Lettre de Henry Bernstein à la Princesse de Polignac n°41

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Bien chère Princesse,

Nous serons ravis. Je serai heureux (et c’est vrai). Nuit sans sommeil : je porte ma vie comme par un stupide matin de printemps trop chaud, un havresac plein de ferraille, qui démantibule l’épaule, blesse les reins. Je vais voir des gens, le portier et divers gentilshommes de toutes nationalités. En moi, quelle fadeur désespérée ! Ce mal me tue minutieusement, ma destruction m’est tout à fait sensible, j’en note tous les signes. Pourquoi, diable, vous envoyer ce petit morceau d’accablement ? Un seul luxe : le sommeil. Qu’est-ce que des soucis qui meurent de 10 heures du soir à 7 heures du matin ? Qu’est-ce-qu’un jour de création, de succès, de plaisir, stérilisé par cet amoindrissement abominable, et sans aucun espoir de miracle ? Tendres respects.

Henry Bernstein.

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