Yves Pouliquen

Publié dans Membres historiques du conseil

Yves POULIQUEN († 2020)

Membre de l’Académie française depuis 2001, membre de l'Académie de médecine

Président de la Fondation Singer-Polignac 2006-2020

 

Yves Pouliquen est né à Mortain, dans la Manche, le 17 février 1931. Après des études secondaires au lycée Littré, à Avranches, il a fait ses études de médecine à Paris. Interne des hôpitaux en 1956, il a, très tôt, été attiré par l’ophtalmologie. Docteur en médecine en 1963, il a successivement été professeur agrégé, ophtalmologiste des hôpitaux en 1966, professeur d’ophtalmologie et chef du service d’ophtalmologie de l’Hôtel-Dieu de Paris de 1980 à 1996, puis consultant dans ce service jusqu’en 1999. Il a en outre été directeur de l’enseignement du certificat d’ophtalmologie de l’Ile-de-France, et coordinateur du diplôme universitaire d’ophtalmologie (1980-1996). C’est à lui que l’on doit la promotion de la recherche en ophtalmologie dans notre pays, grâce, notamment, à la création d’une unité Inserm de recherche en ophtalmologie, qu’il dirigea de 1979 à 1996.

Les travaux d’Yves Pouliquen ont été essentiellement consacrés à la pathologie de la cornée et à l’identification des mécanismes d’altération de sa transparence dans les cicatrices et les dystrophies héréditaires et tout particulièrement au kératocône, caractérisé par une déformation conique de la cornée, qui provoque un astigmatisme si handicapant qu’il nécessite le plus souvent une greffe de cornée. Le grand nombre de greffes qu’Yves Pouliquen a pratiqué lui a permis de décrire, en microscope électronique, les altérations des cornées dystrophiques en comparaison avec la structure de la cornée normale dont il a contribué à définir les règles de sa transparence. Eminent médecin et chercheur, son école a accueilli un très grand nombre d’élèves français et étrangers originaires de l’Europe de l’Est mais aussi japonais, sud-américains, maghrébins et moyen-orientaux qui ont gardé des liens durables avec son école. Il a présidé La Banque française des yeux; et le conseil scientifique de la Fédération des aveugles et handicapés visuels de France. puis l’Organisation pour la prévention de la cécité (OPC), active non seulement en France, mais aussi dans de nombreux pays d’Afrique francophone (lutte contre l’onchocercose, ou cécité des rivières) mais aussi d’Asie du Sud et d’Europe de l’Est.

Ses travaux sur la cornée lui ont valu plusieurs distinctions françaises et étrangères, et tout particulièrement la World Cornea Medal. Il est professeur Honoris causa de l’Université de Conception du Paraguay et de l’Université de Laval au Québec

Sa notoriété internationale a fait qu’on lui a confié l’organisation du XIIIth International Congress of Eye Research tenu à Paris en 1998, et lui a valu l’attribution de l’ISER Award, décerné par la Société internationale pour la recherche sur l’œil.

Médecin, chercheur et grand organisateur de la lutte contre la cécité, Yves Pouliquen est aussi écrivain, auteur d’ouvrages d’intérêt divers consacrés à des sujets concernant la physiopathologie oculaire mais aussi des biographies de grands médecins ( Jacques Daviel, Felix Vicq d’Azyr, Pierre Cabanis) et des essais parus pour la plupart aux éditions Odile Jacob). Ces ouvrages ont été couronnés par de nombreux prix, notamment par le Prix mondial Cino Del Duca, en 1994. L’exceptionnelle qualité de sa carrière médicale, scientifique et littéraire lui ont valu d’être élu à l’Académie française en 2001, au fauteuil de Louis Leprince-Ringuet.

Yves Pouliquen est également membre de l’Académie nationale de médecine (1992), de l’Académie d’ophtalmologie internationale (1990), de l’Académie royale de Belgique (1995) et de l’Académie du Royaume du Maroc (1996).

Grand officier dans l’Ordre de la Légion d’honneur, et Grand officier dans l’Ordre national du Mérite, Yves Pouliquen a été élu à l’unanimité président de la Fondation Singer-Polignac, en 2006, par le conseil de cette fondation, après qu’Édouard Bonnefous, ancien ministre d’Etat et chancelier honoraire de l’Institut de France, ait souhaité, à la veille de son centenaire, quitter les fonctions de président qu’il exerçait, avec le succès que l’on sait, depuis 1984.