Le crédit dans la poétique balzacienne (Garnier, 2012) et La comédie (in)humaine de l’argent (dir.) (Le Bord de l’eau, 2013).


Kosei Ogura

Koseï Ogura est professeur à Keio University (Tokyo). Il étudie principalement le roman français du XIXe siècle dans ses rapports avec l’histoire sociale et culturelle. Il est notamment l’auteur Comment on représente l’histoire. Dialogues entre littérature et historiographie, 2021, Zola et la France moderne. De l’histoire au récit, 2017, Nadar photographe, 2016 et de Lire les autobiographies de criminels, 2010.


Stéphane Guégan

Historien, critique d’art et conseiller scientifique auprès de la Présidence du Musée d’Orsay, Stéphane Guégan est l’auteur de plusieurs livres sur la peinture et la littérature des XIXe et XXe siècles, dont une édition des Salons de Stendhal (Le Promeneur, 2002), une biographie de Théophile Gautier (Gallimard, 2011) et un essai sur la critique d’art de Baudelaire (Flammarion, 2021). Il a été le commissaire de plusieurs expositions : Théodore Chassériau. Un autre romantisme (Grand Palais, 2002), De Delacroix à Renoir. Les peintres français en Algérie (Institut du monde arabe, 2003), Ingres (musée du Louvre, 2006), Manet. Inventeur du Moderne (musée d’Orsay, 2011), Bistrot! De Baudelaire à Picasso (Bordeaux. Cité du vin, 2016), Le Modèle noir. De Géricault à Matisse (musée d’Orsay, 2019), Toulouse-Lautrec, résolument moderne (Grand Palais, 2019) et Huysmans. De Degas à Grünewald (musée d’Orsay, 2019).


Nao Takaï

Nao Takaï est maître de conférences à la Japan Women’s University de Tokyo où elle enseigne la littérature et la culture françaises. Titulaire d’un doctorat de langue et littérature françaises obtenu à l’Université de Paris Nanterre en 2010, elle est l’auteur du Corps féminin nu ou paré dans les récits réalistes de la seconde moitié du XIXe siècle (Champion, 2013). Ses travaux récents portent sur les vêtements et la mode dans les ouvrages des écrivains du XIXe siècle, parmi lesquels « Le tulle et la représentation du corps féminin chez les écrivains français du XIXe siècle – Balzac, Zola et les frères Goncourt » (Tissus et vêtements chez les écrivains au XIXe siècle : sociopoétique du textile, A. Montandon dir., Champion, 2015) et « Edmond de Goncourt et la mode féminine fin de siècle (Cahiers Goncourt, 2019.


Sébastien Roldan

Sébastien Roldan est professeur associé de littérature française du XIXe siècle à l’Université de Winnipeg (Canada). Ses recherches interrogent le dialogue qui s’effectue dans l’œuvre littéraire entre littérature et philosophie, en particulier dans le roman naturaliste français. Il a fait paraître dans cette veine un essai, La Pyramide des souffrances (PUQ, 2012), et un numéro de périodique, La Seine littéraire au XIXe siècle (revue Arborescences, 2019). Ses travaux sur les premières œuvres des frères Goncourt ont paru notamment dans les Cahiers Goncourt (2013), dans le collectif Les Goncourt historiens (2017), ainsi que, plus récemment, dans le podcast que le collège de sociocritique de Montréal a consacré en mars 2021 à l’imaginaire du masque.


Stéphane Gougelmann

Maître de conférences en littérature française à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, membre de l’UMR IHRIM, Stéphane Gougelmann travaille principalement sur la seconde moitié du XIXe siècle, en particulier sur l’œuvre de Jules Renard. Il a notamment dirigé, avec Jean-Louis Cabanès, le numéro de la revue Europe (novembre-décembre 2015) consacré aux frères Goncourt et à Jules Renard et fait paraître chez Classiques Garnier, en 2017, Jules Renard, écrivain de l’intime. Il s’intéresse également aux représentations du genre et des sexualités en littérature dans une perspective poétique et historique. Aux Presses de l’Université de Saint-Étienne (PUSE), il a ainsi dirigé avec l’historienne Anne Verjus Écrire le mariage en France au XIXe siècle (2017) et a créé la collection « le genre en toutes lettres ». 


Émilie Sermadiras

Agrégée de lettres modernes et docteure en littérature française, Émilie Sermadiras est actuellement lectrice d’échange à l’Université de Bari. Ses recherches portent sur les liens entre littérature, médecine et religion dans le roman du XIXe siècle. Elle a récemment publié Croire et souffrir. Religion et pathologie dans le roman de la seconde moitié du XIXe siècle (Classiques Garnier, 2021) : l’ouvrage est une version remaniée de sa thèse, soutenue en 2018, à l’Université Sorbonne-Université. Elle prépare actuellement une édition critique de La Fille Élisa, dans le cadre de l’édition des Œuvres narratives complètes des frères Goncourt, sous la direction de Jean-Louis Cabanès (Classiques Garnier).


Jean-Didier Wagneur

Jean-Didier Wagneur est chercheur au sein du Centre des Sciences des Littératures en langue Française (Université Paris Nanterre) et de l’Équipe Goncourt (CRP19).


Marie-Astrid Charlier

Marie-Astrid Charlier est maîtresse de conférences en littérature française du XIXe siècle à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, membre du RiRRa21 et de l’ANR Numapresse. Ses travaux portent sur les naturalismes (roman, nouvelle, théâtre) ainsi que sur les liens entre littérature, médias et culture visuelle. Elle a notamment publié Le Romans et les Jours. Poétiques de la quotidienneté au XIXe siècle chez Classiques Garnier en 2018. Une liste de ses publications est disponible sur HAL. 


Véronique Samson

Véronique Samson enseigne la littérature au collège du Vieux Montréal, après avoir mené des recherches postdoctorales à l’Université de Cambridge et plus récemment au CRP19, à l’Université Sorbonne Nouvelle. Son livre Après la fin. Gustave Flaubert et le temps du roman est paru au début de l’année 2021 aux Presses universitaires de Vincennes. Ses recherches actuelles portent principalement sur la mémoire dans le roman du XIXe siècle. Elle a codirigé avec Marie-Astrid Charlier un dossier portant sur les « Temps vécus, temps racontés », qui paraîtra en 2022 dans la revue en ligne KOMODO 21.


Robert Kopp

Après des études à l’École Normale Supérieure et à la Sorbonne, Robert Kopp a enseigné dans les classes préparatoires de Stanislas-Saint-Louis, puis a été l’assistant de Georges Blin au Collège de France. Nommé, en 1971, professeur à l’université de Bâle, il y a occupé la chaire qui fut celle de Marcel Raymond, Albert Béguin, Georges Blin, Jean Starobinski, Claude Pichois. Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences humaines, il a également été professeur associé à la Sorbonne, à l’Université de Paris X, à l’EPHE, à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm.

Derniers ouvrages parus : Baudelaire, le soleil noir de la modernité (Gallimard, 2004, coll. « Découvertes », nouvelle édition 2017); édition critique de La Vielle Fille de Balzac (Gallimard, 2002, coll. „folio“, nombreuses réimpressions); édition critique du Spleen de Paris (Gallimard, coll. « poésie », 2006) ; Breton (Album de la Pléiade, Gallimard, 2008) ; La place de la NRF dans la vie littéraire du XXe siècle, 1908-1943 (Gallimard, « Les Cahiers de la NRF », 2009, ouvrage collectif); Romantisme et révolution(s) (Gallimard, « Les Cahiers de la NRF », 3 volumes, 2008-2010, ouvrage collectif); Un siècle de Goncourt (Gallimard, 2012, collection « Découvertes ») ; Gide, Copeau, Schlumberger : l’Art de la mise en scène (Gallimard, « Les Cahiers de la NRF », 2017, ouvrage collectif), Un monde de lettres. Les auteurs de la première NRF au miroir de leurs correspondances, Gallimard, « Les Cahiers de la NRF », 2021, ouvrage collectif). 


Zadig Gama

Zadig Gama est Chargé de cours de langue et littérature françaises à l’Université de l’État de Rio de Janeiro et Doctorant en Lettres Néolatines (Littératures de Langue française) à l’Université Fédérale do Rio de Janeiro, sous la direction de Mme Celina Mello, ayant suivi un stage doctoral à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris III, sous la supervision de Mme Éléonore Reverzy. Son sujet de thèse porte sur la circulation, réception et pérennité de l’œuvre des frères Goncourt dans le champ littéraire brésilien. Parmi ses publications récentes, l’on citera « La réception de Sœur Philomène au Brésil », dans les Cahiers Edmond et Jules de Goncourt ; et « Academia Goncourt : a instituição em três momentos », dans la revue Interfaces.


Peter Vantine

Peter Vantine enseigne à Saint Michael’s College (Vermont, États-Unis), où il est Professeur de français, Directeur du département de Classical and Modern Languages and Literatures [Littératures et Langues Classiques et Modernes], et Directeur du programme de First-Year Seminar [Séminaire de première année]. Une partie importante de ses travaux sur la littérature française du dix-neuvième siècle portent sur l’œuvre des frères Goncourt.


Pierre Dufief

Pierre-Jean Dufief est professeur émérite à l’université de Paris-Nanterre. Il a travaillé sur le roman de la seconde moitié du XIXe siècle, sur l’œuvre des frères Goncourt ainsi que sur les correspondances d’écrivains du XIXe siècle. Il a dirigé pendant douze ans une unité du CNRS consacrée aux correspondances et journaux intimes. Il a édité plusieurs volumes de la correspondance générale et croisée des Goncourt et est président de Société des amis des Frères Goncourt. Il a coordonné avec Colette Becker le Dictionnaire des naturalismes, Champion, 2018 et a publié en 2020 avec Jean-Louis Cabanès une biographie des Frères Goncourt chez Fayard. 


Stéphanie Champeau

Stéphanie Champeau, ancienne élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, agrégée de Lettres Modernes et docteur en littérature, est maître de conférences à l’Université de Rouen et spécialiste du XIXe siècle, particulièrement de l’œuvre des Goncourt : elle a publié un ouvrage intitulé La Notion d’artiste chez les Goncourt (Champion, 2000) et procuré des éditions de leurs romans Manette Salomon (folio, 1996) et Renée Mauperin (Classiques Garnier, 2014). Elle travaille aussi sur Flaubert (colloque sur Salammbô en 1996, sur Madame Bovary en 2006, communication sur Flaubert et les Goncourt en 2016, séminaire Flaubert, site Flaubert de l’université de Rouen…). Elle a aussi publié, avec Sylvain Ledda, une édition de La Cousine Bette de Balzac chez Garnier-Flammarion (2015) et a écrit récemment plusieurs articles sur Barbey d’Aurevilly.


Chantal Pierre

Chantal Pierre est maître de conférences en littérature du dix-neuvième siècle à l’Université de Nantes. Elle est membre du comité de rédaction de la revue électronique Atlantide et des Cahiers naturalistes. Elle a travaillé sur Zola (Zola, Les Fortunes de la fiction, Nathan, 2000, édition G-F de L’Assommoir), les Goncourt (« Les larmes aux yeux : les Goncourt pathétiques », Europe, nov-déc. 2015), le naturalisme (« Viols naturalistes : ‘commune histoire’ ou ‘épouvantable aventure ‘ ? », Tangence, n°114, 2017), la génétique et la poétique du roman. Ses derniers travaux portent sur la place de l’émotion comme critère du discours et du jugement critique au XIXe siècle (« Un héritage naturaliste : la querelle de l’empathie », Naturalisme.- Vous avez dit naturalismeS ?, 2016, PSN ; « C’est que le coeur aussi se dessèche » : Gide, Flaubert et la sympathie, Bulletin des amis d’André Gide, Automne 2020).


Federica D’Ascenzo

Federica D’Ascenzo est professeur associé de Littérature Française auprès du Dipartimento di Lingue, Letterature e Culture Moderne de l’Università degli Studi « G. d’Annunzio» de Chieti-Pescara (Italie). Ses recherches portent sur la littérature française d’Avant-garde des XIXe et XXe siècles, sur l’évolution des techniques et des poétiques romanesques de la seconde moitié du XIXe siècle et du XXe siècle, et sur les rapports entre littérature francophone et culture italienne analysés par le biais de la réception, de la traduction, de l’autotraduction et de la réécriture. Elle a consacré de nombreux articles à l’œuvre d’Edmond et Jules de Goncourt et notamment une monographie I fratelli Goncourt e l’Italia (2012). Elle a également publié des éditions critiques visant à valoriser l’apport d’auteurs oubliés de la fin de siècle dans le renouvellement des formes narratives – Édouard Dujardin, Les Hantises (2001), Francis Poictevin, Songes (2012).


Véronique Cnockaert

Véronique Cnockaert est professeure au Département d’Études littéraires de l’Université du Québec à Montréal. Elle est spécialiste du XIXe siècle et particulièrement de l’œuvre de Zola et du Naturalisme (Édition d’Une Page d’amour de Zola, Paris, Garnier, 2021 ; Édition de Renée Mauperin des Goncourt, Paris, H. Champion, 2017 ; Édition commentée d’Au Bonheur des Dames, « Foliothèque », Paris, Gallimard, 2007). Elle s’intéresse également aux rapports entre littérature et ethnologie, elle a publié en collaboration avec Marie Scarpa et Jean-Marie Privat (univ. Paul-Verlaine de Metz) une Anthologie de l’ethnocritique (Presses U. de Québec, 2011).



Résumés de communication

Le jugement des Goncourt : une éthique et une esthétique de la valeur d’usage 

par Bernard Vouilloux

De bons esprits mettent régulièrement l’accent sur les « erreurs » de jugement dont les Goncourt se seraient rendus coupables : ces apôtres autoproclamés du goût, si prompts à dénoncer la fausse monnaie mise en circulation par les institutions, la presse, les écrivains et les artistes pressés d’arriver, ne sont-ils pas passés à côté de ceux que nous tenons pour les plus novateurs de leur temps ? Si leurs choix peuvent nous paraître discutables, du moins sont-ils gagés sur une « forme de vie » qui, associant étroitement une écologie de l’art et une éthologie de l’artiste, valorise dans l’œuvre l’empreinte sensible d’un individu et d’une époque. Les œuvres qui comptent aux yeux des Goncourt sont en effet celles qui possèdent un haut potentiel indiciaire : contre la reproduction mécanique dont les peintres réalistes reprendraient le principe au daguerréotype, ils jouent la mise en forme du document, et cela aussi bien dans leurs romans que dans leurs études historiques ou leurs monographies d’artistes ; contre l’impressionnisme, le processus même de fabrication des « impressions » japonaises, dans les plis desquelles se logent des façons de penser et de sentir ; contre la littérature industrielle, celle qui est signée par un style, etc. Parce qu’elle est coextensive à un champ préalablement reconnu, la logique indiciaire favorise les redécouvertes et les reclassements, au risque de verser dans un élitisme antidémocratique et dans l’esthétisme.


Les ambivalences de la valorisation (économique) chez Les Goncourt

par Alexandre Péraud

La question des valeurs (esthétiques, morales…) occupe une place centrale dans le discours des Goncourt, valeurs qui, pour être « inestimables », sont régulièrement confrontées à la valeur monétaire ou marchande. Mais pour n’en pas rester à ce conflit stéréotypé (la prosaïque marchandise contre les biens de l’esprit, la raison bourgeoise contre la sensibilité…), peut-être faut-il déplacer notre regard vers la problématique latente de la valorisation économique. Dans les romans comme dans le Journal, on s’interroge en effet sans cesse sur ce qui fonde la valeur : celle des œuvres bien sûr, mais aussi des individus, et des femmes en particulier. En dramatisant le conflit entre ces différentes sources de la valeur que sont le travail, l’utilité ou le désir…, les Goncourt ne s’inscrivent pas seulement au cœur d’un débat essentiel pour la science économique de leur époque. Leurs récits mettent en texte la rupture moderne au terme de laquelle, comme le dira Simmel, « la valeur constitue en quelque sorte le pendant de l’être ».


Edmond de Goncourt et l’art japonais

par Koseï Ogura

On sait qu’Edmond de Goncourt s’est intéressé à l’art japonais tout au long de sa vie et qu’il a publié deux monographies : Outamaro en 1891 et Hokousaï en 1896. Ces deux ouvrages sont la réalisation d’une grande ambition qu’il avait manifestée le 25 mai 1888 dans son Journal : « je voudrais écrire sur l’art japonais un livre dans le genre de celui que j’ai écrit sur l’art du XVIIIe siècle, un livre moins documentaire, mais un livre encore plus poussé vers la description pénétrante et révélatrice des choses ». Pour mener à bien son projet, Edmond s’est fait aider par Hayashi Tadamasa. Brigitte Koyama-Richard, dans Japon rêvé, a bien montré ce qu’Edmond lui doit et l’histoire de leur collaboration. Dans ma communication, je vais m’interroger sur Edmond de Goncourt en tant que critique d’art en étudiant Outamaro et Hokousaï ainsi que La Maison d’un artiste pour essayer de mettre en relief les valeurs esthétiques qu’il a découvertes dans l’art du Japon, valeurs à la fois semblables à celles de l’art français au XVIIIe siècle et tout à fait originales par rapport à elles. Les deux monographies se présentent en apparence comme une suite de chapitres fragmentaires commentant les œuvres des deux peintres, suivis d’une liste détaillée. Mais on peut déceler dans les descriptions d’Edmond une expérimentation de l’écriture artiste dont on mesurera la portée par rapport à l’ensemble des œuvres des Goncourt.

 Outamaro et Hokousaï  ne sont pas illustrés, il est donc difficile pour le lecteur d’avoir une idée précise de la correspondance entre les descriptions d’Edmond et les œuvres commentées. Heureusement Outamaro et Hokousaï ont été traduits en japonais, respectivement en 2005 et en 2019, avec de riches illustrations pour Outamaro; la traductrice a identifié la plupart des œuvres d’art décrites par Edmond ! Ce travail permet de mieux saisir ce que l’écrivain a vu réellement et dans quelle mesure ses jugements esthétiques sont pertinents.


Rocaille : Baudelaire et Manet lecteurs des Goncourt

par Stéphane Guégan

La composante rocaille de la modernité baudelairienne a suscité une attention croissante depuis les travaux de Georges Blin. Il en va de même des multiples incursions de Manet dans l’art du premier XVIIIe siècle et dans la recréation du mundus muliebris propre à Watteau, Boucher ou Fragonard. Tous deux, le poète et le peintre, devenus amis en 1862, ont été des lecteurs des frères Goncourt. Cette année-là, Baudelaire, la plume en main, a proprement dévoré La femme au XVIIIe siècle et en a nourri sa réflexion sur les liens entre l’art moderne et les mœurs changeantes de la société civile. Moins de vingt ans plus tard, depuis Bellevue, site idoine, Manet se procure certains fascicules de L’art du XVIIIe siècle. Dans l’intervalle, qui a vu le style Louis XV refleurir partout et défier les ultimes résistances à son regain, le peintre n’a cessé de donner des gages à cette révision des valeurs esthétiques qui se double, pour lui, mais aussi pour Baudelaire et Mallarmé, de la promotion d’un Beau « à la Française ». 


Les vêtements masculins chez les frères Goncourt : portée sociale et valeur esthétique

par Nao Takaï

Dans Le Journal, les remarques sur les vêtements masculins abondent : l’habit noir, la cravate blanche et le gilet de flanelle y sont souvent évoqués comme connotant la bourgeoisie. Les deux frères se posent aussi la question du dandysme. Proches d’écrivains comme Baudelaire, Huysmans entre autres, ils n’ont pas eux-mêmes choisi le dandysme. Nous nous pencherons sur les raisons de leur prise distance. Ces analyses permettront enfin de dégager la position unique des deux frères comme écrivains dont l’approche ouvre la voie à l’esthétique naturaliste et décadente, entre romantisme et symbolisme, qui s’enracine dans les principes qu’ils estiment et incarnent eux-mêmes.


Valeurs du suicide chez les Goncourt

par Sébastien Roldan

En 1857 les Goncourt notent dans le Journal une mode pour le moins curieuse : celle de ces mondaines qui, pour s’attirer les grâces de la bonne fortune, se rendent rue de la Vieille-Lanterne « touch[er] le barreau » de la grille d’égout « où s’était pendu Gérard de Nerval ». Se pose alors la question de la valeur du suicide à leur yeux : ici le rituel superstitieux semble à la fois constituer le pittoresque de ce qui a été saisi sur le vif et qui mérite d’être consigné, et prêter le flanc à quelque dédain rationaliste et misogyne. Mais peut-on généraliser cette observation ? Qu’est-ce que l’œuvre goncourtienne révèle du suicide ? Que représente la mort volontaire à leurs yeux ? Cette image est pérenne ou suit-elle une évolution à travers la carrière littéraire des deux frères ? Notre contribution a pour objectif de fournir quelques réponses à ces interrogations.


Les frères Goncourt sont-ils fraternels ?

par Stéphane Gougelmann

Chez les Goncourt, l’adelphie n’est pas une simple configuration familiale : elle est un mode d’existence et d’écriture, une façon d’être au monde et à la littérature. Mais être frères et s’en prévaloir signifie-t-il que la fraternité soit érigée en paradigme éthique voire en fondement politique ? 

Mise à l’épreuve par le libéralisme prégnant qui favorise l’individualisme et l’esprit concurrentiel, la fraternité peut apparaître, dans leurs écrits, comme un principe illusoire. D’autres modèles de solidarité leur paraissent d’ailleurs socialement préférables, le sentiment d’égalité qui s’éprouve dans la fraternité étant peu compatible avec leurs préjugés aristocratiques et leur haine de la Révolution. Néanmoins, renonceraient-ils à toute fraternité au-delà d’eux-mêmes ? Une forme de confraternité existe sous le Grenier ou dans le projet de l’Académie. La critique artistique sert aussi à fraterniser avec les peintres qu’ils admirent. Quant à leur style, il instaure une connivence avec le lecteur, ce « frère », selon la formule de Baudelaire. In fine, la fraternité, dans le système de valeurs des Goncourt, est moins une vertu morale qu’une convergence de goût, une affinité élective entre âmes artistes.


Plaidoyer pour une héroïne sans qualité. « La Fille Élisa » ou « l’art de parler au cœur et à l’émotion »

par Émilie Sermadiras

Dans la préface de La Fille Élisa, Edmond de Goncourt présente son roman comme un « plaidoyer » ayant pour ambition de « parler au cœur et à l’émotion [des] législateurs » pour les inviter à porter un regard critique sur le système pénitentiaire en général, et la règle du silence continu en particulier. Cependant, cette finalité exemplaire est éminemment problématique. Le récit a en effet pour héroïne un personnage dénué de toute qualité morale, dont le crime échappe largement à l’analyse, et donc au jugement. Certes, cette neutralité axiologique s’explique par la volonté d’analyser le personnage sous un angle objectif, médical, conformément aux exigences de la poétique naturaliste. Mais il n’en reste pas moins que cela brouille la valeur exemplaire du cas romanesque. La question se pose alors de savoir comment le romancier tient la gageure de susciter chez le lecteur un sentiment de commisération pour les malheurs d’une héroïne « sans qualité » afin de faire de son parcours le support d’une réflexion sociale, politique et éthique 


« Salto mortale » ou la périlleuse vision de l’homme de lettres chez les Goncourt

par Jean-Didier Wagneur

Jules et Edmond de Goncourt ont consacré deux romans à la bohème. En 1860, Charles Demailly s’en prend à la bohème médiatique et sept ans plus tard Manette Salomon porte un regard critique sur celle des arts. Publié en 1879, le roman Les Frères Zemganno semble paradoxal. Edmond donne pour cadre à son roman-tombeau pour Jules la bohème originelle des saltimbanques. Nous nous interrogerons sur la permanence de cette approche postromantique au contact des figures du clown fin de siècle dans la constante recherche des deux frères d’une définition de l’écrivain.


Valeurs de l’échec : (auto)portrait des Goncourt en auteurs sifflés

par Marie-Astrid Charlier

La passion des frères Goncourt pour le théâtre n’est plus à démontrer, tout comme les « fours » qu’ils ont subis, d’Henriette Maréchal à la Comédie-Française le 5 décembre 1865 à Germinie Lacerteux à l’Odéon en 1888 puis Charles Demailly au Gymnase le 19 décembre 1892. Que ce soit avec du théâtre de création (A bas le progrès !, 1893), d’adaptation ou des adaptations autorisées, les Goncourt ont tenté de s’imposer dans le paysage dramatique de la seconde moitié du XIXe siècle. Souvent refusées sur les grandes scènes parisiennes, leurs pièces ont trouvé refuge au Théâtre-Libre d’André Antoine, un des plus fameux « théâtres à côté » de la fin du siècle, où les « petits » naturalistes ont adapté Sœur Philomène (Vidal et Byl, 1887), Les Frères Zemganno (Alexis et Méténier, 1890) ou encore La Fille Elisa (Ajalbert, 1890). À partir des travaux pionniers d’Anne-Simone Dufief et de Jean-Pierre Sarrazac sur le tournant « naturalo-symboliste », ma communication propose d’étudier la posture d’auteurs sifflés que les Goncourt, puis Edmond seul, ont construite et jouée, notamment dans leur Journal et leur correspondance. Il s’agira de cerner les valeurs qu’ils attachent à leurs multiples échecs scéniques et de comprendre les fonctions du retournement de la contrainte imposée par le champ théâtral (pièces refusées et/ou sifflées) en valeur littéraire, artistique et dramatique. 


Valeur de l’inactualité

par Véronique Samson

Les romans de Jules et Edmond de Goncourt sont peuplés d’être inactuels, qui ne coïncident pas tout à fait avec leur présent. Certains, comme Mlle de Varandeuil, naissent à la fiction dans ce décalage ; d’autres atteignent progressivement l’inactualité au fil de l’intrigue, pour ne plus exister que dans leur propre passé. Par l’étude de ces trajectoires intempestives, cette communication propose que le temps fait bel et bien partie des modes d’évaluation des frères Goncourt et, plus exactement, que l’inactualité est l’une des valeurs de cette œuvre pourtant attentive à la modernité


« La Femme au XVIIIe siècle » : histoire ou fantasme ?

par Robert Kopp

Pour les Goncourt, la femme du XVIIIe siècle est l’exact opposé de celle du XIXe. Au siècle français par excellence, à sa culture aristocratique portée par des femmes, ils opposent le siècle de la démocratie et de la vulgarité, incarné par la prostitution. En dépit d’une documentation souvent inédite, aussi abondante que sérieuse, leur ouvrage dépasse les limites de l’histoire pour devenir un élément de leur mythologie personnelle. Il participe ainsi à leur définition de la modernité, qui rejoint sur plus d’un point celle d’un de leurs premiers lecteurs, Baudelaire, qui comptait utiliser leur travail dans l’élargissement de son étude, Le Peintre de la vie moderne, consacrée à Constantin Guys.


Épigones d’outre-mer : les valeurs goncourtiennes dans la littérature brésilienne

par Zadig Gama

Tout au long de la deuxième moitié du XIXe siècle, l’œuvre d’Edmond et de Jules de Goncourt circule au Brésil en français et en portugais. Lors des dernières décennies du XIXe siècle et des premières décennies du XXe, les valeurs esthétiques de leurs ouvrages sont identifiées, appréciées, voire appropriées par une partie de la communauté lettrée brésilienne. Il s’agit de valeurs morales et esthétiques rattachées à la laïcité et à l’atténuation du romanesque ainsi que d’un style fait d’une écriture recherchée, fondée sur l’observation et sur des documents. La critique brésilienne en donne un aperçu et indique un réseau de jeunes écrivains épigones des Goncourt, qui opèrent des transferts de ces valeurs dans leurs romans : Lar (Foyer, 1888) de Pardal Mallet, Flor de sangue (Fleur de sang, 1897) de Valentim Magalhães, et O Simas (Le Simas, 1898) de Pápi Junior. Ou encore dans le conte “Confissão de uma noiva” (« Confessions d’une fiancée », 1914) d’Arthur Azevedo, où la lecture de Chérie éveille chez la protagoniste sa curiosité sur la nuit de noces. On évoquera aussi le pastiche des frères Goncourt chez quelques écrivains-journalistes, comme Escragnolle Dória dans le recueil de contes Dor (Douleur, 1903) et dans ses séries d’études sur des chanteurs et musiciens contemporains.


La Révolution dans la famille et la dissolution des liens du sang chez les Goncourt

par Peter Vantine

Cette intervention étudiera le rôle de la famille dans l’œuvre des frères Goncourt. Dès la publication de leur plaquette Les Révolutions dans les mœurs (1854), les auteurs déclarent la centralité de la famille dans leur système de valeurs et déplorent la dégradation des structures familiales, des mœurs traditionnels au sein de la famille, et du rôle de la famille dans la société du dix-neuvième siècle. Selon les Goncourt, la perte de respect pour la paternité — chez les enfants, les femmes ambitieuses et les pères eux-mêmes — et la rupture avec le passé par l’oubli de l’héritage familial participent au renversement des hiérarchies qui entraîne la déstabilisation de la société, voire le désordre social. J’examinerai les propos volontairement provocatrices et réactionnaires de La Révolution dans les mœurs, des observations sur la famille dans le Journal, et la manière dont les auteurs développent leurs idées sur la famille dans leur fiction.


En haine de la philanthropie

par Pierre Dufief

Les Goncourt sont des moralistes qui ont une vision très pessimiste de l’homme. Marqués par l’influence de Gavarni, ils dénoncent la croyance au progrès, à la bonté d’une humanité qu’ils peignent au noir dans leur Journal et dans leurs romans. Les Goncourt sont assurément des misanthropes, malgré leur besoin de sociabilité, bien plus que des philanthropes.

Ils ont critiqué le XVIIIe siècle des philanthropes, sa sensiblerie et ses dangereuses illusions qui ont amené les violences de la Révolution. Ils ont constamment affiché leur refus des idéaux humanitaires de 1848, dénonçant le rôle ravageur des grands mots (humanité, charité, fraternité) au nom desquels tant de crimes ont été commis ; ils ont rejeté les abstractions pour privilégier les cas concrets. Leur réalisme politique les a rendus critiques à l’égard des luttes en faveur des peuples opprimés (Pologne) et du christianisme romantique. La République, fondée, selon Edmond, sur le mensonge de « la fraternité universelle, n’a pas trouvé grâce à ses yeux.

Les philanthropes, loin de concourir au bonheur des hommes, ont accru leur souffra nce par un souci de rationalisation systématique. Le système pénitentiaire moderne, calqué sur le modèle américain et dénoncé dans La Fille Elisa, est bien plus inhumain que les anciens châtiments. Si l’Amérique et ses philanthropes sont critiqués, l’Italie et ses pratiques d’une charité de proximité, à l’ancienne, sont valorisées. Les Goncourt figent les vraies valeurs dans la période pré-révolutionnaire. N’est-il pas significatif qu’ils évoquent dans leur préface de Germinie Lacerteux le spectacle de ces misères que « les reines autrefois faisaient toucher de l’œil à leurs enfants dans les hospices » ?


Entre regrets et sarcasmes, les Goncourt et la religion

par Stéphanie Champeau

Du Journal aux romans, l’œuvre des frères Goncourt est traversée de réflexions autour de la religion. Si leur position personnelle à ce sujet (d’après, du moins, ce que l’on peut en percevoir) ne change guère au fil du temps -position qui est celle d’un agnosticisme (plus que d’un athéisme « dur », sorte de foi à rebours qu’ils rejettent) de bon aloi chez les artistes et « intelligences » d’élite auxquels ils se sentent appartenir et veulent être identifiés, beaucoup de passages du Journal, et surtout leur dernier roman écrit en commun, Madame Gervaisais, dont on pourrait dire (en reprenant une expression de Marc Fumaroli à propos des Mémoires d’Outre-Tombe à l’égard de René) qu’il est la « géniale amplification » de leur fascination, de leurs fantasmes et de leurs projections à l’égard de la religion (tout ensemble comme foi, comme fait de société, et comme source de culture et de civilisation), attestent qu’ils ne se sont pas cantonnés dans la confortable « indifférence en matière de religion » vitupérée en son temps par Lamennais. S’il est impossible de trouver chez eux la moindre foi en l’Incarnation, si leur approche de Jésus est, en gros, celle de Renan, les choses sont moins nettes en ce qui concerne la possibilité d’un Dieu créateur, et, surtout, en ce qui concerne l’évaluation des effets de la religion. Ici, l’esprit des Lumières, les souvenirs du roman noir, le mythe « jésuite » entrent en conflit avec l’héritage de Chateaubriand et de Lamennais développant l’apport culturel et civilisationnel inestimable du christianisme, source du beau moderne, de la mélancolie, de la sensibilité, de l’émotion… Tout cela forme un ensemble contrasté, pas toujours cohérent mais infiniment suggestif, qui dit beaucoup aussi sur leur temps et la place qu’y tint le fait religieux. 


Les Goncourt ou l’impossible reconnaissance

par Chantal Pierre

Les Goncourt aiment-ils le peuple ? eux qui se sont illustrés dans la représentation de ses figures souffrantes et dévoyées (Germinie, Elisa) avant de tourner la page pour ne plus s’intéresser qu’à des figures plus distinguées, comme La Faustin ou Chérie. La question, un peu grossière, mérite d’être posée dans le cadre d’une confrontation entre valeurs chrétiennes et valeurs humanitaires, telles qu’elles s’énoncent entre 1848 et 1870. S’ils fustigent, dans leur Journal, les « bruyants aimeurs de peuple » de leur époque (Journal, décembre 1860), ils lui opposent « la grandeur simple » de la religion chrétienne qui porte secours au peuple souffrant. Si Baudelaire renvoie dos-à-dos dans « Assommons les pauvres » justice sociale et charité chrétienne, les frères semblent sauver la charité du désenchantement, faisant d’elle une valeur, autant éthique qu’esthétique, à travers laquelle il est possible d’aimer le peuple, non pas comme corps politique, mais corps souffrant. 


« Idées et sensations » ou le système aphoristique des valeurs goncourtiennes

par Federica D’Ascenzo

Si les Goncourt pratiquèrent tous les genres, ils le firent dans l’optique de les renouveler, de les plier à exprimer leur vision du monde et de la modernité, mais surtout au nom d’une science des mœurs dont toute forme d’art devait selon eux être porteuse. Éthique et esthétique ont pour les deux frères partie liée, qu’il s’agisse du roman, devenu «Histoire morale contemporaine» ayant assimilé «les études et les devoirs de la science» pour rechercher «l’Art et […] la Vérité», du théâtre devant contraster l’engouement du public pour les dramaturges scandinaves et remettre à l’honneur «les qualités françaises», ou encore de l’écriture diaristique chargée de portraiturer les hommes dans le fugitif et le provisoire de l’impression d’un instant pour «représenter l’ondoyante humanité dans sa vérité momentanée». Quel que soit le genre que les Goncourt choisissent, celui-ci devient le lieu d’une bataille où l’horizon d’attente du public compte moins que la nécessité d’exprimer de façon fidèle le résultat de leur anatomie du réel. La distinction et la vocation, qui caractérisent le nouveau statut de l’artiste moderne, apparaissent ainsi comme les garantes de l’authenticité des valeurs exprimées, au prix d’un labeur sans égal et d’une réception fluctuante. Antimodernes devenus pourtant témoins de la modernité, Edmond et Jules de Goncourt revendiquent la cohérence systémique et le caractère moral de leur production littéraire où rien n’est laissé au hasard.

Idées et sensations n’échappe pas à cette double exigence. Dans cette œuvre en général délaissée, les deux écrivains ont réinterprété la forme brève, bien plus dans la lignée de Chamfort que de Joubert ou de La Rochefoucauld. L’hybridation formelle qu’ils mettent en place tient de l’aphorisme, qui deviendra la forme moderne de la brièveté, partagé entre la pensée qui aspire à l’universalité et la sensation en tant qu’impression observée, étudiée et analysée. Leurs idées oscillent entre une vérité apparemment générale et une affirmation de l’individualité et de la singularité ; leurs impressions se construisent autour de l’anecdote et du portrait, mais intègrent le paradoxe, imprimant une valeur circonstancielle et relative à l’énoncé et se prêtant à l’expression de la distinction. Écriture tiraillée entre l’impression de finitude et celle de l’incomplétude, elle se veut le produit de l’immédiateté autant que de l’ironie et une déclinaison de l’esthétique du morcelé, de la touche impressionniste ou de la fragmentation typique de leur esthétique. Un système de valeurs se dessine inévitablement: la forme s’y prête, en se distinguant du Journal et en poursuivant un objectif plus explicite; les sujets abordés tracent les contours de tout l’univers goncourtien.


La jouissance masquée ou « la peine du style »

par Véronique Cnockaert

La satisfaction des appétits décris dans les romans dits réalistes ou naturalistes sont un passage obligé. Cependant quand est-il vraiment de la jouissance et de sa représentation romanesque ? Chez les Goncourt, dans les romans ou dans le Journal, s’élabore une clinique de la jouissance, qui va des affects du corps — qui ne craignent pas la démesure allant jusqu’à s’opposer au plaisir (ainsi l’abnégation douloureuse d’Élisa pour son commis-voyageur) — à la jouissance quasi mortifiée de l’écrivain, « mort du travail de la forme, à la peine du style » (J., 22 juin 1870).

Cet article aimerait cerner cette jouissance masquée dans quelques romans (Renée Mauperin, La Fille Élisa, Madame Gervaisais) et dans Le Journal (extraits) afin de révéler (ou non) une économie singulière de la jouissance qui va de la transgression par le corps à celle sublimée, mais non moins réelle, par et de l’écriture.



Non

Félix Nadar (1820-1910) – Portrait d’Edmond et Jules Goncourt

France-Amérique latine : littérature et sciences humaines (1945-2022)

INTRODUCTION

Colloque organisé par les universités de CY Cergy Paris et Nantes, en collaboration avec les universités de Londrina, Natal, Sao Paulo (Brésil) et de La Paz (Bolivie).

Ces rencontres se donnent pour objet de faire le point sur les très riches échanges culturels entre la France et les pays d’Amérique latine dans le domaine littéraire, depuis la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à nos jours. Par « littéraire », on entend autant la littérature à proprement parler (du récit fictionnel à la poésie, en passant par l’essai) que l’ensemble des sciences humaines, étant donné la forte corrélation entre ces domaines tout au long de la période étudiée (entre l’existentialisme et la déconstruction, en passant par le structuralisme et les différentes variables du poststructuralisme) 

On connaît la passion pour la littérature que partagent les acteurs du monde culturel des deux côtés de l’Atlantique, l’intensité des voyages d’écrivains entre les grandes capitales du monde latin. On connaît bien la French theory, la diffusion de la pensée française d’après-guerre et son appropriation créatrice dans le monde hispanophone, lusophone et anglophone. Aussi curieux que cela puisse paraître, il n’existe aucun travail de synthèse sur l’influence et la transformation de la pensée française en Amérique latine, aussi bien dans le monde hispanophone que dans le monde lusophone. Ce colloque propose un ensemble d’interventions filmées et diffusées sur le site de la Fondation Singer Polignac dont on espère qu’il servira de référence dans le domaine.

La notion d’échange suppose que l’on s’intéresse également à l’empreinte des pratiques francophones (l’Afrique ou la Caraïbe, si proche géographiquement et culturellement de l’Amérique latine) et que l’on accorde une place importante à la manière dont les cultures latino-américaines trouvent un écho en France et ailleurs. La littérature latino-américaine a connu une réception considérable à Paris (en particulier le roman) – réception qui a touché toute l’Afrique francophone, au nord ou au sud du Sahara. Ainsi, le « réalisme merveilleux », le néo-baroque latino-américain ont nourri de nombreux écrivains en quête de nouvelles formes d’écriture, moins orientées vers la culture française.

Seront ainsi abordés les œuvres et la réception d’écrivains et intellectuels aussi divers que Bourdieu, Borges, Carpentier, Deleuze, Foucault, Garcia Marquez, Glissant, Kourouma, Lévi-Strauss, Mammeri – autant de noms qui témoignent de la permanence et de l’intensité du dialogue culturel. 

Une place particulière sera réservée à Roland Barthes dont la réception reste particulièrement vivante aujourd’hui.

Programme

Lundi 9 mai

13h30 – Accueil

14h – Introduction par Claude Coste, Gustavo Guerrero et Régis Tettamanzi

Séance 1 : Roland Barthes

17h – fin de la première journée


Mardi 10 mai 

10h – ouverture de la deuxième journée

Séance 1 : Roland Barthes
Séance 2 : Sciences humaines

13h-14h – Déjeuner

Séance 3 : Arts et littérature

17h – fin de la deuxième journée


Mercredi 11 mai

10h30 – ouverture de la troisième journée

Séance 3 : Arts et littérature

13h-14h – Déjeuner

16h : clôture du colloque

Biographies

Claude Coste

Claude Coste est professeur de littérature française et francophone à l’université CY Paris Cergy. Sa recherche porte principalement sur l’œuvre de Roland Barthes (Roland Barthes moraliste, 1998, Bêtise de Barthes, 2012, Roland Barthes ou l’art du détour, 2016) et sur les relations de la littérature et de la musique (Les Malheurs d’Orphée, 2003, Orphée ou les Sirènes, 2014). En 2015, il a co-organisé le colloque « Barthes et la musique » à la Fondation Singer Polignac ; toujours en 2015, il a participé aux colloques du centenaire qui se sont tenus à Sao Paulo (« Barthes Plural ») et à La Paz (« Roland Barthes amateur »).


Laura Brandini

Laura Brandini est professeure des Littératures Française et Comparée à l’Université de Londrina. Sa formation académique, obtenue à São Paulo, Genève et Paris, porte sur les rapports entre le Brésil et la France, aussi bien que sur l’œuvre de Roland Barthes. 


Gustavo Guerrero

Gustavo Guerrero est professeur d’Histoire Culturelle et de Littérature hispanoaméricaine contemporaine à l’Université CY Cergy Paris et à l’Institut d’Études Politiques de Saint-Germain-en-Laye. Parallèlement il est le conseiller littéraire de la maison Gallimard pour le monde hispanique et lusophone à Paris. Il est auteur des essais La estrategia neobarroca (Barcelone, 1988), Itinéraires (Caracas 1997), La religion du vide (Mexico, 1998), Poétique et poésie lyrique (Paris, 2001), Historia de un encargo : La Catira de Camilo José Cela (Barcelone, 2008), et Paisajes en movimiento, literatura y cambio cultural entre dos siglos (Buenos Aires, 2018). Actuellement il dirige le projet interuniversitaire « Médiation éditorial, diffusion et traduction de la littérature latino-américaine en France » (MEDET LAT) à l’École Normale Supérieure de Paris.


Régis Tettamanzi

Régis Tettamanzi est professeur de littérature française du XXe siècle à l’université de Nantes. Ses travaux de recherche sont d’orientation sociocritique. Il s’est d’abord intéressé à la littérature romanesque et polémique du XXe siècle, en particulier l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline (Esthétique de l’outrance. Idéologie et stylistique dans l’œuvre de L.-F. Céline, 1999). Il a publié la première édition critique des pamphlets de Céline (Écrits polémiques, Québec, Éditions 8, 2012). Il travaille également sur les représentations du Brésil dans la littérature française contemporaine, domaine auquel il a consacré deux ouvrages (Les Écrivains français et le Brésil, la construction d’un imaginaire de La Jangada à Tristes tropiques, 2004 ; Le Roman français et l’histoire du Brésilessai sur l’exotisme littéraire, 2007), une anthologie (Le Voyage au Brésil, coll. Bouquins, 2014) et de nombreux articles.


Márcio Venício Barbosa

Márcio Venício Barbosa est professeur de Littérature française à l’Université fédérale du Rio Grande do Norte, au Brésil, dirige le groupe de recherches « L’écrivain pluriel : études pluridisciplinaires de l’œuvre de Roland Barthes ». Son travail à présent porte sur l’œuvre de Leyla Perrone-Moisés et ses rapports avec les idées de Roland Barthes.


Marcelo Villena Alvarado

Marcelo Villena Alvarado est enseignant-chercheur au département de Littérature et à l’Instituto de Estudios Bolivianos de l’Universidad Mayor de San Andrés, à La Paz, en Bolivie. Il a publié Las tentaciones de San Ricardo, siete ensayos para la interpretación de la narrativa boliviana del siglo XX (2004, 2011) ; El preparado de yeso: Blanca Wiethüchter, una critica afición (2014) ; Roland Barthes, el deseo del gesto y el modelo de la pintura (2015, versión en espagnol de la thèse soutenue à Paris vii en 2010) ; en collaboration : Roland Barthes Amateur (2016, actes du colloque tenu à La Paz en 2015).


Claudia Amigo Pino

N.C


Ester Pino Estivill

Ester Pino Estivill est enseignante de théorie littéraire et littérature comparée à l’Université de Barcelone. Elle a publié plusieurs articles sur la réception de Roland Barthes dans la critique hispanophone et sur les relations littéraires et théoriques entre la culture catalane et la culture française. Elle est membre de l’équipe de recherche Littérature Comparée dans l’Espace Intellectuel Européen (UB).


Corinne Blanchaud

Corinne Blanchaud, maître de conférences, enseigne la littérature de langue française et la théorie littéraire au département de lettres modernes de l’université de Cergy-Pontoise. Elle est membre de l’UMR Héritages. Ses publications concernent principalement la prose poétique de langue française contemporaine et la génétique des textes : Pour la poésie. Poètes de langue française, XXème-XXIème (C. Blanchaud & Cyrille François, dir., Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, « Littérature hors frontière », 2016, 480 p.) ; elles abordent également l’histoire littéraire et l’histoire des idées (Classique ou francophone ? De la notion de classique appliquée aux œuvres francophones, C. Blanchaud, dir., Amiens, Encrage, « CRTF », 2015, 141 p.). En 2022, deux ouvrages sont en cours d’édition, avec Pierre-Henri Kleiber, Les Revues de poésie à l’épreuve du monde contemporain : un lieu d’expérience et de genèse poétiques aux Presses universitaires de Rennes ; et une édition de la correspondance de Jean-Michel Reynard et André du Bouchet aux éditions Le Bruit du temps.


Max Hidalgo

Max Hidalgo Nácher enseigne la Théorie de la Littérature et la Littérature Comparée à l’Universitat de Barcelona (UB). Il consacre sa recherche à l’œuvre et aux réseaux intellectuels d’Haroldo de Campos ainsi qu’à l’histoire et aux usages de la théorie littéraire. Il a publié, entre d’autres, des articles sur Roland Barthes, Samuel Beckett, José Bergamín, Haroldo de Campos, Oscar Masotta, Leyla Perrone-Moisés et Nicolás Rosa, et dirigé les dossiers « Historia y usos hispánicos de la teoría » (452ºF, 2015) et « Circulações da teoria na América Latina » (Landa, 2019). Il a fait séjours de recherche à l’Universidad Nacional de Rosario (2013), Universidade de São Paulo (2015 et 2017), Centro de Referência Haroldo de Campos (2018), Harvard University (2016) et à l’École Normale Supérieure (2021), cette dernière en tant que chercheur invité du Programme DEA de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme. Il vient de publier le livre Teoría en tránsito. Arqueología de la crítica y la teoría literaria españolas de 1966 a la posdictadura (Santa Fe, Universidad Nacional del Litoral, 2022), premier volume d’une recherche sur Los estudios literarios en Argentina y en España: institucionalización e internacionalización, coordiné avec Analía Gerbaudo.


Magdalena Campora

Magdalena Cámpora est chercheuse au CONICET (Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas) et professeure de Littérature française à l’Universidad Católica Argentina. Elle prépare actuellement un livre sur les transformations éditoriales et les usages idéologiques de la littérature française en Argentine au XXème siècle : El intérprete imprevisto. Clásicos franceses en ediciones populares argentinas (1901-1955).

Publications récentes :

Articles “Voltaire”, “Balzac”, “Flaubert”, “Rimbaud”, “Bacourt”, “La literatura francesa, el francés y Borges”, Borges babilónico, sous la dir. de Jorge Schwartz, Buenos Aires, Fondo de Cultura Económica, à paraître (éd. Brésil : Borges Babilônico. Uma enciclopédia, São Paulo, Companhia das Letras, 2017).

La Nación, el Segundo Imperio y la Tercera República. Pedagogía cultural y novela francesa en la Argentina (1901-1920)”, Mélanges de la Casa de Velázquez, à paraître.

“« La Croix du Sud » en el cielo contemporáneo. Novísimos latinoamericanos en Francia”, en Novísimas. Las narrativas latinoamericanas y españolas del siglo XXI, sous la dir. de Ana Gallego Cuiñas, Madrid, Iberoamericana-Vervuert / Berlin, De Gruyter, 2021, pp. 346-366.

 “¿La versión de Babel? Imaginarios de lengua y traducción en la Argentina, 1900-1938”, Scènes de la traduction France-Argentine, sous la dir. de Roland Béhar et Gersende Camenen, Paris, ENS/Éditions Rue d’Ulm, 2020, pp. 25-47.

Direction de Letras, nro 81 (2020): “Borges, sus ensayos: lógicas textuales y archivos de época”.

Direction de Anales de Literatura Hispanoamericana, vol. 49 (2020), (co-direction avec Guadalupe Silva): “Campos en tensión: política, estética e importación cultural en el Cono Sur (1930-1990)”.

Raúl Gustavo Aguirre y René Char, Correspondencia y poemas, Buenos Aires, Edhasa, 2016.

Borges–Francia, (co-direction avec Javier Roberto González), Buenos Aires, Selectus, 2011, 535 p.


Mabel Morana

Mabel Moraña is Willliam H. Gass Professor of Arts and Sciences at Washington University in St. Louis, where she is the Director of the Latin American Studies Program. She has been Director of Publications of IILI (Instituto Internacional de Literatura Iberoamericana) and has published extensively on Latin American literature from the colonial period to the present, including topics of cultural theory, literary and cultural criticism, narrative and philosophy. She has published 20 authored books. Among them: Arguedas/Vargas Llosa: Debates and Assemblages (awarded with the Singer Kovacs Award, MLA, and the Premio Iberoamericano, LASA); The Monster as War Machine; and Philosophy and Criticism in Latin America. From Mariategui to Sloterdijk. Her latest books are Líneas de fuga. Migración, frontera y sujeto migrante (800 pp., 2021); Pensar el cuerpo. Historia, materialidad y símbolo (2021) y “Nosotros, los barbaros”. Tres escritores mexicanos en el siglo XXI (2022)


Ignacio Sanchez-Prado

Ignacio M. Sánchez Prado ocupa la cátedra Jarvis Thurston and Mona van Duyn en humanidades en Washington University in St. Louis, Missouri, Estados Unidos. Es parte del cuerpo docente de los programas de estudios latinoamericanos y de literaturas hispanohablantes. Su trabajo de investigación se centra en cuestiones teóricas, críticas e institucionales relacionadas a la literatura y el cine de México en particular, y de América Latina de manera más general. Es autor de siete libros y editor de quince. Entre sus más recientes volúmenes se encuentran Strategic Occidentalism. On Mexican Fiction, the Neoliberal Book Market and the Question of World Literature y Mexican Literature as World Literature. Sus artículos han aparecido en revistas académicas de las Américas, Europa y Asia, así como en el Washington Post, el Los Angeles Review of Books y otras publicaciones.


Chantal Lapeyre

Chantal Lapeyre est Professeur de littérature contemporaine/Création littéraire et artistique. Elle mène des recherches sur les liens entre danse (baroque et contemporaine) et littérature, ainsi que sur les usages du « baroque » – le mot et la chose- dans la période contemporaine. Elle a publié plusieurs ouvrages sur Pascal Quignard, la littérature contemporaine et la danse, ainsi que Fictions nécessaires – Pour une danse baroque contemporaine, aux Editions du CND, en 2021.


Renée-Clémentine Lucien

Renée Clémentine Lucien est agrégée d’espagnol, docteure en Études romanes, spécialiste de la littérature, de la civilisation et des arts de l’Amérique latine et de la Caraïbe (XIX – XXIe siècle). MCF à l’université Paris Sorbonne, elle est chercheuse au CRIMIC et au GRIAHAL. Elle travaille sur les identités, la transculturalité, la théorie littéraire. Elle a publié Résistance et cubanité (2006), co-dirigé Regards sur 50 ans de vie culturelle avec la Révolution cubaine avec Julie Amiot-Guillouet (2010), José Martí : de la Cuba esclavagiste à notre Amérique avec Sylvie Bouffartigue et Sandra Hernandez (2015), La novela de mi vida de Leonardo Padura (2020) et de nombreux articles sur des artistes et des écrivains de la Caraïbe hispanique et francophone. 


Andy Stafford

Andy Stafford, spécialiste de l’œuvre de Roland Barthes, mène des recherches sur les littératures francophones, surtout sur les formes brèves – essai, poème, conte – du Maghreb, de l’Afrique et des Antilles. Il vient de publier un chapitre sur le travail du jeune Abdelkébir Khatibi ; son étude sur La Revue du monde noir va paraître bientôt dans un volume sur « Les femmes et les revues ». Habilité à diriger des recherches par l’université de Grenoble-Alpes, il enseigne à l’université de Leeds au Royaume-Uni.


Khadidja Khelladi

Professeur à l’université Alger 2 et à l’École Normale Supérieure d’Alger où elle enseigne la langue, la littérature et la civilisation françaises, Khadidja Khelladi a soutenu un doctorat de 3°cycle sur « Le Discours mythique dans le théâtre de Kateb Yacine » et un doctorat d’État sur « Littérature orale et Imaginaire. Paradigmes de récits hilaliens ». Elle s’intéresse en particulier aux relations entre littérature et anthropologie. Ses corpus d’étude sont constitués par les littératures populaires, orales et écrites. Sa réflexion porte sur l’évolution et la contamination des motifs dans les mythes littéraires et leurs réécritures. Elle a participé à des ouvrages collectifs, a codirigé avec le professeur Claude Coste un numéro de la revue Recherches & Travaux de Grenoble sur les Mythes du Maghreb et du Machreq, a publié des articles dans les revues des Universités Alger 2, de Grenoble, de Limoges, de Lyon et dans les revues du CNRPAH (Centre National de Recherches en Préhistoire, Anthropologie et Histoire) où elle est chercheuse associée. Ses recherches actuelles portent sur les relations entre littérature, mythe et anthropologie.


Boussad Saim

Boussad Saim, maître de conférences à l’École normale supérieure de Bouzaréah (HDR) soutient, à l’Université de Grenoble-Alpes en 2013, sa thèse de doctorat qui porte sur « Les modes de signifiance du nom propre : l’exemple de Mouloud Mammeri, Yacine Kateb et Jean-Mari Gustave Le Clézio ». Dernières publications : 

  • « La célébration de la création dans La carte d’identité de J-M- Adiaffi, comme rempart de résistance face à l’Histoire », Résilience et modernité dans les littératures francophones, sous la direction de Marc Quaghebeur (Peter Lang, Bruxelles, 2021). 
  • « Quand la musique rime avec le bonheur du lieu dans L’invention du désert de Tahar Djaout », communication lors de la journée d’études Les lieux du bonheur : approches littéraires (Nantes, 2019, à paraître prochainement).
  • « Réflexion sur le récit de vie de l’œuvre », communication lors d’une journée d’études internationale (Tours en 2020) consacrée à Dynamiques et enjeux ethico-épistémologiques du récit de vie : réfléchir en termes d’expérience (à paraître prochainement).
  • « La parole poétique dans L’arbre à dires de Mohamed Dib ou comment se perpétue l’originaire », communication lors d’une journée d’études consacrée à Narration des origines dans les cultures du monde et dans les arts (actes du colloque à paraître chez Classiques Garnier en avril 2022).

Julie Amiot-Guillouet

Julie Amiot-Guillouet est ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, agrégée d’espagnol, titulaire d’un doctorat en études romanes avec une thèse publiée sous le titre Amours, danses et chansons. Le mélodrame de cabaret au Mexique et à Cuba (années 1940-1950) chez Peter Lang en 2015 dans la collection « Repenser le cinéma ». Professeure des Universités et Directrice-adjointe de l’UMR 9022 Héritages (CY Cergy Paris Université, CNRS, Ministère de la Culture) depuis 2020, chercheure associée du laboratoire CRIMIC de Sorbonne Université, elle a publié divers articles sur le cinéma hispanique classique, moderne et contemporain, et dirigé trois ouvrages collectifs : Cuba. Cinéma et Révolution en 2006 avec Nancy Berthier ; 1959-2009 : regards sur 50 ans de vie culturelle avec la Révolution cubaine en 2012 avec Renée Clémentine Lucien, et Frente a la catástrofe. Temáticas y estéticas en el cine español e iberoamericano contemporáneo en 2017 avec Nancy Berthier. Elle est membre honoraire de l’Institut Universitaire de France où elle a développé un projet de recherche sur l’aide des fonds de soutien institutionnels européens au cinéma latino-américain. Elle a soutenu en 2017 une Habilitation à Diriger des Recherches dont le mémoire inédit porte sur « Le moment argentin du Fonds Sud (2004-2009) », production et réception d’un cinéma alternatif.


Gérard Macé

Auteur aux multiples talents, parfois traducteur et photographe, voyageur, Gérard Macé pratique divers genres littéraires, à travers une œuvre opulente. Il a reçu notamment le prix Roger Caillois pour Le goût de l’homme (Folio essais n° 651), ouvrage qui manifeste son vif intérêt pour l’Amérique du Sud et l’Afrique, le grand prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre poétique (2008) ; il a remporté, en décembre 2020, le prix de la critique littéraire 2020 Pen Club/ Brasserie Lipp pour son livre Et je vous offre le néant, une lecture de Sade. Gérard Macé est également l’auteur d’une anthologie, La pensée des poètes, parue en 2021 en Folio/essais.


Résumés de communication

Barthes, Sarduy et le baroque

par Claude Coste

Pendant longtemps, l’histoire littéraire française a négligé le baroque au bénéfice du classicisme (opposé à la seule préciosité). Soucieux de revendiquer et d’imaginer une forme de baroque à la fois historique et transhistorique, Barthes paradoxalement néglige les écrivains du XVIIe siècle pour se tourner vers un passé lointain (Tacite) ou vers d’autres horizons géographiques (le Maroc de Khatibi et Morsy). Mais s’il n’est jamais allé en Amérique du Sud et ne s’est guère intéressé à l’émergence culturelle de ce continent, c’est principalement en lisant l’œuvre de son ami l’écrivain cubain Severo Sarduy que Barthes va définir une forme d’écriture « baroque » qui cherche à décentrer la langue et s’émanciper des codes.


Barthes en Amérique Latine : une approche comparée

par Claudia Amigo Pino

Cette intervention a pour but de montrer les lignes générales de la circulation de l’œuvre de Roland Barthes en Amérique Latine, à partir d’une approche comparée de sa réception au Chili, en Argentine et au Brésil. Pour cela, on renverra surtout aux discussions critiques, à la présence de Barthes dans la fiction et aux thèses d’étudiants d’Amérique Latine dirigées par Barthes – sans oublier sa présence dans le marché éditorial (traductions). Ce panorama nous permettra de montrer son rôle dans la légitimation de quelques paradigmes critiques ou, tout au contraire, son rôle dans la mise en question des idées dominantes dans la région. 


Barthes et l’Argentine

par Ester Pino Estivill

Cette communication se donne pour objectif étudier l’irruption de Barthes dans la critique argentine au milieu des années soixante. Pour ce faire, l’analyse veut mettre la lumière sur plusieurs scènes. Premièrement, la réception et les traductions de l’œuvre de Barthes en espagnol. Deuxièmement, l’usage proliférant de concepts-clés de Barthes (« écriture », « écrivain-écrivant », « mythologie », « jouissance ») dans la critique littéraire et culturelle argentine, à l’origine d’une critique créative et autonome — tel est le cas des premiers lecteurs argentins de Barthes, comme Nicolás Rosa ou Oscar Masotta, ou ceux qui se sont réunis plus tard autour des revues Los libros, Literal ou Punto de Vista.


Leyla Perrone-Moisés et la France : un regard barthésien

par Marcio Barbosa

Auteure d’une œuvre critique concentrée sur la littérature française, Leyla Perrone-Moisés est l’une des principales responsables de la diffusion des auteurs français dans l’univers culturel brésilien. Un auteur pourtant se lève au-dessus des autres dans cette œuvre, non seulement pour les traductions et analyses qu’elle a publiées de et sur lui en portugais, mais surtout pour le dialogue qu’elle établit avec Roland Barthes, même dans les livres où il n’est pas cité. Cette intervention portera donc sur les regards croisés des deux auteurs sur la France et le Brésil. 


Sarlo et Barthes : un instant dans la ville

par Laura Brandini

Comme nous le savons bien, les écrits de Roland Barthes ont joué un rôle fondamental dans la réflexion de tant d’intellectuels et d’écrivains dans le monde. En Amérique Latine, cela n’a pas été différent. En Argentine, l’une de ses premières lectrices est l’écrivaine et critique Beatriz Sarlo, qui depuis les années 1960 écrit sur Barthes et « avec » Barthes, c’est-à-dire qu’elle développe sa réflexion sur la littérature et la culture argentines tout en ayant Barthes à l’horizon. Dans ce sens, La ciudad vista : mercancías y cultura urbana (2009), de Sarlo, se présente comme un vagabondage de l’écrivaine par Buenos Aires où l’incident s’impose sans dire son nom et rend possible la co-présence d’une « ville vue » avec une « ville écrite ». Sarlo et Barthes se conjuguent dans l’instant de l’écriture et promeuvent non seulement la circulation des textes, mais leur imbrication quelque part entre la France et l’Amérique Latine.


Barthes et al. l’antépénultième lecture (incidents au fil des Andes)

par Marcelo Villena

Le 16 février 1980, à la pénultième séance du cours La préparation du roman, Roland Barthes témoigne d’un certain « archaïsme » de la littérature (de sa marginalité, de sa désuétude) et à la fois d’un « désir fort de cette même littérature » : « j’aime la littérature d’une sorte d’amour pénétrant et bouleversant même, comme on aime et comme on entoure de ses bras quelque chose qui va mourir ». Ce témoignage pointe de diverses manières dans la trame de l’écriture barthesienne. Or il parvient à toucher aussi, entre autres, « un peu comme les cendres que l’on jette au vent après la mort » (les biographèmes), l’œuvre de deux écrivains boliviens plus ou moins reconnus dans l’espace littéraire sud-américain : Blanca Wiethüchter (1947-2004) et Juan Cristóbal Mac Clean (1958). Cette intervention tentera de détacher quelques incidents de lecture qui relèvent d’une telle connivence : façon de célébrer les avatars d’un « désir fort de littérature » aux antipodes du Collège de France, bien entendu, mais aussi d’apprécier les enjeux que comporte à l’heure actuelle, ici et là-bas, son inactualité.


L’Héritage (français ou américain ?) de Claude Lévi-Strauss

par Corinne Blanchaud

Cette communication entend présenter certains aspects de l’œuvre de Claude Lévi-Strauss, qui s’est peu à peu construite au contact des Amériques et de la France, comme un héritage vivant susceptible d’alimenter la réflexion sur le monde contemporain. En effet, le regard porté par Claude Lévi-Strauss sur la façon d’appréhender la multiplicité et la diversité culturelles, le sacré et l’interdit, ne peut-il être aujourd’hui considéré comme le révélateur de certains effacements propres à une époque, la nôtre, confondue toujours davantage dans l’uniformisation culturelle ? 


Usages et disséminations de la déconstruction au Brésil

par Max Hidalgo

La déconstruction a eu un avenir fécond et pluriel au Brésil. Cette communication veut montrer comment se sont disséminées quelques idées-forces de la pensée derridienne au Brésil et comment la pensée de la différence a permis de penser la spécificité brésilienne. Les notions d’ « entre-lieu » (Silviando Santiago), « transcréation » (Haroldo de Campos), « diferonça » (Viveiros de Castro) ou « littérature pensante » et « pensée végétale » (Evando Nascimento) sont autant d’interventions qui mobilisent l’héritage de la déconstruction en faisant un usage créatif et non révérenciel. 


La francofilia sin Francia

par Magdalena Campora

Este trabajo busca problematizar la noción de francofilia, naturalizada en el uso y en la teoría sobre procesos de transferencia cultural entre la Argentina y Francia. Nuestra propuesta es que no se trata tanto de un conjunto de opiniones y afectos respecto de un eventual modelo francés, como de un concepto relacional, atravesado por tensiones y conflictos locales, políticos y sociales. Para explorar esa idea contrastaremos, entre fines del siglo XIX y mediados del siglo XX, una francofilia que se piensa modernizadora y cosmopolita con un ámbito específico donde el discurso francófilo responde a nuevas condiciones de enunciación: las ediciones populares de literatura francesa en la Argentina.

 « La francophilie sans la France »

La notion de francophilie, que nous voudrions ici problématiser, semble naturalisée dans l’usage et dans la réflexion sur les transferts culturels entre l’Argentine et la France. Notre idée est qu’il s’agit moins d’un ensemble d’opinions et d’affects à l’égard d’un éventuel modèle français, que d’un concept relationnel, traversé par des tensions et des conflits locaux, politiques et sociaux. Pour explorer cette idée on s’intéressera, entre la fin de siècle et les années 1950, aux contrastes entre les discours d’une francophilie qui se veut cosmopolite et les formes particulières de francophilie qui se présentent dans les éditions populaires de littérature française en Argentine. 


Bourdieu, Foucault y America Latina

par Mabel Morana

Analizaré en esta presentacion los aportes y recepción de estos pensadores en el espacio interdisciplinario de las Humanidades y los desencuentros entre los cuerpos de ideas de estos autores y aspectos específicos del desarrollo regional en America Latina desde el punto de vista cultural e ideológico. 

Hare referencia a aspectos concretos de la obra de estos pensadores sobre todo en relacion con tetmas clave de la historia latinoamericana, como las de colonialidad, raza y particularidades vinculadas a la clase social. Aludire tambien a formas diferenciadas de recepcion de estos filosofos y sus proyecciones en los distintos campos de la cultura.


El estructuralismo francés en la tierra de la filología. Poética, lenguaje y signo en México.

par Ignacio Sanchez Prado

Esta ponencia discute el impacto que el estructuralismo francés tuvo en la crítica literaria, con particular énfasis en los años setenta a ochenta. La polémica tiene dos partes. Primero, se discute la forma en que e estructuralismo francés, parte de una constelación que incluyó también escuelas lingüísticas y semióticas de la Europa del Este, impulsó un giro lingüísitico en los estudios literarios mexicanos que simultáneamente complementó y desafió las tradiciones filológicas que primaban en la época. La ponencia discute legados de esta escuela discutiendo revistas como y Morphé y el trabajo de algunos de los críticos que llevaron la batuta de la semiótica en México. La segunda parte pone énfasis en la obra de Octavio Paz, el rol renuente que jugó en la difusión del estructuralismo francés en México y la forma en que su poesía responde al reto de la arbitrariedad del signo.


Concerts baroques

par Chantal Lapeyre

Sur les scènes contemporaines, dans les arts, en littérature paraissent aujourd’hui des œuvres pour qui le mot de « baroque » fait signe et sens. Pour approcher la nature et les enjeux de ce mot et des réalisations qui s’en réclament, il est bien sûr toujours nécessaire de revenir à une période historique donnée (bien que ses contours soient flous), à ses œuvres, mais aussi aux documents, archives, traités, images en tous genres, qui ont été transmis à travers le temps. Mais – et ce sera l’hypothèse défendue ici – il importe également de prendre en compte les représentations plus ou moins récentes du baroque, à saisir comme autant de relais de ce monde au fil du temps – parce qu’elles informent sans doute les créations mais aussi la réception qui en est faite aujourd’hui. Concert baroque, d’Alejo Carpentier, est une pièce maîtresse pour cette archéologie du regard baroque qui se cherche et s’interroge ici en filigrane. Ce roman, publié en 1974, et traduit en français en 1976, a fait date, à n’en pas douter, pour les créateurs comme pour le public – qu’ils en aient ou non une connaissance directe.


Regards des écrivains martiniquais Aimé Césaire et Édouard Glissant sur l’art cubain

par Renée-Clémentine Lucien

Deux poètes et penseurs des Antilles françaises, Aimé Césaire (1913-2008) et Édouard Glissant (1928-2011), ont noué et entretenu avec des artistes cubains des relations intellectuelles et complices fondées sur une sensibilité et une histoire communes. Ces deux poètes ont trouvé dans l’oeuvre du peintre Wifredo Lam (1902-1982) une énergie et un vocabulaire en totale adéquation avec les vibrations d’un monde caribéen ontologiquement hybride et métamorphique. Un dialogue avec le peintre a nourri respectivement l’oeuvre poétique et d’essayiste de ces écrivains. Glissant a, par ailleurs, perçu dans la sculpture d’Agustín Cárdenas (1927-2001) un travail de la matière dont il a su mettre en lumière à la fois l’enracinement dans un espace et l’ouverture propre à une poétique du divers.


« Histoire sans importance » ou, Roberte Horth (Cayenne, 1905 – Paris, 1932), première écrivaine et ethnographe francophone guyanaise ?

par Andy Stafford

Dans son essai extraordinaire, Le patois guyanais, essai de systématisation, publié à Cayenne en 1949, Auguste Horth dédicace le volume à sa fille Roberte Agnès, décédée plus de quinze ans avant, à l’âge tendre de 26 ans. La coïncidence de la méthode dans Le patois guyanais avec celle de Jean Paulhan dans sa thèse abandonnée Sémantique du proverbe est flagrante. Horth attribue à sa fille, en majeure partie, le projet sur les dolos, les proverbes en créole guyanais que Roberte avait récoltés pendant sa vie courte. La seule trace de son écriture à elle est la nouvelle intrigante, « Histoire sans importance », publiée à Paris dans La Revue du monde noir en 1932. Quel lien peut-on établir entre, d’un côté, un récit bref sur le sang-mêlé d’une Martiniquaise à Paris et, de l’autre, une vaste étude sur la culture orale faite d’un « cœur brûlant d’une profonde piété » pour son pays natal ?


« La mort absurde des Aztèques. I. Le Banquet de Mouloud Mammeri » : approche littéraire et anthropologique

par Khadidja Khelladi

L’ouvrage de l’écrivain algérien Mouloud Mammeri dont il sera question dans cette communication comporte un drame en trois actes intitulé Le Banquet et un essai sur La mort absurde des Aztèques. La disparition des Aztèques y est présentée comme une catastrophe culturelle. Franchissant les siècles, l’auteur établit aisément un parallèle avec la société contemporaine qui, techniciste, pourrait provoquer elle-même la disparition de l’homme. Il en appelle à la raison et au respect des différences pour sauver tous les « ethnocidés » possibles de la planète. La mise en scène tragique du Banquet explique comment l’hybris des vainqueurs et l’aveuglement des vaincus n’ont pas permis d’échapper à un conflit destructeur alors que comme le préconisait Montaigne « (Notre) monde vient d’en rencontrer un autre. » Anthropologue, M. Mammeri, insiste sur ces rencontres enrichissantes avec les autres pour peu qu’on s’abstienne « de les civiliser et de définir pour eux le bonheur. » 


L’enclavement du temps dans « Cent ans de solitude » de G- G. Marquez et « La vie et demie » de Sony Labou Tansi : approche comparative

par Boussad Saim

À partir d’une approche comparative, cette communication se propose de montrer comment le texte de Sony Labou Tansi, La vie et demie entre en dialogue avec celui de G.-G. Marquez, Cent ans de solitude. Dans les deux romans les personnages sont confrontés aux mêmes vicissitudes de l’existence et semblent enfermés dans la fatalité d’un temps bloqué, condamnés à vivre les mêmes déboires. Cependant, si les similitudes entre les deux textes sont évidentes, Sony- Labou-Tansi sait garder la liberté nécessaire pour laisser jouer son imagination à son gré et avec sa touche stylistique ; c’est là que réside l’intérêt essentiel de son roman.


Le Fonds Sud Cinéma et le cinéma latino-américain : bilan et conclusions

par Julie Amiot-Guillouet

Le Fonds Sud Cinéma est un fonds de soutien français qui a, entre 1984 et 2011, aidé à la production et à la finition de plus de 500 longs métrages de pays du « Sud ». Nombre de films produits dans ce cadre ont ensuite eu une fortune critique et festivalière appréciable, gage d’une « qualité » artistique en adéquation avec les objectifs de ce fonds de soutien sélectif. Toutefois, le mode d’évaluation des projets, fondé sur l’examen des scénarios, fait apparaître le poids des qualités rédactionnelles des candidat.es dans le processus de sélection. Une étude de cas montrera la valorisation des qualités « littéraires » du scénario davantage mises en avant que son potentiel de mise en scène audio-visuelle.


La croisée des chemins

par Gérard Macé

N.C


Non

Do Amaral Tarsila (1886-1973), Carnaval em Madureira, Fondation Nemirovsky (Pinacoteca de São Paulo, Brésil)

Manifestation et révélation. À propos du livre de Jean-Luc Marion, « D’ailleurs, la Révélation »

Rediffusion sur singer-polignac.tv

Avant-propos

Depuis 2014, l’UR 3552 Métaphysique : histoires, transformations, actualité, bénéficie d’une collaboration fructueuse avec la Fondation Singer-Polignac, initiée par le regretté Yves Pouliquen, de l’Académie française, Président de la Fondation, Jean-Luc Marion, de l’Académie française, professeur émérite à Sorbonne Université et Vincent Carraud, professeur à Sorbonne Université et directeur de l’UR 3552. En 2021, c’est au Centre Emmanuel Levinas, composante de l’unité de recherches dirigée par Emmanuel Cattin, professeur à Sorbonne Université, qu’il revient d’organiser la présente manifestation, qui sera un colloque de phénoménologie et de philosophie de la religion, intitulé « Manifestation et révélation. À propos du livre de Jean-Luc Marion, D’ailleurs, la Révélation.

Ce colloque sera centré sur la question de savoir de quel genre de phénomènes relèvent les phénomènes qui constituent la révélation et si une approche phénoménologique est pertinente pour les analyser. On remarquera que dans l’allemand Offenbarung s’entendent à la fois l’ouverture par laquelle quelque chose devient manifeste, offenbar, et la révélation (ἀποκάλυψις) : cette ambivalence doit-elle donner lieu à une distinction stricte de la phénoménologie et de la théologie ? La théologie — qui n’impose que tardivement le terme de révélation — n’a-t-elle pas au contraire tout à gagner d’une approche non plus métaphysique, mais phénoménologique, d’un apparaître qui requiert d’abord d’être décrit ? Le colloque posera ces questions à l’occasion de la parution du livre de Jean-Luc Marion, D’ailleurs, la Révélation (Grasset, 2020), non seulement professeur émérite à Sorbonne Université, mais titulaire d’une chaire à The University of Chicago qui est précisément une chaire de philosophie de la religion.

Il va de soi qu’il aura à revenir non seulement sur ce qu’on a appelé « le tournant théologique de la phénoménologie française » (Emmanuel Levinas, Michel Henry), mais surtout sur les enjeux théologiques de la phénoménologie qui sont apparus dès la première réception des œuvres de Husserl, dont beaucoup d’élèves se tournèrent vers le christianisme, comme Adolf Reinach, Edith Stein ou Hedwig Conrad-Martius. Mais il suivra aussi l’explication de Heidegger avec le christianisme et le Dieu d’Israël, telle que les Schwarze Hefte peuvent à présent en ouvrir l’accès avec une plus grande évidence, dont la confrontation avec l’œuvre immense de Karl Barth est l’un des aspects. Ces travaux se tiendront dans l’horizon du travail du Centre Emmanuel Levinas, à la fois par leur inspiration phénoménologique, qui donne depuis sa fondation leur tonalité directrice à de nombreux travaux du Centre, et par leur reprise des questions essentielles d’une philosophie de la religion ou de la révélation, précédemment étudiées, particulièrement, à travers l’œuvre de Franz Rosenzweig (2017).

Comme on sait, l’UFR de philosophie n’a pas de chaire de philosophie de la religion. Ce colloque sera donc l’occasion de nouer les relations institutionnelles qui devaient l’être au printemps 2020 avec nos collègues romains du « Colloque Castelli » (Archivio di filosofia). Et du côté de la phénoménologie, nous nous réjouissons d’organiser ce colloque en collaboration avec les Archives Husserl de Paris (CNRS-ENS-PSL), que dirige Dominique Pradelle, professeur à Sorbonne Université.

Enfin, nous avons toujours souhaité, lors des colloques organisés par l’EA 3552, que de jeunes chercheurs, récents docteurs ou encore doctorants, y soient associés. Ce colloque permettra également de donner la parole à plusieurs d’entre eux.

Vincent Carraud, Emmanuel Cattin, Dominique Pradelle

Comité de patronage

  • Jean-Robert Armogathe, de l’Institut
  • Barbara Cassin, de l’Académie française 
  • Philippe Capelle-Dumont, Université de Strasbourg, président d’honneur de l’Académie catholique de France
  • Jean Chambaz, Président de Sorbonne Université
  • Michaël Levinas, de l’Académie des Beaux-Arts
  • Andreï Makine, de l’Académie française
  • Hent de Vries, New York University
  • Michel Zink, de l’Académie française, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres 

Lundi 21 juin 2021

14h : ouverture du colloque par Vincent Carraud, Emmanuel Cattin et Dominique Pradelle

sous la présidence de Vincent Carraud : Métaphysique et révélation

15h45-16h – pause

  • 16h-16h45 : Raphaël Authier, Phénoménalité et révélation : comment comprendre ce qui « succède à la métaphysique » ?
  • 16h45-17h30: Claudia Serban, Jean Hering, une première rencontre entre phénoménologie et révélation

17h30 – discussion

18h – fin de la première journée

Mardi 22 juin 2021

sous la présidence d’ Emmanuel Cattin : Ce qui se donne et ce qui se montre

  • 9h30-10h15 : Vincent Blanchet, L’apparaître de l’inapparent
  • 10h15-11h : Stefano Bancalari, La « puissante banalité » de la révélation. Signification et statut méthodologique du quotidien dans la phénoménologie de l’ailleurs

11h-11h15 – pause

  • 11h15-12h : Fanny Valeyre, Φύσις. Une apparition homérique
  • 12h-12h45 : Dominique Pradelle, De la théologie à la phénoménologie : l’essence des phénomènes

12h45 – discussion

13h – déjeuner (selon protocole sanitaire strict)

sous la présidence de Pierluigi Valenza : Alètheia et apocalypsis

16h15-16h30 – pause

17h30 – fin de la deuxième journée

Mercredi 23 juin

sous la présidence de Dominique Pradelle : Le retard du regard

  • 9h30-10h15 : Walter Schweidler, Événement et révélation selon Heidegger (Das Ereignis der Offenbarung nach Heidegger)
  • 10h15-11h :Vincent Holzer, Trinité ontique et Révélation. Généalogie d’un malentendu persistant

11h-11h15 – pause

12h45 – discussion

13h – déjeuner (selon protocole sanitaire strict)

17h – clôture du colloque


Biographies

Vincent Carraud

Vincent Carraud est professeur d’histoire de la philosophie moderne en Sorbonne et directeur de l’unité de recherche Métaphysique : histoires, transformations, actualité. Il a reçu en 2010 le grand prix de philosophie de l’Académie française. Dernière publication : Ce que sait la foi, Communio / Parole et Silence, 2020.


Olivier Boulnois

Olivier Boulnois, né en 1961, ancien élève de l’ENS (1981), agrégé de philosophie (1984), professeur habilité à diriger des recherches (1997), directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études (1999), membre du « Laboratoire d’Études sur les Monothéismes » (EPHE, PSL, LEM, UMR 8584). Ses publications portent sur la philosophie médiévale et l’histoire de la métaphysique. Il est l’auteur d’environ 180 articles et 7 livres. Principales publications : Duns Scot, la rigueur de la charité, Paris, 1998 ; Être et Représentation. Une généalogie de la métaphysique moderne à l’époque de Duns Scot (XIVe siècle), Paris, 1999 ; Au-delà de l’image, Une archéologie du visuel en Occident (d’Augustin au Concile de Trente), Paris, 2008 ; Métaphysiques rebelles, Genèse et structures d’une science au Moyen Age, Paris, 2013.


Dan Arbib

Dan Arbib, ancien élève de l’Ecole normale supérieure, agrégé et docteur en philosophie, est professeur agrégé à l’Ecole normale supérieure. Secrétaire scientifique du Bulletin cartésien depuis 2010, il a publié La lucidité de l’éthique. Etudes sur Levinas (Hermann, 2014), Descartes, la métaphysique et l’infini (PUF, 2017, 2e éd. 2021) et dirigé le collectif consacré aux Méditations métaphysiques de Descartes, Objections et Réponses (Vrin, 2019).


Raphaël Authier

Ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégé et docteur en philosophie, Raphaël Authier est l’auteur d’une thèse de doctorat intitulée Concevoir l’historicité. L’histoire et les différentes formes de temporalité chez Hegel et Schelling. Il est attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) à Sorbonne Université.


Claudia Serban

Agrégée de philosophie, docteur de l’université Paris-Sorbonne et ancienne pensionnaire de la Fondation Thiers, Claudia Serban est maître de conférences à l’université Toulouse Jean Jaurès. Elle est l’auteur de nombreux articles portant sur la phénoménologie allemande et française, ainsi que sur la philosophie allemande classique. Le livre issu de sa thèse de doctorat, intitulé Phénoménologie de la possibilité : Husserl et Heidegger, est paru en 2016 aux Presses universitaires de France.


Emmanuel Cattin

Emmanuel Cattin, né en 1966, ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, est professeur de métaphysique à Sorbonne-université. Il est l’auteur de Vers la simplicité. Phénoménologie hégélienne (Paris, Vrin, 2010), Sérénité. Eckhart, Schelling, Heidegger (Paris, Vrin, 2012), Majestas Dei (Paris, Vrin, 2018).


Stefano Bancalari

Stefano Bancalari enseigne la philosophie de la religion à la Sapienza Università di Roma. Il est également professeur invité à l’université grégorienne de Rome et dirige la revue internationale « Archivio di filosofia ». Il a entre autres publié : Logica dell’epochè. Per un’introduzione alla fenomenologia della religione (2015), Fenomenologia e pornografia (2015), Intersoggettività e mondo della vita. Husserl e il problema della fenomenologia (2003), L’altro e l’esserci. Heidegger e il problema del Mitsein (1999). Il a édité les œuvres philosophiques de Rudolf Otto en italien (2010).


Vincent Blanchet

Vincent Blanchet est docteur en philosophie et professeur agrégé à Sorbonne Université, ses recherches portent sur la pensée allemande et la métaphysique.


Fanny Valeyre

Fanny Valeyre est agrégée de philosophie et attachée temporaire d’enseignement et de recherche à Sorbonne Université. Elle rédige actuellement une thèse sur la phusis à partir de l’œuvre de Heidegger.


Dominique Pradelle

Ancien élève de l’École Normale Supérieure, Dominique Pradelle est Professeur de philosophie allemande contemporaine à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université et directeur des Archives Husserl de Paris. Ses travaux portent sur la phénoménologie, la philosophie des mathématiques et l’esthétique musicale. Il a publié L’archéologie du monde (Dordrecht, Kluwer, 2000), Par-delà la révolution copernicienne (Paris, Puf, 2012), Généalogie de la raison (Puf, 2013) et Intuition et idéalités. Phénoménologie des objets mathématiques (Puf, 2020). 


Pierluigi Valenza

N.C


Rosaria Caldarone

Rosaria Caldarone est née à Palerme le 18/11/1971. Elle a traduit en italien le livre de Jean-Luc Marion Étant donné. Essai d’une phénoménologie de la donation, PUF, Paris, 1997 (Dato che. Saggio per una fenomenologia della donazione, SEI, Turin, 2001) ainsi que de nombreuses conférences données par le philosophe dans les universités italiennes. Elle est professeur de Filosofia teoretica au Département de Sciences humaines de l’Université de Palerme. Dans ses travaux, d’une orientation herméneutique et déconstructrice, la question de l’amour s’impose comme un facteur décisif pour comprendre le statut de la philosophie et pour une approche non transcendantale de la question du sujet. Parmi ces études figurent : Eros decostruttore. Metafisica e desiderio in Aristotele (il melangolo, 2001) ; Caecus amor. Jean-Luc Marion e la dismisura del fenomeno (ETS, 227) ; Impianti. Tecnica e scelta di vita (Mimesis, 2011) ; Lo scambio di figura. Tre saggi sulla somiglianza e sulla differenza (Inschibboleth, 2015) ; La filosofia in fiamme. Saggio su Pascal (Morcelliana, 2020).


Carla Canullo

Carla Canullo enseigne la philosophie de la religion à l’Université de Macerata (Italie), où elle est aussi titulaire de la chair d’herméneutique interculturelle. Elle est également titulaire de la chaire de Philosophie de la Religion à l’Istituto Teologico Marchigiano (Université du Latran). Ses recherches portent sur des questions concernant la philosophie française et, maintenant, sur la pensée des Pères Cappadociens – notamment Basile et Grégoire de Nysse. Parmi ses publications : La fenomenologia rovesciata. Percorsi tentati in Jean-Luc Marion, Michel Henry e Jean-Louis Chrétien (Torino 2004) ; (ed.) Jean-Luc Marion. Un dibattito italiano (Mimesis, Milano 2010) ; L’estasi della speranza. Ai margini del pensiero di Jean Nabert (Assise 2005). Elle a traduit en italien le livre de Jean-Luc Marion Le visible et le révélé et elle s’est occupée de la réédition de Dieu sans l’être. 


Inga Römer

Inga Römer est professeur de philosophie à l’Université Grenoble Alpes. Ses recherches portent sur la philosophie d’Emmanuel Kant ainsi que sur la phénoménologie allemande et française. Ses études les plus récentes interrogent le lien entre l’éthique et la métaphysique. Elle est l’auteur de Das Zeitdenken bei Husserl, Heidegger und Ricœur (Springer, 2010) et de Das Begehren der reinen praktischen Vernunft. Kants Ethik in phänomenologischer Sicht (Felix Meiner, 2018).


Danielle Cohen-Levinas

Danielle Cohen-Levinas est philosophe et musicologue, professeure à la Faculté des Lettres de l’Université Paris-Sorbonne. Elle est fondatrice et responsable du « Collège des études juives et d philosophie contemporaine » (Centre Emmanuel Levinas), chercheure associée aux Archives Husserl de l’ENS-CNRS de Paris. Derniers ouvrages parus : L’impardonnable (éd. du Cerf, 2021) ; Beethoven, toujours. Trente-deux Sonates pour quel infini ? Entretiens avec Michael Levinas (éd. du Cerf, 2021).

À paraître : Une métaphysique sans logos. Richard Wagner, Absolutiser le Monde (éd. Gallimard).


Jean-Robert Armogathe

Jean-Robert Armogathe (né à Marseille en 1947), directeur d’études à l’École pratique des hautes études, membre de l’Institut, historien de la philosophie et des sciences dans l’Europe moderne. Éditeur de Pascal et de Descartes, il a dirigé l’Histoire générale de l’Église, 2 vol., Paris, Puf, 2009.


Simon Berger

Né en 1997, Simon Berger est élève à l’École Normale Supérieure. Titulaire d’un Master d’histoire de la philosophie de Sorbonne Université, ses recherches ont porté sur les interactions entre la phénoménologie de Husserl et de ses disciples et la pensée chrétienne, qui ont permis de repérer quelque chose comme un tournant théologique de la phénoménologie allemande.


Philippe Capelle-Dumont

Philippe Capelle-Dumont, professeur de philosophie à l’université de Strasbourg et chercheur associé à l’université Paris-Sorbonne. Doyen honoraire de la Faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris, directeur de la Revue des sciences religieuses. Auteur d’une quarantaine d’ouvrages. À paraître : Politique et religion (collectif) PUF (2021) ; Le principe alliance, T. 1 Phénoménologie de l’alliance ; t. 2 Métaphysique du temps, Hermann (2021-2022).


Walter Schweidler

Prof. Dr. Walter Schweidler est titulaire de la chaire de philosophie de l’Université catholique d’Eichstätt-Ingolstadt depuis 2009. De 2000 à 2009 il fut professeur de philosophie pratique à l’Université de Bochum en Rhénanie. Centres d’intérêts et de recherches : conceptions modernes et contemporaines en éthique et en philosophie politique, philosophie du droit et théorie des droits de l’homme, phénoménologie, la philosophie de Heidegger dans le contexte des courants principaux du XXème siècle, métaphysique et critique de la métaphysique, philosophie interculturelle, bioéthique. Dernières publications : Wiedergeburt, Freiburg 2020 ; Kleine Einführung in die Angewandte Ethik, Wiesbaden 2017 ; Wittgenstein, Philosopher of Cultures (ed. w. Carl Humphries), Sankt Augustin 2017. 


Vincent Holzer

Vincent Holzer est professeur et docteur en théologie de l’Université Grégorienne de Rome et professeur de théologie systématique à la Faculté de théologie de l’Institut Catholique de Paris.

Il a récemment publié Le Christ devant la raison. La christologie devenue philosophème (Paris, Cerf, 2018) et La Révélation. Lectures philosophiques et théologiques, Vincent Holzer et Jérôme de Gramont (eds.) (Paris, Herrmann, 2020).

Est également à paraître sous sa direction Karl Rahner, Une dogmatique après le ConcilePrincipes et fondements de la théologie, de la doctrine de Dieu et de la christologie, Vincent Holzer directeur de l’édition française, Édition critique autorisée (Paris, Cerf, septembre 2021).


Jean-François Courtine

Jean-François Courtine, professeur émérite de l’Université Paris-Sorbonne, membre honoraire de l’Institut Universitaire de France. Auteur de vingt-cinq livres. Dernières publications : Levinas. La trame logique de l’être, éditions Hermann, Paris, 2012 ; Schelling – Entre temps et éternité, histoire et préhistoire de la conscience, Vrin, Paris, 2012 ; Archéo-logique, Husserl, Heidegger, Patocka, Paris, PUF (Épiméthée) 2013.


Jean-Luc Marion

Membre de l’Académie Française (2008).

Membre de l’Accademia dei Lincei (Rome), 2009.

Docteur honoris causa de l’Université d’Utrecht, 2006.

Docteur honoris causa de l’Université Nationale San Martin (Buenos-Aires), 2009.

Docteur honoris causa de Haverford College (Pennsylvania), 2010.

Docteur honoris causa de l’Université Catholique Pàzmàny Péter (Budapest), 2011.

Docteur honoris causa de l’Université de Glasgow, 2013.

Docteur honoris causa de l’Université de Iasi (Roumanie), 2013.

Docteur honoris causa de l’Université de Bucarest (Roumanie), 2013.

Docteur honoris causa de l’Université «La Sapienza» (Rome-I), 2013.

Docteur honoris causa de l’Université Catholique d’Australie (Melbourne), 2015.


Paul Garapon

N.C

Résumés de communication

Eros et alètheia par Rosaria Caldarone

D’ailleurs, la révélation met en évidence une distinction décisive entre le concept d’alètheia, qui est neutre et n’implique pas la volonté, et celui d’apokàlypsis, dont la logique atteste la primauté de la volonté qui choisit parce qu’elle aime et qui, ainsi, découvre l’amant dans le sujet. Jouant de la vérité chrétienne contre la vérité grecque, cette distinction permet de penser à nouveaux frais la vérité des grecs, jusqu’à y reconnaître des cas exemplaires du débordement dans lesquels l’alètheia montre plus que ce que nous attendrions d’elle, et où se vérifient des effets d’apokàlypsis dans l’alètheia même. Une telle distinction a donc la puissance de ré-ouvrir la scène grecque en lui donnant une richesse nouvelle, c’est-à-dire en rendant possible la compréhension de questions restées d’énigmatiques détails aux yeux des spécialistes incapables de les prendre en compte.

Renversant le schème courant, l’hermenéutique dont procède cette distinction impose de comprendre l’origine de la métaphysique à partir du christianisme, et non l’inverse : telle est la tâche que je ferai mienne en proposant une lecture de l’Alcibiade I de Platon où l’eros constitue la genèse de l’alètheia.

D’où une double vérification : celle, d’abord, de la teneur philosophique du lien posé par Jean-Luc Marion entre le découvrement et la Révelation — dont la Trinité constitue à la fois l’épreuve et le développement — ; celle, ensuite, de la fécondité hermenéutique de ce lien, dont on montre qu’il conserve sa pertinence dans un autre champ théorique que celui pour lequel il a été conçu. 


Non

Arts, sciences et techniques : Jules Verne, une vision du XIXᵉ siècle 

Rediffusion sur singer-polignac.tv

Avant-propos

Longtemps considéré comme un auteur inventif et récréatif, dont le premier mérite eût été d’anticiper un XXe siècle scientifique et technologique, Jules Verne apparaît comme un écrivain à succès, un génial vulgarisateur, docile aux idées libérales et républicaines de Jules Hetzel et de Jean Macé. Il est le romancier des synthèses éloquentes et des reformulations mémorables. Si elles ambitionnent d’instruire et de distraire tout en exaltant les vertus moyennes conformes à l’idéal d’éducation bourgeoise, ses fictions s’apparentent à des cartographies modestes, mais néanmoins précieuses et précises ; elles sont le reflet prismatique de la culture, artistique, scientifique et technologique, de son époque.
A sa manière historien et sociologue, Verne s’intéresse moins aux événements saillants et aux doctrines linéaires du progrès qu’aux conditions ordinaires dans lesquelles un siècle s’investit – et se donne à lire en se projetant dans les situations, les objets et les projets qui dessinent comme les lignes de force d’une histoire culturelle et laissent affleurer les linéaments d’une anthropologie sociale.
C’est pourquoi le propos de ce colloque se recentre sur la « vision du XIXe siècle » que le romancier rend sensible et invite à dégager, en prenant appui sur la représentation des arts, des sciences et des technologies – sur les formes diverses qu’elle revêt, les relations de pouvoir et de domination qu’elle engendre et les discours d’autorité ou d’insoumission qu’elle suscite. Mais au-delà de ces aspects, c’est sans doute vers un horizon élargi que se porte le regard puisque s’indique de la sorte la ligne fuyante d’une civilisation qui atteint son apogée et prévoit son propre dépassement. Quelle histoire du temps – et quel rapport au temps – ressortent des récits des « Voyages extraordinaires » ? Ou pour le dire autrement : quelle logique ordinaire et infra-ordinaire court sur l’envers et parfois à rebours de la grande fable humaine et culturelle dont le roman de Verne décline de façon parfois emphatique les exploits et les excès, les pouvoirs et les limites ? 

C’est principalement à ces questions, solidaires à la fois d’une histoire des représentation et d’une histoire des mentalités, que le colloque « Arts, sciences et technique : Jules Verne, une vision du XIXe siècle » voudrait répondre.

Comité scientifique

  • Daniel Compère
  • Jacques-Remi Dahan
  • Marie-Hélène Huet
  • Henri Scepi
  • Jean-Luc Steinmetz

Partenaires


lundi 5 juillet

14h15 : Ouverture du colloque par Pauline Schnapper, Vice-Présidente de l’Université Sorbonne nouvelle Paris 3 et Eléonore Reverzy, directrice du Centre de recherches sur les Poétiques du XIXe siècle de Paris 3

Session 1 – Verne, écrivain en son temps

  • Présentation du colloque Jules Verne dans l’épaisseur du siècle
  • Hetzel et moi
  • 15h30 : Discussion

    16h-16h15 – Pause

    17h : Discussion

    17h30 : fin de la journée


    mardi 6 juillet

    Session 2 – Sciences, arts et discours : de la représentation

    Sous la présidence de Jacques Noiray

    9h30 : ouverture de la deuxième journée

  • Au prisme du spectacle : les représentations des mondes verniens
  • 10h30 : Discussion

    11h-11h15 – Pause

  • Avertissements environnementaux au 19e siècle : échos d’une parole scientifique dans les « Voyages extraordinaires »
    • par Kevin Even (Université Sorbonne nouvelle/CRP19)
  • 12h15 : Discussion

    13h-14h – Pause déjeuner

    Session 3 – Inflexions et ambivalences

    Sous la présidence de Daniel Compère

  • Le savant et son secret : le partage des savoirs dans « Robur le Conquérant »
  • « La Chasse au Météore », une certaine vision de la science
  • 15h30 : Discussion

    15h45-16h – Pause

    Session 4 – Le monde des objets

    Sous la présidence de Jacques-Remi Dahan

  • Jules Verne, Walter Benjamin et le XIXe siècle
  • 17h : Discussion

    17h30 : fin de la journée


    Mercredi 7 juillet

    Session 5 – Espaces-temps verniens

    Sous la présidence de Marie-Hélène Huet

    9h30 : ouverture de la troisième journée

  • Jules Verne l’enchanteur et le ‘désenchantement du monde’. Le paradigme de la catastrophe
  • 10h30 : Discussion

    11h-11h15 – Pause

    Session 6 – Humour et contretemps

  • Coup de pub. Jules Verne et les affaires du siècle
  • 12h15 : Discussion

    13h-14h – Pause déjeuner

    Session 7 – Limites et mesures du siècle

    Sous la présidence de Daniel Sangsue

  • Une fantaisie du docteur Verne : les « Voyages extraordinaires » et la physiologie
  • 15h : Discussion

    16h-16h15 – Pause

    16h45 : Conclusion du colloque, par Daniel Compère et Henri Scepi (Université Sorbonne nouvelle)

    Biographies

    Pauline Schnapper

    N.C


    Eléonore Reverzy

    N.C


    Jean-Luc Steinmetz

    Poète et critique, Jean-Luc Steinmetz a longtemps enseigné la littérature française du 19e et du 20e siècle à l’Université de Nantes. Spécialiste entre autres de Rimbaud et de Lautréamont, qu’il a édités, il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la poésie moderne et contemporaine. Il a procuré une biographie magistrale de Tristan Corbière (2012). Il est le coordonnateur de l’édition des Voyages extraordinaires de Jules Verne dans la Bibliothèque de la Pléiade (4 volumes de 2012 à 2017).


    Henri Scepi

    Professeur à l’Université Sorbonne nouvelle, Henri Scepi est spécialiste de Laforgue et de la poésie de la seconde moitié du 19e siècle. Il s’intéresse également aux formes romanesques et a publié plusieurs essais sur Flaubert, Zola ou Hugo romancier. En 2018, il a édité Les Misérables dans la Bibliothèque de la Pléiade. Il a participé à l’édition des Voyages extraordinaires de Verne dans la même collection (dir. Jean-Luc Steinmetz, 4 volumes, 2012-2017). Il a récemment publié Charles Baudelaire. La Passion des images (Quarto, Gallimard, 2021).


    Piero Gondolo della Riva

    Collectionneur de renom, grand spécialiste de Jules Verne, auquel il a consacré de nombreuses études pionnières, vice-président de la Société Jules Verne, Piero Gondolo della Riva a notamment été, avec Olivier Dumas et Volker Dehs, le maître d’œuvre de la correspondance de Jules Verne, publiée chez Michel Slatkine.


    Patrick Deville

    N.C


    Jacques Noiray

    Professeur émérite à Sorbonne-université, spécialiste de la littérature romanesque du second 19e siècle (Zola, Maupassant, Verne, Villiers…), Jacques Noiray est notamment l’auteur de l’ouvrage de référence Le Romancier et la machine (José Corti, 2 volumes, 1981). Il a également édité dans la collection Folio Vingt mille lieues sous les mers et L’Île mystérieuse


    Marie-Hélène Huet

    Professeur émérite à Sorbonne-université, spécialiste de la littérature romanesque du second 19e siècle (Zola, Maupassant, Verne,

    Marie-Hélène Huet, Professeur à Princeton University, a publié plusieurs ouvrages sur la littérature et l’histoire culturelle européenne, dont Rehearsing the Revolution (1982), Monstrous Imagination (Prix Harry Levin de Littérature Comparée, 1994); Mourning Glory, The Will of the French Revolution (1997); The Culture of Disaster (2012). Elle a également contribué à l’édition des romans de Jules Verne dans la Bibliothèque de la Pléiade (2012-2017).


    Sylvie Roques

    Sylvie Roques est chercheure associée HDR au Centre Edgar Morin- IIAC (EHESS/ CNRS). Elle enseigne à l’Université d’Evry Val d’Essonne. Elle a publié en 2015 Dans la peau de l’acteur (Armand Colin) et en 2018 Jules Verne et l’invention d’un théâtre monde (Classiques-Garnier).


    Daniel Compère

    Daniel Compère a été maître de conférences de littérature française à l’Université de la Sorbonne nouvelle-Paris 3 jusqu’en 2014. 

    Spécialiste de Jules Verne, il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur cet auteur dont, récemment, La Science romanesque de Jules Verne (AARP/Encrage Edition, « Bibliothèque du Rocambole », 2013). 

    Il a également publié une étude sur Les Romans populaires (Presses de la Sorbonne nouvelle, 2011), et il est le responsable de la revue Le Rocambole qui consacre des dossiers à divers aspects des romans populaires.


    Kevin Even

    Docteur de l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, Kevin Even est l’auteur d’une thèse sur La Question environnementale dans les Voyages extraordinaires de Jules Verne. Ses recherches l’ont conduit à participer au colloque Verne de l’Université d’Ottawa, à faire une séjour de recherche à New York et à s’investir au sein du collectif littéraire étudiant sur les questions écopoétiques ZoneZadir.


    Marie-Françoise Melmoux-Montaubin

    Professeur à l’Université de Picardie, Marie-Françoise Melmoux-Montaubin s’intéresse aux relations entre littérature et journalisme au XIXe siècle. Elle est en outre spécialiste de l’œuvre de Jules Verne. Avec Christophe Reffait, elle a coordonné l’ouvrage Les Voyages extraordinaires de Jules Verne : de la création à la réception (Encrage, 2012).


    Andrea Masnari

    Andrea MASNARI est jeune docteur en lettres de l’Université de Parme (IT) en cotutelle avec l’Université d’Angers. Actuellement, il vient de soutenir une thèse intitulée Savoirs scientifiques et savoirs occultes. Le texte littéraire et la transmission de la connaissance dans la littérature française de la fin de siècle. Au centre de son étude on retrouve la vision du savoir dans l’œuvre d’auteurs connus et moins connus de la littérature des dernières années du XIXe siècle, tels Villiers de l’Isle-Adam, Jules Verne, Émile Zola, Joris-Karl Huysmans, Gaston Danville, Jules Lermina et Léo Taxil.


    Laurence Sudret

    Certifiée de Lettres Modernes depuis 1993, Laurence Sudret a soutenu sa thèse de doctorat à l’Université de Nantes en 2000 ; l’ouvrage a été publié sous le titre Nature et artifice dans les Voyages extraordinaires (ANRT, 2000). Ce travail se consacrait à la place de la nature dans les romans verniens et aux liens qu’elle établit avec l’activité humaine. Elle est actuellement secrétaire générale de la Société Jules Verne (Paris) ainsi que membre du comité de rédaction du Bulletin publié par cette association littéraire. 

    Elle a enseigné dans le secondaire en Métropole, à Mayotte et en Polynésie française ; elle écrit également de la fiction sous le pseudonyme d’E. Louvieux. 


    Jacques-Rémi Dahan

    N.C


    Jean-Michel Gouvard

    Jean-Michel GOUVARD est Professeur de Langue et de Littérature françaises à l’Université de Bordeaux Montaigne et membre de l’équipe T.E.L.E.M. (EA 4195). Ses recherches portent sur les interactions entre littérature et société, du Second Empire aux années d’après-guerre. Son dernier essai s’intitule Le Nautilus en bouteille. Une lecture de Jules Verne à la lumière de Walter Benjamin (Renes, Pontcerq, 2019).


    Philippe Mustière

    Agrégé de lettres, Philippe Mustière est professeur honoraire en Sciences de la Communication, chargé de mission Culture à l’Ecole Centrale de Nantes. Spécialiste des méthodologies en sciences humaines, et notamment de la « nouvelle communication » (Ecole de Palo-Alto), il participe régulièrement à un certain nombre de colloques ou de publications universitaires.

    Auteur d’essais et d’articles sur deux écrivains majeurs du XIXème siècle français, Balzac et Jules Verne, membre d’une dizaine de sociétés savantes, il fait des conférences dans l’Europe entière et en Amérique du Nord, sur Jules Verne.

    Initiateur de colloques internationaux pluridisciplinaires “Les Rencontres Jules Verne », qui réunissent chaque fois plus de 500 personnes, autour de 50 conférenciers venus du monde entier, il organise ces colloques bisannuels sur la question de la vulgarisation, de l’éducation scientifique et des questions contemporaines posées à la science, Philippe Mustière prépare actuellement une encyclopédie sur le discours scientifique et sa vulgarisation.


    Daniel Sangsue

    Daniel Sangsue est professeur émérite de l’Université de Neuchâtel. Il a aussi enseigné à Genève, Smith College, Paris 3 et Grenoble. Il est l’auteur d’essais sur Stendhal, le récit excentrique, la parodie et les fantômes. Derniers ouvrages parus : Vampires, fantômes et apparitions (Hermann, 2018) et Journal d’un amateur de fantômes (La Baconnière, 2018).


    Bertrand Marquer

    Bertrand Marquer est maître de conférences H.D.R. à l’Université de Strasbourg, membre junior de l’Institut Universitaire de France. Ses recherches portent sur les rapports entre discours littéraire et discours médical au xixe siècle, et sur l’impact de ce croisement dans l’histoire des représentations. Il a notamment publié Les Romans de la Salpêtrière (Droz, 2008) ; Naissance du fantastique clinique (Hermann, 2014) ; L’Autre siècle de Messer Gaster ? Physiologies de l’estomac dans la littérature du xixe siècle (Hermann, 2017).


    Christophe Reffait

    Professeur à l’Université de Picardie, Christophe Reffait est l’auteur de La Bourse dans le roman du second XIXe siècle (Champion) et d’un essai intitulé Les lois de l’économie selon les romanciers du XIXe siècle (Classiques-Garnier). Avec Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, il a coordonné l’ouvrage Les Voyages extraordinaires de Jules Verne : de la création à la réception (Encrage).


    Résumés de communication

    Hetzel et moi

    par Piero Gondolo della Riva

    On se propose de revenir sur les liens qui unissent le romancier à son éditeur. L’amitié qui les rassemble permet de cerner les enjeux affectifs et personnels d’une collaboration fructueuse et pérenne. Elle donne aussi à voir les lignes de force d’une entreprise littéraire et éditoriale novatrice, qui illustre pleinement l’essor de l’édition grand public au mitan du XIXe siècle. 


    Jules Verne à l’âge des Expositions universelles

    par Marie-Hélène Huet

    On a souvent cité la visite de Jules Verne à l’Exposition universelle de 1867 et mentionné le rôle qu’auraient pu jouer certaines de ses attractions dans l’écriture de ses romans. Mais au-delà de cette rencontre ponctuelle entre l’imagination vernienne et les nouvelles technologies, au-delà de la célébration simultanée de l’industrie et des arts, les expositions qui se sont succédé au XIXe siècle à Londres, Paris ou Chicago témoignent d’une vision des peuples et de leur culture qui reflète aussi le développement de l’anthropologie. Il s’agira de réfléchir à certains des concepts éthologiques qui président en même temps aux expositions universelles et aux Voyages extraordinaires.


    Au prisme du spectacle : les représentations des mondes verniens

    par Sylvie Roques

    Evènements spectaculaires, les adaptations de Jules Verne et Adolphe d’Ennery au Châtelet marquèrent durablement les esprits de toute une génération de spectateurs pendant près de 60 ans. 

    Créant un nouveau genre, ces fééries scientifiques renouvellent l’espace étroit de la scène, en installant sur le plateau les grandes machines contemporaines, les animaux, les phénomènes cosmiques, les ethnies éloignées. Brusquement, les frontières traditionnelles explosent bouleversant les vieilles unités de l’espace et du temps. Jules Verne a créé ce que l’on peut appeler « un théâtre monde ». Il s’est aidé de techniques innovantes inspirées sans doute aussi par les machineries utilisées dans les opéras, pour créer une instrumentation faite d’intensité lumineuse, de mouvements permettant une dynamisation des décors (imitation des flots, les ondulations de la flore, installation de panoramas, d’illusiorama, présence animée de machines monumentales (bateau, locomotive entre autres), présence animale enfin (éléphant, ours, cheveux, âne). La scène à l’issue d’un travail considérable d’organisation voire d’orchestration est ainsi devenue « autre ». 

    Cette accumulation multiforme mais très organisée ne pouvait que satisfaire un nouveau public populaire à la fin du XIXe avide de connaissances et de curiosité, éduqué sans doute par une presse d’information florissante mais avide aussi de surprises, de merveilles voire d’enchantement. Aucun doute de tels changements inaugurent déjà ce que le cinéma saura inventer : un avantage majeur donné au mouvement, un décloisonnement radical des horizons, une extraordinaire variété de points de vue sur le même objet, l’utilisation de techniques mouvantes telles le « diorama » (reprises pour représenter le « Tour du Monde » lors de l’exposition 1900 à Paris). Ce Jules Verne, homme de théâtre s’avère aussi important que Jules Verne homme de roman. 

    C’est bien cette entreprise théâtrale qu’il s’agit ici de mettre en perspective et d’exposer. C’est elle dont il s’agit de montrer le contexte, l’importance, l’originalité. Tous les éléments existent pour faire d’une telle réalisation, un événement intellectuellement séduisant autant que culturellement vivant et stimulant. 


    Irrespect scientifique et discours bouffon

    par Daniel Compère

    Le discours scientifique que les romans de Verne assument souvent avec sérieux et conscience d’un savoir fiable à apporter aux lecteurs, il existe parfois un contre-discours qui joue avec le premier, le moque, voire le remet en cause.

    Comment cela se manifeste-t-il ? Ce contre-discours est-il pris en charge par un type de personnage ? Et quel but l’auteur poursuit-il en mettant ainsi en cause l’un des fondements de son œuvre romanesque ?


    Avertissements environnementaux au 19e siècle : échos d’une parole scientifique dans les « Voyages extraordinaires »

    par Kevin Even

    La présence de la thématique environnementale dans les Voyages extraordinaires s’explique par la dimension géographique de l’œuvre, la nature est l’endroit privilégier du voyage et de l’émerveillement, mais également car Jules Verne est attentif à toutes les découvertes scientifiques susceptibles d’enrichir le contenu didactique de ses ouvrages. Au XIXe siècle, les conséquences négatives de l’industrialisation sont connues et perçues bien au-delà des centres urbains : des scientifiques préviennent contre l’épuisement des ressources fossiles, contre l’extinction d’espèces animales, mais également contre le recul des forêts ainsi qu’à-propos des pollutions industrielles. Lecteur de revues spécialisées et de bulletins scientifiques, Jules Verne est au fait de ces inquiétudes qu’il relaie tout au long de son œuvre. 

    Dans cette communication il s’agira de mettre en parallèle ces avertissements avec quelques textes verniens pour comprendre quelles informations sont traitées, comment et dans quels buts. Cette lecture, au cours de laquelle les noms de Michelet, Reclus, Toussenel et Simonin seront évoqués, est l’occasion de comprendre la place méconnue des Voyages dans la littérature soucieuse des écosystèmes, et donc de voir comment s’articulent art, science et technique au sein de ce projet romanesque.


    Jules Verne et l’idée européenne : les « Voyages extraordinaires » en Europe centrale et balkanique

    par Marie-Françoise Melmoux-Montaubin

    Au moment où se mettent en place les conséquences du Congrès de Berlin (1878), Verne consacre coup sur coup plusieurs romans à l’Europe centrale et balkanique. Évoquant successivement l’Empire ottoman (Kéraban-le-Têtu, 1883), la Grèce (L’Archipel en feu, 1884), les revendications de la Hongrie (Mathias Sandorf, 1885) et la Transylvanie (Le Château des Carpathes, 1892), il produit un ensemble que complèteront deux romans publiés de manière posthume (lourdement transformés par son fils), Le Beau Danube jaune écrit en 1902 et publié en 1908 sous le titre Le Pilote du Danube et Le Secret de Wilhelm Storitz. Cette concentration témoigne d’un regard singulier sur une partie de l’Europe alors mal connue, tiraillée entre les grandes puissances et en pleine mutation : c’est en ces terres que commence la construction européenne, avec ses faiblesses et ses ambitions. Il s’agira de voir à la lecture de ces textes ce que Verne a compris de l’Europe naissante, ce qu’il en attend, ce qu’il en rêve. 


    Le savant et son secret : le partage des savoirs dans « Robur le Conquérant »

    par Andrea Masnari

    En occasion du présent colloque de la Fondation Singer-Polignac, intitulé « Arts, sciences et technique : Jules Verne une vision du XIXe siècle » je me propose d’interroger la représentation et la valeur de la science qui transparaissent de la lecture de Robur le conquérant (1886) et Maître du Monde (1904) du célèbre cycle des Voyages Extraordinaires.

    Plus spécifiquement, l’analyse portera sur les changements qui semblent s’avérer par rapport à la vision et au rôle du progrès scientifique dans les deux romans, publiés à dix-huit ans d’écart, en interrogeant tout particulièrement la façon dont le savoir est présenté et inséré par l’auteur dans l’univers diégétique.


    « La Chasse au Météore », une certaine vision de la science

    par Laurence Sudret

    La Chasse au météore est l’un des derniers romans écrits par Jules Verne. Publié parmi les « posthumes » il a été profondément remanié par Michel qui lui a ajouté des éléments scientifiques importants. Pourtant, le roman original n’est pas dénué de science mais elle n’est pas, a priori, valorisée comme elle l’est habituellement. 

    En effet, les lauriers d’une science dont le propos et l’objectif seraient de rendre l’homme plus fort voire omnipotent lui permettant de vivre de mieux en mieux grâce à un progrès bienvenu, ont disparu pour laisser la place à une science inutile, inopérante voire néfaste. L’image glorieuse du scientifique – ingénieur n’est plus ; le lecteur est confronté cette fois à des êtres orgueilleux, sans morale et sans valeur. 

    Cette Chasse serait-elle la représentation symbolique de celle que Jules Verne entreprit toute sa vie : courant après le savoir, la science, la technologie et leur efficacité concrète dont le monde pourrait bénéficier, mais considérant au crépuscule de sa vie que cette course était, en fait, vaine et inutile ?


    L’orgue du Capitaine Nemo

    par Jacques Noiray

    Il s’agira d’étudier l’orgue du Nautilus de trois points de vue différents : 1. L’objet technique, métonymie du sous-marin tout entier. 2. La machine à fabriquer de « l’extase musicale » et à produire l’atmosphère de mélancolie qui enveloppe Nemo et son navire. 3. La fonction de la musique et la relation qui, par l’intermédiaire de l’instrument, réunit les deux fluides essentiels du roman, la mer, « infini vivant », et l’électricité, « âme de l’univers », pour créer l’harmonie supérieure qui exalte la surhumanité de Nemo et du Nautilus.


    Jules Verne, Walter Benjamin et le XIXe siècle

    par Jean-Michel Gouvard

    Walter Benjamin n’avait guère lu Jules Verne, sur lequel il prononce un jugement pour le moins lapidaire dans son célèbre article « Expérience et pauvreté ». Toutefois, la vision du XIXe siècle que développe le philosophe allemand dans ses textes sur Baudelaire et sur Paris aurait trouvé une confirmation spectaculaire dans l’œuvre de Jules Verne, non seulement par les motifs récurrents auxquels recourt le romancier, mais aussi par la qualité même du regard qu’il portait sur son époque. C’est à montrer en quoi Les Voyages extraordinaires constituent une plongée au cœur même du « rêve collectif du XIXe siècle », pour reprendre une formule clé de Walter Benjamin, que sera consacrée cette communication.


    « Autour de la lune » : ombres et lumières d’une genèse

    par Jacques-Remi Dahan

    N.C


    Jules Verne l’enchanteur et le ‘désenchantement du monde’. Le paradigme de la catastrophe

    par Philippe Mustière

    Jules Verne décrit, dans ses Voyages extraordinaires, les bouleversements successifs de la société industrielle de la fin du XIXe siècle. Le monde dans lequel vit Jules Verne est loin d’avoir toutes les qualités dont le triomphalisme scientiste a bien voulu le décorer ; c’est déjà un monde qui suinte d’une étrange angoisse, un monde déjà perverti par la technologie, Il faut oser parler de cette névrose générale, de cette névrose historique et conjoncturelle, qui a touché la plupart des écrivains de cette époque, à commencer par Flaubert, Zola ou Huysmans. Les mondes verniens partent tous à la dérive, se démantèlent, le système les constituant semblant bien être, à chaque fois, le bouleversement, le soubresaut, la cassure.

    Avec la notion de catastrophe, Jules Verne exploite un nouveau paradigme, dans ce XIXème siècle où l’impossible devient certain, provoquant une sorte d’exaltation et d’effroi qui ressemble au sentiment du sublime, au sens que donnent à ce mot Burke et Kant. Le temps des catastrophes, c’est cette temporalité en quelque sorte inversée. Catastrophes industrielles, sanitaires ou climatiques dans les Voyages extraordinaires, l’homme ne peut se réaliser que dans une société dont les mythes sont bornés de cauchemars.

    Jules Verne, l’enchanteur de nos lectures d’enfance, serait-il devenu désenchanté, voire désenchanteur ?


    Jules Verne et le récit de voyage humoristique

    par Daniel Sangsue

    La communication sera consacrée au Voyage [à reculons] en Angleterre et en Ecosse (1859), texte refusé par Hetzel et resté inédit jusqu’en 1989. Par ses références explicites à Sterne et Nodier, son parcours en zigzag, ses fantaisies de composition, son goût pour le paradoxe et l’ironie, ce récit s’inscrit dans la tradition de ce que j’ai appelé le voyage humoristique (voir La Relation parodique, chap. 16), lui-même province du récit excentrique. Jules Verne y présente souvent une peinture satirique du Royaume Uni, de ses mœurs et de son industrialisation, peinture qui nous en apprend beaucoup sur la vision du 19e siècle du jeune auteur.


    Coup de pub. Jules Verne et les affaires du siècle

    par Henri Scepi

    Le propose se recentre sur le discours et les manœuvres publicitaires dans la pratique littéraire de Verne – à la fois en bordure des œuvres et à l’intérieur des textes. Il s’agira plus précisément d’étudier la façon dont sont loués et « vendus » le succès et ses gratifications, qu’elles soient matérielles ou non : l’argent, la notoriété, le pouvoir, la gloire. C’est bien à l’aune de cette fin qu’il convient de scruter et d’évaluer dans la production romanesque de Verne ce que nous appellerons les scénarios de la réussite : la morale de l’action s’y ordonne aux abscisses de la publicité définie d’abord comme sphère publique et scène de l’échange et du débat, ensuite conçue comme success story enlevée sur fond d’illusion ou de mystification – apothéose en d’autres termes du « glorieux mensonge » dont il se peut, qu’en dernière analyse Verne propose le démontage. 


    Jules Verne : le « goût » de l’aventure

    par Bertrand Marquer

    Cette communication a pour but d’explorer la tension qui traverse ce « goût » de l’aventure, tension par exemple illustrée par le dialogue entre Conseil et Ned Land à propos du dugong, bête « bonne à manger » que Conseil veut épargner « dans l’intérêt de la science » et Ned chasser « dans l’intérêt de la cuisine ». Ce conflit d’intérêt permet de comprendre la structuration de nombreux récits verniens, dans lesquels l’appétit de découverte passe aussi par la consommation de ce qui est découvert. 


    Une fantaisie du docteur Verne : les « Voyages extraordinaires » et la physiologie

    par Christophe Reffait

    Citant le texte d’Anatole Le Braz sur « La légende de la science », Charles Lemire tendait en 1908 à perpétuer l’idée selon laquelle Jules Verne aurait introduit la science dans le roman tandis que d’autres, réalistes et naturalistes, y faisaient entrer la physiologie. À lire les pages où le Docteur Ox est donné comme « un rival heureux des Davy, des Dalton, des Bostock, des Menzies, des Godwin, des Vierordt, de tous ces grands esprits qui ont mis la physiologie au premier rang des sciences modernes » (chap. IV), ou bien à lire le chapitre VII d’Autour de la Lune (inséparable de la nouvelle publiée deux ans plus tard) dans lequel Michel Ardan expose accidentellement ses compagnons à une « exaltation singulière » par abus d’oxygène, on se prend à penser que le roman vernien est bien plutôt un lieu éminent de la physiologie. Mais une physiologie burlesque qui passerait presque pour une charge des protocoles du roman expérimental et des autorités alléguées par Zola, et qui vaudrait à la fois comme analyse des passions, ironie de la normalité et diagnostic social, en même temps qu’elle définit une poétique du personnage ou du dialogue.


    Comment finir

    par Christophe Reffait

    Sous ce titre aux résonances presque beckettiennes se dissimule à peine le projet de cerner, dans les romans de Verne, ce qui pourrait être un art de la fin. Entre dénouement dramatique et clausule narrative, entre logique de l’achèvement et pensée du devenir, il s’agit d’examiner plus concrètement ce que les conclusions romanesques verniennes peuvent nous enseigner – non seulement sur la manière de construire et de conduire le récit, mais aussi sur la philosophie du temps qui s’y développe et la vision de l’histoire (Histoire ?) qui s’y révèle.


    Jules Verne à sa table de travail, photographie de Ch. Herbert, 1900

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