Hommage au Président Edouard Bonnefous - 19 mai 2007

Publié dans Saison 2006-2007

Edouard Bonnefous

Ce concert, auquel, chers amis, vous avez été conviés ce soir, a été conçu primitivement, par tous ceux qui animent la Fondation, comme un hommage au président Edouard Bonnefous en plein accord avec lui-même et destiné à lui exprimer toute notre reconnaissance pour avoir présidé pendant près d'un quart de siècle les destinées de la fondation Singer-Polignac dont il n'avait quitté la direction qu'au mois de Juin de l'année dernière tout en en partageant encore à nos côtés, sa présidence d'honneur. Rien alors ne laissait prévoir qu'en un soir de février les Parques cruelles contrarieraient notre dessein et couperaient le fil d'une longue vie dont apparemment on pouvait espérer qu'elle se prolongeât encore tant étaient toujours vives les intentions de notre cher ami.

C'est donc à sa mémoire, si présente en nous tous que ce concert, lui est ainsi par la force des choses, désormais dédié. Il garde toutefois la ferveur que nous tous musiciens et ses amis avions placée en sa préparation afin qu'il lui exprime notre immense gratitude.

Ce furent, en vérité , vingt deux années qu'il consacra à l'œuvre que la très généreuse mécène la princesse Winnaretta de Polignac avait entretenue toute sa vie et dont elle décida que le cours en serait poursuivi au delà du terme de celle-ci dans le cadre de la magnifique Fondation qui porte son nom. C'est en qualité de septième président qu'Edouard Bonnefous intervint dans l'orientation de la fondation. Son rôle y fut éminent et très différent de celui de ses prédécesseurs.

Il appartiendra à d'autres temps d'en tracer les faits exhaustifs aussi ne retiendrons-nous en ces moments où nous mêlons notre pensée à la sienne, en cet instant si prégnante, ce qui en fit la grandeur.

Au premier rang l'inestimable fidélité aux missions qu'avait tracées la princesse,

celle d'entretenir avec la musique cette inclination qu'elle avait pour elle et avec les œuvres qu'elle avait contribuées à créer avec Fauré, Satie, Poulenc, Stravinsky et bien d'autres encore, le souci d'en faire répéter l'exécution par de très jeunes talents dans le superbe salon de musique où elles prirent naissance ;

celle qui destinait aux sciences l'aide utile à leur développement, aux œuvres humaines, aux arts, la diffusion qu'il convient qu'elles aient dans un monde constamment en mouvement.

Mais sans doute convient-il d'honorer de la façon la plus solennelle le rôle qu'eut le président Bonnefous dans la sauvegarde des moyens qui ont permis à la Fondation de perdurer au travers des vicissitudes économiques du siècle et d'entretenir en son niveau d'excellence le magnifique hôtel qui l'abrite. L'apparence qu'il a et que vous appréciez tant est celle qu'il a décidé de lui restituer, alors qu'il était délabré, avec le goût et l'exigence qu'il démontrait en toutes choses.

Mais ce ne sont là en vérité qu'évocations bien officielles, parmi tant d'autres particulièrement brillantes pour l'ami d'Edouard Bonnefous que je m'honore d'être depuis si longtemps. Combien il m'apparaît plus difficile d'évoquer ce que fut l'homme intime, l'ami, le protecteur, le confident, le patient qu'il fut avec moi, celui avec lequel je partageais deux semaines avant qu'il nous quitte, la dernière heure de travail que nous passâmes ensemble. De travail certes mais aussi de confidences sur ces difficultés d'être, jour après jour, en une centième année, l'homme qu'il m'apparaissait être encore et que j'admirais : disert, drôle, altier et tendre à la fois, inquiet peut-être mais sage aussi, face à l'inéluctable dont nous ne cessions d'évoquer l'annonce mais que nous maquillions d'une brève dérobade. Ne me dit-il pas ce jour-là, alors que je protestais à l'évocation de sa mort qu'il pensait prochaine. « Allons, ne serai-je pas toujours proche de vous en cette tombe si proche de la fondation ? A deux pas d'ici en ce beau cimetière de Passy ? » J'entends encore le bel éclat de rire dont il ponctua cette douteuse consolation.

Mon cœur se serre présentement à l'idée que j'en gardais faussement l'idée qu'une telle liberté d'esprit, inscrite dans l'étonnante agilité intellectuelle qu'il avait démontrée tout au long de ce dernier entretien était le garant d'une longévité qui nous permettrait de vivre ce concert en sa présence et de fêter ensemble en août prochain son centenaire. Comme beaucoup d'entre vous, hélas, je me trompais.


Yves Pouliquen

Président de la Fondation Singer-Polignac



Programme

Oeuvres

Franz SCHUBERT

  • Impromptu en fa mineur, D935 n°1 pour piano
  • Franz SCHUBERT

  • Quatuor n°14 D.810 La jeune fille et la mort
  • Franz SCHUBERT

  • Extrait du Schawnengesang pour baryton, piano et quatuor à cordes
  • Interprètes
    • Edwin CROSSLEY-MERCER Baryton

    • Noël LEE                                   Piano

    • Pierre COLOMBET                  Violon

    • Gabriel LE MAGADURE         Violon

    • Matthieu HERZOG                  Alto

    • Raphaël MERLIN                   Violoncelle