Montag aus Licht (extraits) – Le Balcon

Répétition publique (sur invitation)

Note d’intention

Journée de l’envoûtement par la magie, fête de l’enfantement, ode à l’initiation se déroulant entièrement sur une plage, le synopsis de Lundi laisse entrevoir des rêves enchanteurs.

Sa musique, curieuse et fascinante, est produite non par un orchestre mais par le chant de chœurs d’enfants et d’adultes, de scènes sonores diffusées par les haut-parleurs, par le jeu des solistes et d’un « orchestre moderne » formé de trois claviers électroniques, quatre réalisateurs en informatique musicale et une percussionniste.

Parmi les solistes, mentionnons en priorité Cœur de basset, la joueuse de cor de basset, et le Ravisseur d’enfants, la joueuse de flûte. Leurs rôles, interprétés à l’époque de la création par Suzanne Stephens et Kathinka Pasveer, deux musiciennes qui ont partagé la vie du compositeur, sont le sommet de la virtuosité instrumentale de Licht. Rien de ce que Stockhausen a écrit avant Lundi, et de ce qu’il écrira par la suite, n’approche de la finesse des détails et de la complexité de ces deux partitions instrumentales, à la fois sensuelles, joueuses, plaintives, énigmatiques, cruelles. Iris Zerdoud (cor de basset) et Claire Luquiens (flûte) ont depuis 2019 appris ces parties en transmission directe de la part des interprètes historiques. L’étude de Licht est une école du quotidien, un apprentissage nécessairement au long cours, qui entre dans la vie de ses interprètes.

La place des trois claviers est centrale. Certes, les instruments électroniques existaient avant l’écriture de Lundi, mais Stockhausen a inventé un langage pour eux. La fabrique de cet orchestre moderne, cousu de mille et un fils sonores, est l’un des défis immenses de cet opéra.

Lundi est un sommet polyphonique de Licht. À l’instar d’« Enfance », la première scène de Jeudi, mais cette fois-ci à l’échelle de plusieurs heures, Lundi nous fait entendre une polyphonie compacte, d’une abstraction magnifique. Il faut des heures de travail sur chaque mesure pour en révéler la matière organique, comme le dévoilement d’un cosmos grâce à la transparence du son.

Hymne à la femme, à la déesse aux mille noms comme à l’universalité féminine, Lundi n’en est pas moins une cérémonie pour le temps présent.

Maxime Pascal

Programme

Karlheinz Stockhausen (1928-2007)

Montag aus Licht

  • Acte 1 : Evas Erstgeburt (le premier enfantement d’Ève)  pour trois sopranos, trois ténors, basse, comédien, orchestre moderne et chœur d’enfants

Ève en trois femmes : Michiko Takahashi, Marie Picaut, Clara Barbier Serrano soprano

Trois marins : Josué Miranda, Safir Behloul, Ryan Veillet ténor

Lucipolype : Florent Baffi basse, Elio Massignat comédien

Lucifer : Florent Baffi basse

Maîtrise de Radio France

  • Acte 2 : Evas Zweitgeburt (Le deuxième enfantement d’Ève) 
    • Klavierstück XIV (extrait de la scène 2 Befruchtung mit Klavierstück

Alphonse Cemin piano

  • Acte 3 : Evas Zauber (Magie d’Ève)
    • Scène 1 : Botschaft (Message) pour flûte, cor de basset et orchestre moderne 

Ave : Claire Luquiens flûte

Cœur de basset : Iris Zerdoud cor de basset

Chœur : Laurence Pouderoux, Zoé Fouray, Ryan Veillet, Alan Picol

Le Balcon

Maxime Pascal direction musicale

Orchestre moderne : 

Sarah Kim, Alain Muller, Haga Ratovo claviers

Akino Kamiya percussions

Mathieu Adam trombone

Augustin Muller électronique musicale

Biographies

Maxime Pascal direction

Maxime Pascal s’est imposé comme l’un des interprètes les plus brillants de la musique du XXᵉ siècle et de la création contemporaine de sa génération. Son parcours musical est animé par une exploration passionnée du phénomène sonore, développant une approche où le son lui-même devient le centre de l’expérience musicale.

En 2008, il co-fonde Le Balcon, collectif novateur dont les concerts amplifiés permettent au public de plonger « à l’intérieur du son ». Le nom de l’ensemble est emprunté à la pièce de Jean Genet, en résonance avec les thèmes de la représentation et de l’incarnation. Devenu un acteur majeur de la scène contemporaine, Le Balcon s’est engagé dans des projets d’envergure tels que l’opéra monumental Licht de Karlheinz Stockhausen. Maxime Pascal considère Licht comme l’œuvre de sa vie, qu’il prévoit de présenter dans son intégralité pour le centenaire de Stockhausen en 2028. Avec Le Balcon, il a également dirigé Saint François d’Assise d’Olivier Messiaen et un grand nombre d’œuvres de Gérard Grisey, Pierre Boulez, Michaël Levinas, Morton Feldman et Fausto Romitelli, ainsi que de nombreuses créations.

Présence marquante sur la scène lyrique, il a dirigé Gianni Schicchi et L’Heure espagnole de Maurice Ravel à l’Opéra national de Paris, Ti vedo, ti sento, mi perdo de Salvatore Sciarrino et Quartett de Luca Francesconi au Teatro alla Scala de Milan, Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, Turandot de Giacomo Puccini et Sleepless de Péter Eötvös à la Staatsoper de Berlin et au Grand Théâtre de Genève, Lulu d’Alban Berg et Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns au Tokyo Nikikai Opera. En 2024, il a dirigé une nouvelle production d’Innocence de Kaija Saariaho à l’Opéra de Dresde. En 2025/26, il dirigera à la Scala une nouvelle production de Pelléas et MélisandeAriadne auf Naxos de Richard Strauss à l’Opéra de Rome et La Damnation de Faust d’Hector Berlioz au Tokyo Nikikai Opera.

Il est régulièrement invité dans de grands festivals internationaux : au Festival de Salzbourg, avec La Passion grecque de Bohuslav Martinů, élu « Meilleur spectacle de l’année 2023 » par les Oper! Awards, et Les Trois sœurs de Péter Eötvös en 2025 ; au Festival d’Aix-en-Provence, où il a fait ses débuts à l’été 2023 avec L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill avec Le Balcon et la Comédie-Française, production reprise ensuite à la Salle Richelieu ; aux Wiener Festwochen, avec Lulu d’Alban Berg ; et aux BBC Proms, avec le Hallé Orchestra dans L’Enfance du Christ d’Hector Berlioz.

Maxime Pascal a dirigé des formations prestigieuses telles que le London Symphony Orchestra, le Hallé Orchestra, le SWR Symphonieorchester, l’ORF Radio-Symphonieorchester Wien, le Wiener Philharmoniker, l’Orchestra Sinfonica Nazionale della RAI et le Yomiuri Nippon Symphony Orchestra. Directeur musical de l’Orchestre symphonique de Helsingborg, il a entrepris avec cette formation une intégrale des symphonies de Ludwig van Beethoven, programmée sur plusieurs saisons. En 2025/26, il y dirigera également deux programmes consacrés à Hector Berlioz, ainsi que la Missa solemnis de Beethoven et des œuvres de Felix Mendelssohn et Richard Strauss.


Le Balcon

Nommé d’après une pièce de Jean Genet, Le Balcon est fondé en 2008 par un chef d’orchestre (Maxime Pascal), un ingénieur du son (Florent Derex), un pianiste et chef de chant (Alphonse Cemin) et trois compositeurs (Juan Pablo Carreño, Mathieu Costecalde, Pedro García Velásquez). Le Balcon se métamorphose au gré des projets, des concerts, aussi bien dans l’effectif et dans l’identité visuelle ou scénographique, que dans le rapport à la sonorisation ou à la musique électronique.

Le Balcon présente depuis sa création des œuvres issues d’un répertoire balayant toutes les périodes de l’histoire de la musique, avec une prédilection pour les œuvres des XXe et XXIe siècles. Ariane à Naxos de Strauss, L’Opéra de quat’sous de Weill et Brecht, Le Balcon d’Eötvös, Saint François d’Assise de Messiaen et La Métamorphose de Levinas sont des œuvres emblématiques de son parcours.

En 2018, Le Balcon démarre la production de Licht, les Sept jours de la semaine de Stockhausen. Chaque automne, l’un des sept opéras de ce grand cycle est révélé au public. En novembre prochain, Le Balcon présentera Montag aus Licht à la Philharmonie de Paris, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.

Cette saison, Le Balcon interprétera également le ciné-concert de la Planète sauvage, tiré de l’œuvre de René Laloux, sur la musique d’Alain Goraguer.

Le Balcon est en résidence à l’Opéra de Lille ainsi qu’à Points communs, Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise. Le Balcon est soutenu par le ministère de la Culture, la Fondation d’entreprise Société Générale, la Ville de Paris et la Fondation Singer-Polignac.

© OLG/CLP - 2025