Lettre de Gabriel Fauré à la Princesse de Polignac n°39

Publié dans Lettre

(Fin août 1901 ? non daté)

Chère Princesse,

Je n'ai pu vous voir qu'une minute et je voudrais pouvoir parler pendant des journées entières avec vous de celui qui restera si profondément et si tendrement regretté.

Je n'ai pu vous dire encore quel vide je devine pour vous, et quel chagrin, quand je pense à tout ce que je ressens pour moi-même.

J'ai prié Mme Maddison de vous raconter toutes les difficultés que j'ai rencontrées ce matin. Je n'ai pas pu faire la millième partie de ce que j'aurais voulu malgré l'orgue nul dont je disposais, et les chanteurs de Saint-Germain ont été réduits également dans leurs projets. La routine l'emporte toujours !

Voudriez-vous me donner de vos nouvelles, ou m'en faire savoir ? Vous pouvez être sûre que je penserai à vous bien, bien souvent, et toujours avec la plus profonde, la plus sincère, la plus dévouée et reconnaissante affection, avec les mêmes sentiments que j'éprouvais pour notre cher Prince Edmond.

Tout à vous toujours

GabrielFauré.

Notre amie qui vous est de tout coeur, de toute âme, dévouée, et qui ressent si vivement la perte que nous faisons tous, m'a paru bien fatiguée aujourd'hui. Imposez-lui de se reposer un peu et de se soigner la gorge malade, je vous en prie ! Vous savez combien elle vous est attachée et combien elle veut vous aider dans ces si tristes jours ! mais forcez-la un peu à un repos nécessaire !

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