Lettre de Prince Edmond de Polignac à la Princesse de Polignac n°81

Publié dans Lettre

Amsterdam, mercredi  matin 4 juillet 1900

Dearest Winn

deux mots avant de sortir ; enfin ce matin un temps charmant, l'atmosphère baignée de la lumière limpide, légère, particulière à ce "doux pays". Je vous adresse une carte-souvenir qui vous montrera mieux que tout ce que je pourrais dire dans les millions d'impressions où je suis.

Hier, visite au Plantazoo, retrouvé les ours blancs d'un si beau blanc, et plusieurs autres bêtes amies. Une petite fleur, une pensée, a été cueillie en mon souvenir de vous. J'y ai fait connaissance d'un Paon de Java, superbe, de grande taille, avec des ailes en saphir et une énorme queue aux plumes d'or éblouissant. Vu aussi deux étonnantes chouettes à robe blanc d'ivoire mouchetée de sépia clair, très suggestives personnes avec de grands yeux ronds fascinants.

Je suis retourné au musée . Revu la "Ronde de nuit" et l'admirable "Syndic des drapiers" - Aussi la charmante "Liseuse" de Vermeer avec les bleus délicats de la robe et des deux sièges. J'y ai retrouvé et fait plus ample connaissanceavec Hendrick Avercamp (surnommé le muet) par deux tableaux de patineurs, les deux seuls du musée, d'une exquise délicatesse de couleur ; paysage de neige aux horizons perdus dans les brumes roses - avec juxtaposition de toits de maisons plus chauds de ton, et de murailles et clochers d'églises gris-bleu clair, toute la (?) du tableau d'un blanc lumineux, avec ciel roux abricot clair, en bas la foule des bourgeois et paysans patineurs aux plaisants costumes de l'époque. (petit dessin)

Je serai de retour à Paris vendredi à 6h du soir comme je vous l'ai télégraphié hier. Peut-être vous y trouverai-je encore. J'y ferai rapidement mes préparatifs de départ pour St- Gervais.

Good bye bien chère Winn. Pensez un peu à moi qui pense à vous à chaque heure du jour. Je t'embrasse tendrement

Edmond.

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